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10 pratiques que la SAQ n'utiliserait plus avec un minimum de concurrence

Vous êtes-vous déjà surpris à rêver comment les choses pourraient évoluer en votre faveur, si la SAQ devait se mesurer à un peu de compétition?
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Vous êtes-vous déjà surpris à rêver comment les choses pourraient évoluer en votre faveur, si la SAQ devait se mesurer à un peu de compétition? Quelques-unes des pratiques désavantageuses pour les consommateurs que la SAQ utilise présentement (car oui, il y en a) seraient alors probablement mises de côté dans un tel contexte. Rassurez-vous. Pour ce faire, nul besoin d'abolir ou même de privatiser la Société des Alcools du Québec.

Car il est fréquent pour les ténors du statu quo à tout prix, d'effrayer la population au sujet du moindre petit changement, en dressant un scénario apocalyptique où il est toujours et uniquement question de privatisation (passer de monopole d'état à monopole privée, où est la différence?), et où la population perd un milliard de dollars de revenus qui disparaissent dans la poche de méchants capitalistes.

Il faut vraiment être ignorant de ce dossier ou de mauvaise foi pour affirmer de telles choses. Entre ne rien faire et la privatisation à tout crin, il y a beaucoup de marge de manœuvre entre les deux. Dans la vie, tout n'est pas noir ou blanc. Le gris en général, domine largement.

Pour ceux qui mélangent privatisation et libéralisation, ce texte de Marc André Gagnon paru le 17 mars dernier dans le magazine virtuel VinQuébec, vous éclairera à ce sujet.

«En ne faisant pas ainsi table rase, on ne risque pas de jeter le bébé avec l'eau du bain.»

Il s'agirait donc de conserver la SAQ, avec ses bons côtés, tels son pouvoir d'achat, son expertise, ainsi qu'une présence physique (et non seulement virtuelle) dans toutes les régions de la Belle Province.

Parallèlement, le gouvernement du Québec, pourrait libéraliser le marché du vin comme cela existe déjà pour celui de la bière, en permettant à de nouveaux commerces (ou aux détaillants ayant déjà un permis de vente d'alcool, comme les épiceries par exemple) d'offrir tout autre produit alcoolisé qui ne fait pas déjà partie du répertoire de la SAQ.

En ne faisant pas ainsi table rase, on ne risque pas de jeter le bébé avec l'eau du bain.

Tout comme pour les cigarettes et l'essence où le gouvernement provincial collecte sans l'existence de monopole, plus de 4 milliards de dollars par année par la simple imposition d'une taxe, le même procédé pour les produits vendus hors SAQ, générerait pour les contribuables le même revenu que si ces produits avaient été vendus par celle-ci. Pas d'inquiétude donc pour le milliard actuellement perçu par le gouvernement du Québec.

Dans un récent article, mon collègue du journal The Gazette, Bill Zacharkiw, se demande si les consommateurs seraient vraiment gagnants si le gouvernement apportaient quelques changements au présent système monopolistique. Après la lecture du présent billet, vous serez à même de répondre à cette question.

Confrontée à quelques concurrents auxquels on pourrait la comparer, la SAQ n'aurait d'autres choix pour justifier sa pertinence, de prendre tous les moyens pour devenir compétitive. Offrir les meilleurs produits disponibles au meilleurs prix possibles deviendrait alors (enfin) sa priorité.

Puisque toutes les pratiques commerciales sont permises lorsque l'on est fin seul dans le marché, la clientèle étant captive, voici quelques unes de celles-ci que la SAQ devraient vraisemblablement abandonner s'il elle avait un minimum de concurrence.

Je me suis contenté d'en dresser une nomenclature non exhaustive, puisque c'est d'une chronique qu'il s'agit ici et non d'un livre.

Les nombreux lecteurs européens qui me lisent, pourraient penser qu'il s'agit ici de fabulations. Et bien non, les pratiques qui suivent sont bel et bien utilisées par le monopole d'état québécois en l'absence d'une saine concurrence.

