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De justice économique et de lutte des classes

Mercredi dernier, le Parti québécois annonçait que s'il forme le prochain gouvernement, la « taxe santé » serait abolie. En vertu de cette taxe implantée par le gouvernement du Parti libéral, chaque adulte doit contribuer au système de santé à hauteur de 200$, chaque foyer 400$, en plus des taxes et impôts déjà remis à l'État québécois.
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Yves Francois Blanchet

Mercredi dernier, le Parti québécois annonçait que s'il forme le prochain gouvernement, la « taxe santé » serait abolie. En vertu de cette taxe implantée par le gouvernement du Parti libéral, chaque adulte doit contribuer au système de santé à hauteur de 200$, chaque foyer 400$, en plus des taxes et impôts déjà remis à l'État québécois. Surtout, cette taxe s'applique quel que soit le revenu du citoyen. Ainsi, le travailleur de la classe moyenne commandite présentement les soins dispensés au dirigeant d'entreprise qui déclare un revenu de plusieurs centaines de milliers de dollars.

Le Parti québécois mettra en place quelques réformes fiscales faisant en sorte que la minorité plus nantie contribue au remplacement des 950 000 000$ dont le gouvernement dit avoir besoin afin d'améliorer un système de santé qui, pourtant, s'obstine à ne pas mieux livrer les services aux patients. Plus de 95% des contribuables se voient ainsi libérés de cette taxe nuisible à l'économie, alors que moins de 5% s'y substituent. Il n'en fallait pas davantage pour que le ministre des Finances n'agite le spectre de la « lutte des classes ».

La plupart des analystes reconnaissent les vertus du correctif mis de l'avant par Pauline Marois et Nicolas Marceau, bien qu'ils se gâtent en spéculant sur les calculs et les intentions qui auraient mené à ce choix. Ne cherchez pas si loin : si les Québécois y reconnaissent le bénéfice d'une meilleure justice économique, le Parti québécois peut en effet espérer un meilleur soutien en matière de votes.

Les vertus économiques sont en effet évidentes : plus de 95% des contribuables, en particulier les ménages de travailleurs de la classe moyenne, récupèrent 400$ dont ils ont grand besoin. Ces 400$ seront rapidement dépensés, dynamisant aussitôt l'économie. Quant aux mieux nantis, dont personne ne souhaite inhiber l'esprit d'initiative, ils savent bien que ces millions de contribuables sont ultimement des consommateurs, et que ces 950 000 000$ reviendront par le biais d'une stimulation de la demande.

Dans la foulée des ententes de libre-échange dont il était un fervent supporteur, le Québec moderne s'est construit sur l'appropriation par les Québécois de leurs leviers économiques. Certains sont devenus des entrepreneurs dont le dynamisme est reconnu à travers le monde, et d'autres ont formidablement amélioré leur niveau de formation, leur donnant accès à des emplois d'autant mieux rémunérés que l'ensemble de l'activité économique était stimulé et orienté vers des secteurs de pointe. Bien sûr, des conflits de travail se sont produits, mais le modèle social et économique québécois est marqué par ce sentiment d'appartenance à une nation où les intérêts des Québécois convergent plutôt qu'ils ne s'affrontent.

C'est cet héritage, cette émancipation du peuple québécois du dernier demi-siècle qu'un choix comme celui de Pauline Marois et Nicolas Marceau préserve. Plutôt que de voir s'affronter des intérêts qu'on voudrait voir divergents, cette politique économique et sociale saine garantit aux Québécois une meilleure qualité de vie et une économie à la fois plus énergique et juste. C'est ce modèle, perfectible, mais garant d'un meilleur avenir national, que les politiques régressives du Parti libéral minent depuis bientôt neuf ans, et que la CAQ-ADQ veut simplement jeter bas.

Les médias ont exhorté les citoyens à exiger des débats d'idées et les politiciens à leur en offrir. Nous y sommes. Je suis confiant qu'au-delà des élans de propagande à l'emporte-pièce, c'est un gouvernement du Parti québécois qui en émergera.

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