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Dans la foulée de la défaite angoissante du Bloc québécois le 2 mai comme des secousses ayant ébranlé le Parti québécois, les souverainistes avaient grand besoin de se retrouver entre eux, de se compter, et de se sentir capables de réaliser ce projet en vue duquel le peuple québécois, avant-gardiste à bien des égards, fait figure de retardataire!
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CP

Le Conseil de la souveraineté du Québec annonce le déploiement des États généraux de la souveraineté. La consultation décrite apparaît modeste à la lumière des précédents de très grande envergure ayant dans le passé recouru à ce terme. Ce furent cependant dans la plupart des cas des chantiers parrainés par l'État. Cette fois, c'est par son ambitieux mandat que l'initiative justifie l'appellation d'États généraux. Évidemment, le sujet est crucial pour n'importe quelle nation, et au Québec, il a suscité l'apparition d'un nombre remarquable de groupes de réflexion et d'action.

Dans la foulée de la défaite angoissante du Bloc québécois le 2 mai comme des secousses ayant ébranlé le Parti québécois, les souverainistes avaient grand besoin de se retrouver entre eux, de se compter, et de se sentir capables de réaliser ce projet en vue duquel le peuple québécois, avant-gardiste à bien des égards, fait figure de retardataire! De moins de 50 états souverains au lendemain de la Première Guerre mondiale, le monde en compte en effet plus de 200 aujourd'hui (238 selon les chiffres compilés par l'ISQ). Le Québec, selon l'indicateur du PIB par personne, figurerait au vingt-huitième rang. Il est pourtant absent des tribunes internationales qui font la différence.

Le qualifierait-on de citoyen, le geste demeure politique. Il suscitera la vindicte des adversaires, et probablement le déploiement de toutes ces tactiques vicieuses dont ils ont su faire montre par le passé. Il ne sont toutefois pas les gens que nous interpellons. Le mandat du groupe de sept commissaires des États généraux sur la souveraineté est de valoriser le goût d'échanger, de contribuer, au-delà des partis politiques, à ce que le pays soit un objet de passion. Si l'été dernier l'exercice scrutait un horizon trouble, l'environnement politique a depuis drastiquement changé. Il est désormais très vraisemblable que le Parti québécois de Pauline Marois forme le prochain gouvernement du Québec, avec le mandat de poser des gestes de souveraineté.

Tant le Parti québécois que le Bloc québécois assument, au sein des États généraux, un rôle modeste. Il y a fort à parier que sans l'accord et la participation de l'un et l'autre, l'initiative n'aurait pas eu la crédibilité dont elle a besoin. Pour ce faire, il fallait que l'angle du pourquoi soit privilégié au détriment de celui du comment. En revanche, si le Parti québécois n'avait su se faire discret et bon joueur, plusieurs groupes militants et porteurs de visions différentes de la nôtre ne s'y seraient pas inscrits. Ces groupes sont néanmoins l'expression fébrile et naturelle d'un désir que l'idée ne pâlisse pas, un désir d'en être, d'y participer. Rien n'est plus sain, malgré et avec les singularités qui peuvent caractériser pareille effervescence.

Les indépendantistes sont des gens de débat. C'est un euphémisme. C'est de cette aptitude à mettre toutes les idées en jeu que vient la force et la résilience du mouvement. Depuis 50 ans, sans appui significatif au sein de l'appareil média, sans ressources financières comparables à celles des adversaires, et pris à partie par tous les establishments, les indépendantistes ont acquis puis maintenu un appui qui oscille être le tiers et la moitié des intentions de vote. Les adversaires ont alors propagé l'idée que les souverainistes sont des gens de chicane. Bien que nous soyons prompts à certains excès, chicane est le terme embrassé par ceux qui sont trop lâches pour participer sainement au débat. Il va alors très bien à Jean Charest et son équipe de mercenaires sans âme ni projet.

Les commissaires des États généraux sont représentatifs de la diversité québécoise en termes d'âge, d'horizons, d'origines et de visions. La société civile, dont nombre d'organisations se reconnaissent des enjeux dans l'idée de souveraineté, alimentera abondamment les débats d'abord régionaux, puis nationaux. Ne sachant ce qui émergera de cette mise à jour de la perspective civile du projet, je crois pertinent de la voir comme une étape. Un environnement politique en évolution rapide et des débats dont on ne peut présumer des conclusions dessineront le pas suivant.

Les États généraux sont ambitieux en termes de sujets. Après tout, il n'existe absolument aucun pouvoir qu'un Québec souverain ne doive pas exercer lui-même. Et s'il s'avérait préférable que certains pouvoirs bénéficient d'une participation à des ensembles plus larges, il n'en tiendrait qu'au gouvernement d'en disposer par traité sans renoncer au principe de souveraineté.

Ce désir aussi normal que trop longtemps inhibé d'émancipation s'est affirmé en termes économiques et culturels tout au long de la Révolution tranquille. Durant cette période, la société québécoise s'est dotée d'outils nationaux ayant permis à un peuple conquis, colonisé et exploité de s'emparer de la plupart de ses leviers économiques. Il nous en manque plusieurs. Sa langue, sa culture, ses valeurs et son identité propres exigent aussi l'appropriation exclusive d'un État lui appartenant pleinement.

Aujourd'hui, les États généraux de la souveraineté peuvent être le précieux partenaire d'organisations politiques qui entendent mener la Révolution tranquille vers sa conclusion naturelle. Ils s'inscrivent dans un cheminement que l'Histoire ne verra achevé que par un vote du peuple et de son Assemblée nationale. En ce sens, l'indépendance du Québec est le grand saut d'une révolution... à finir!

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