1. Des prix trop élevés pour les vins de moins de 20$

Jusqu'à tout récemment, la SAQ se prenait une majoration démesurée sur les vins de cette catégorie de prix, comme par hasard la plus populaire auprès de sa clientèle, engrangeant ainsi des profits faciles par cette sur-sur-surtaxation, tel que le démontre le tableau ci-dessous tiré de l'étude MONOPOLE INC.

Vous me direz que nous avons eu droit très récemment à 3 baisses de prix, soit au total 1,40$ la bouteille, sur 1,600 vins. Oui mais pourquoi? Parce le gouvernement fédéral a exprimé sa volonté de faire du Canada, un véritable marché commun, sans restriction au libre-échange interprovincial, tel qu'enchâssé dans la section 121 de la Constitution canadienne par les Pères de la Confédération.

Vraisemblablement d'ici environ 2 ans, les nombreuses barrières artificielles entre les provinces qui plombent l'économie canadienne de plus de 30 milliards de dollars à chaque année, tomberont. En prévision de cela, la SAQ se doit d'avoir des prix similaires avec sa voisine la LCBO. On y arrive petit à petit. Mais la LCBO est elle aussi un monopole dont on questionne l'efficience. Imaginez maintenant ce que cela donnerait avec la présence de quelques nouveaux magasins indépendants!

2. Choisir les nouveaux vins en fonction du budget promotionnel

Afin d'attirer des clients et éviter qu'ils ne soient tentés d'aller voir chez le voisin, la Société des alcools du Québec aura tout avantage à choisir avant tout ses produits en fonction de leur qualité et non pas sur leur profitabilité (Voir: Pourquoi la qualité des vins courants de la SAQ continuera de diminuer).

Pas besoin d'être un expert en vins, pour s'apercevoir que le goût n'est pas le même quand il y a dans notre verre davantage de taxes que de vin.

Cela donne plutôt le goût...d'aller voir ailleurs.

3. Élimination volontaire des vins d'entrée de gamme

Bien qu'elle l'ait toujours nié publiquement, tous se rappellent combien le nombre des vins de moins de 15$ offert par la SAQ avait fortement diminué en quelques années, au détriment de vins plus dispendieux. Fortement critiquée à cet égard par son unique actionnaire, le gouvernement du Québec, celle-ci redresse la barre depuis quelques temps. Gageons qu'avec la présence de quelques compétiteurs dans le décor, nous ne revivrions jamais plus une telle situation. Mieux, la SAQ s'affairerait plutôt à dénicher les meilleures aubaines sur la planète. Quelle différence!

4. Ne pas indiquer sur les bouteilles lesquelles renferment du vin importé en vrac

Réconforté et encouragé par l'inaction de l'Office de la Protection du Consommateur, la SAQ n'a jamais jugé utile de préciser à ses clients, lesquels de ses vins ont été embouteillés ici avec du vin en vrac (Voir: Des vins de dépanneurs à la SAQ)

Selon elle, la clientèle n'est pas intéressée à le savoir. Avec d'autres commerçants qui eux feront preuve de transparence, la SAQ n'aura droit choix que de les imiter, sinon sa clientèle pensera qu'elle a quelque chose à leur cacher. En guise de consolation, elle pourra alors utiliser l'étiquette ci-contre que je lui avais offerte gratuitement il y a quelques années.

5. Offrir des rabais quelques fois durant l'année sur des vins vendus au départ trop cher

La stratégie est la suivante: on demande aux fournisseurs de juteux budgets pour financer les promotions de la SAQ en cours d'année; pour se rembourser, les fournisseurs vendent leurs vins un peu plus cher à la SAQ, faisant gonfler les prix de vente au détail; c'est lorsque vous l'achetez une ou deux fois par année en promotion que vous payez le "vrai" prix (Voir La Presse: Des rabais qui gonflent les prix).

Il probablement qu'au lieu d'utiliser ce type de promotion où l'on prend un peu les consommateurs pour des pigeons avec de faux rabais, il sera plus avantageux pour la SAQ dans un marché compétitif, de proposer à l'année longue ses vins au meilleur prix possible. Si on vous offre par la suite un vin à un prix réduit, vous saurez alors qu'il s'agit d'une véritable réduction.

Le blogue personnel d'Yves Mailloux : Club des Dégustateurs de Grands Vins

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