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Bourse du carbone: ni taxe ni permis de polluer

Doit-on payer l'essence plus cher? C'est la question qu'aucun politicien n'ose aborder. Doit-on ainsi inciter les gens et les entreprises à se tourner, progressivement mais rapidement, vers des formes d'énergie et des habitudes de consommation moins polluantes? Répondre oui à la seconde question implique d'en faire autant à la première
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J'ai salué à plusieurs reprises une page récurrente du Journal de Montréal et du Journal de Québec qui, par des schémas, des images et des explications brèves, fait œuvre d'extraordinaire vulgarisation scientifique. Je mentionnais que cette publication est parfois capable du meilleur. En toute logique, je la supposais capable du pire. La plume de Régys Caron en est un exemple lourd.

Encore un dénigrement, une attaque peut-être, une dérive démagogique de plus sur la Bourse du carbone, ce mécanisme instauré par le Québec et la Californie afin de lutter contre les changements climatiques en favorisant de meilleures pratiques industrielles. Saluée jusqu'à l'ONU, cette initiative du Québec, tant libérale que péquiste, voit s'y joindre l'Ontario sous l'œil intéressé de plusieurs autres provinces canadiennes et états américains.

Le texte choisit les expressions « taxe du carbone » et « permis de polluer », qui suscitent bien sûr l'hostilité des lecteurs du Journal de Montréal. Elles sont fausses. Il s'agit d'un mécanisme d'échange de crédits octroyés aux entreprises selon un plafond d'émissions de gaz à effet de serre, responsables certains des changements climatiques. Les entreprises qui en émettent davantage que le volume qui leur est octroyé - autorisé - doivent acheter des crédits à celles qui en émettent moins. Une entreprise peut même en tirer des profits. Une taxe, vous dites?

Ces échanges se font entre entreprises et les crédits sont d'abord vendus aux enchères par les gouvernements. Celui du Québec investit les recettes exclusivement dans la lutte aux changements climatiques : recherche, éducation, électrification des transports, efficacité énergétique, transport en commun... Par la loi. L'objectif ne doit toutefois pas être de générer ces 2,8 milliards de dollars pour l'État d'ici 2020, mais bien de réduire nos émissions de ces gaz qui, déjà, condamnent l'humanité à des milliers de milliards de dollars de dépenses pour essayer, peut-être en vain, de limiter les effets du réchauffement climatique.

Ainsi, lorsque Régys Caron lui impute directement la hausse moyenne de 3,5 sous du litre d'essence, il suggère que la Bourse du carbone est la seule source de fluctuation du prix de l'essence au Québec. Ben voyons! Il se trouve bien sûr un expert du CAA pour cautionner cette idée alors que, bon an mal an, le prix du litre d'essence fluctue de bien davantage que ces 3,5 sous pour des raisons qui existaient bien avant que ne soit instaurée la Bourse du carbone. Quand les pétrolières se farciront une hausse de 10 sous le litre à l'aube des vacances, ce sera encore la faute de la Bourse du carbone, dites-moi? Auparavant, oui, on taxait le carbone. Plus maintenant.

Bien sûr, la comparaison du ministre David Heurtel avec le ou les cafés n'était pas habile. Elle prêtait flanc à cette gênante démagogie d'un journal dont la ligne éditoriale est parfois de tout avoir sans rien payer. C'est du réchauffé, et comme un café qui l'est, c'est rarement bon. Certains milieux économiques voudraient, pour lutter contre les changements climatiques, quelque chose entre des subventions et rien du tout. C'est cette posture que soutient Régys Caron dans un texte qui ne contient que peu d'information.

Le prix d'un crédit carbone, d'environ 15$, est certainement appelé à augmenter... sauf si les émissions baissent plus vite que le plafond des émissions autorisées. Il est vrai que ça ne semble ni très limpide ni très probable aujourd'hui, mais le virage technologique est à notre portée. La recherche, l'innovation, les PME québécoises axées sur l'exportation détiennent la clé d'un important enrichissement du Québec en ciblant le marché en extrême croissance des pays émergents dont les émissions et la qualité de l'air sont effrayantes.

Doit-on payer l'essence plus cher? C'est la question qu'aucun politicien n'ose aborder. Doit-on ainsi inciter les gens et les entreprises à se tourner, progressivement, mais rapidement, vers des formes d'énergie et des habitudes de consommation moins polluantes? Répondre oui à la seconde question implique d'en faire autant à la première, à la condition de leur offrir un choix. Comment financera-t-on la transition du parc des véhicules automobiles du pétrole vers l'électricité? Entre autres avec les revenus de la Bourse du carbone gérés par le Fonds vert. Le plus grand risque d'échec? La négation intéressée et soutenue par ceux dont les actionnaires n'ont rien à faire du réchauffement climatique, bercés par le rêve de passer plus de temps sur le bateau.

On peut donc continuer à ne presque rien faire. Comme si le réchauffement climatique n'existait pas. Comme si on ne devait rien changer à nos habitudes et penser que les autres paieront à notre place. La droite étroite et démagogique trouvera toujours un journal pour faire commerce de l'indignation et porter son message irresponsable. Au moins, parfois, ils sont aussi capables de mieux que ça.

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