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Vers un gouvernement minoritaire?

La bonne nouvelle? Tout laisse croire en effet qu'un gouvernement minoritaire sera élu le 1er octobre 2018. Le tremblement de terre provoquera un renouveau salutaire.
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Si on votait ce lundi-ci, le gouvernement du Québec serait minoritaire. Paradoxe : la stratégie de convergence du Parti québécois semble avoir largement profité... à ses adversaires, alors que le sondage suggère que si une telle alliance apparaissait, elle remporterait le scrutin. Allez savoir...!

La Coalition Avenir Québec sort grande gagnante de la tendance des récents sondages. Elle devance désormais le Parti québécois coincé dans une position centriste faible en substance. À la droite, la CAQ, et à la gauche, QS, grugent à qui mieux mieux le vote du PQ qui avait promis en avril 2014 de se renouveler, mais a raté ce rendez-vous.

En 2007, l'ADQ de Mario Dumont a profité d'un cercle vertueux: plus l'appareil média en parlait, plus les gens s'y intéressaient, plus les gens s'y intéressaient, plus l'appareil média en parlait... Le résultat électoral fut saisissant, reléguant le parti de René Lévesque à la Seconde opposition. En revanche, malgré un effet similaire et soutenue par un média imprimé complaisant, la CAQ de François Legault n'est pas parvenue à le traduire en votes en septembre 2012. Qu'en serait-il cette fois-ci?

Dans ce contexte, courtisé par Jean-François Lisée et au-delà de l'intérêt supérieur de la nation dont chaque parti se revendique, quel est l'avantage objectif de Québec solidaire? S'allier au Parti québécois pour augmenter ses chances d'ajouter deux ou trois sièges ou profiter de la déchéance du PQ pour, peut-être, aller en chercher autant contre des adversaires péquistes? Du point de vue de QS, la tendance actuelle n'est peut-être pas si propice à un mariage.

On fait déjà la boiteuse comparaison entre ce que le sondage suggère en matière d'alliance et ce qu'a réussi Emmanuel Macron en France. On confond toutefois le ralliement des grands partis et le ralliement des électeurs des grands partis autour d'une nouvelle figure campée au centre, ayant bénéficié d'effondrements complets à gauche et à droite et d'un archi-ennemi contre lequel rallier le vote. Ironiquement, parce les deux partis logent aux antipodes idéologiques, le PLQ est la force de ralliement contre lui-même qu'incarne le Front national en France.

Les priorités des Québécois sont aussi un appel urgent à l'offre d'un programme cohérent. Tout en haut, stable, la santé. Tout juste en dessous, la baisse des impôts et des taxes. Dans le contexte démographique actuel, est-il imaginable d'à la fois réduire le fardeau fiscal et améliorer l'accès aux soins? On peut en douter... même si chaque parti le promettra. Améliorer la gestion de l'État, bien sûr. Investir dans le développement économique aussi, et c'est rassurant sur la vision qu'ont les Québécois du rôle de l'État. Ce qui inquiète, toutefois, c'est le peu d'enthousiasme pour l'éducation, le partage de la richesse, le scrutin proportionnel, l'environnement et l'identité. On pourrait croire que ce sont, aux yeux des Québécois, des frivolités, des luxes qu'on n'envisage que lorsque tout le reste va bien. Quant à la corruption, au fond, on vit avec, apprivoisée, tolérée. On aimerait mieux qu'il n'y en ait plus, mais on ne se fait peut-être fait pas d'illusions.

La bonne nouvelle? Tout laisse croire en effet qu'un gouvernement minoritaire sera élu le 1er octobre 2018.

La bonne nouvelle? Tout laisse croire en effet qu'un gouvernement minoritaire sera élu le 1er octobre 2018. Le tremblement de terre provoquera un renouveau salutaire. De plus, trois des quatre partis se sont engagés à implanter un scrutin proportionnel. Dans un contexte minoritaire, ils seront en mesure de l'imposer au quatrième. Il y a là le changement profond de culture et de dynamique politiques dont notre démocratie semble avoir bien besoin même si les Québécois y restent assez indifférents pour le moment.

Les souverainistes qui se consolent qu'on parle de leur projet doivent aussi se rappeler qu'il n'a pas non plus la cote. Ce dont s'entiche le débat d'initiés, c'est de stratégie, de tractations, de convergence, de dates et de doctrine, mais peu, si peu de ce que porterait le projet pour toute une génération qui n'a aucun souvenir de 1995. La souveraineté est encore trop un projet de rupture et pas assez un projet de partenariat revu entre nations souveraines pour que les aspirations économiques, sociales et écologiques de la jeunesse deviennent réelles.

En ce 37e anniversaire du référendum sur la souveraineté-association, la terre devra encore trembler.

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