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Hôtesses en Iran: la curieuse politique d'Air France

La France doit-elle s'incliner devant les interdits d'un régime aussi rétrograde?
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C'est une bien curieuse attitude que celle de la compagnie «nationale» Air France qui enjoint à ses hôtesses de porter le voile dès lors qu'elles retrouveront les tarmacs d'Iran, sur lesquels [leurs appareils] vont de nouveau se poser. C'est une première dans la pratique des relations aériennes comme dans celle d'Air France: aucun autre pays au monde n'impose quoi que ce soit aux personnels navigants et ces derniers peuvent porter fièrement et librement l'uniforme de leur compagnie. Même l'Afghanistan ou l'Arabie saoudite se gardent bien de formuler de telles exigences.

Plus curieux encore, le refus opposé aux personnels féminins, qui ne se soumettraient pas à cette obligation vestimentaire, d'être affectés sur d'autres destinations sans être pénalisés pour autant. Ce faisant, le refus de faire appel au volontariat -ce que proposent les syndicats des personnels navigants- ne peut que s'analyser comme une contrainte en contradiction formelle avec le droit du travail, version El Khomri ou pas.

Il y a un peu plus de vingt ans, à Noël 1994, la compagnie Air France ne s'était pourtant pas privée d'interrompre toutes ses relations avec l'Algérie, prenant argument ou prétexte du détournement d'un de ses Airbus. Malgré les mesures prises par les autorités algériennes pour renforcer la sécurité des passagers et des équipages, la direction était restée sourde à une demande justifiée par la nécessité de maintenir des relations que les islamistes voulaient précisément interrompre. Je m'en étais inquiété- je présidais le groupe d'amitié parlementaire France-Algérie -et j'avais rencontré les dirigeants de la compagnie pour souligner combien leur décision s'avérait préjudiciable à nos intérêts communs ainsi qu'à ceux d'Air France. Il était même proposé que les avions français ne fassent que des «posés» et qu'en conséquence, aucun appareil ne passe la nuit sur un aéroport algérien. Je m'étais heurté à un refus catégorique.

Je note au passage que l'ultimatum adressé par MM. Balladur et Pasqua à Alger d'avoir à faire redécoller l'Airbus vers Paris, et de satisfaire ainsi l'exigence des terroristes, était à haut risque dans la mesure où la potentialité du danger était transférée d'Algérie en France, mais nous étions alors en pleine campagne électorale et il fallait faire feu de tout bois.

On peut donc se poser la question: pourquoi cette politique de la complaisance envers les uns qui ne sont pas précisément nos amis et de l'intransigeance envers les autres auxquels nous sommes volens malens définitivement liés? Pourquoi tant de hâte à servir la soupe quand la table n'est pas dressée?

Qu'on le veuille ou non, Air France n'est pas une compagnie comme les autres. Elle s'affiche nationale, elle présente sa promotion sur ce thème, elle est -un peu, beaucoup- la France. La France, précisément doit-elle s'incliner devant les interdits d'un régime aussi rétrograde? Il me semble que poser la question c'est y répondre.

Ce billet de blogue a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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