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Équiterre et Greenpeace dans le champ... pétrolifère

La réalité, c'est que nous allons continuer d'avoir besoin de pétrole pour un avenir prévisible, même si les gouvernements vont de l'avant avec des investissements coûteux dans les énergies renouvelables et le transport électrifié. La question est donc essentiellement de savoir de quelle manière le pétrole sera transporté.
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Un nouveau raport du Goodman Group, produit en collaboration avec Équiterre et Greenpeace, prétend que les retombées économiques des projets d'oléoducs pour le Québec seraient minimes et seraient largement contrecarrées par les risques environnementaux. Mais le rapport présente de sérieux défauts sur le plan de la logique économique.

Premièrement, les auteurs tentent de minimiser l'impact économique du projet Énergie Est de TransCanada et du renversement de la ligne 9B d'Enbridge en comparant leur poids économique à celui de l'économie québécoise dans son ensemble. Mais tout projet paraîtra insignifiant avec une telle comparaison, à moins d'être gigantesque. Cela n'a rien à voir avec sa pertinence et ne veut pas dire qu'on devrait l'abandonner.

Le secteur du pétrole brut ne représente ainsi que 0,5 % de l'économie du Québec et 0,3 % de ses emplois, selon le rapport, mais on parle quand même d'environ 1,5 milliard de dollars et de 12 000 emplois. Le rapport affirme que même si tous les projets reliés aux sables bitumineux proposés sont approuvés, ces figures resteront pareilles, ce qui les rendrait encore plus insignifiants. Mais la question pertinente est plutôt : qu'est-ce qui arrivera s'ils ne sont pas approuvés? Allons-nous perdre des milliers d'emplois et des centaines de millions de dollars d'activité économique?

La présence d'un réseau d'oléoducs permettrait aux deux raffineries du Québec de diversifier leurs sources d'approvisionnements, les rendant moins vulnérables aux ruptures inattendues d'approvisionnement, notamment en provenance de pays politiquement instables. Mais si ces projets d'oléoducs ne vont pas de l'avant, les intervenants du milieu considèrent que les deux raffineries pourraient devoir fermer, ce qui aurait à son tour des répercussions pour l'industrie pétrochimique dans l'est de Montréal.

Le rapport répète aussi la figure erronée, mais malgré tout souvent utilisée par les groupes de pression environnementaux, de1,3 milliard de dollars en subventions que les gouvernements donneraient à l'industrie pétrolière canadienne. Il laisse entendre que beaucoup plus d'emplois pourraient être créés si le gouvernement utilisait cet argent pour subventionner l'énergie renouvelable au lieu de le donner aux compagnies pétrolières. Le problème, c'est que cet argent n'existe pas.

L'Institut économique de Montréal a publié une analyse en profondeur de ces prétendues subventions il y a quelques semaines. Le chiffre exact est cinq fois moins important, et puisque ces subventions sont en voie d'être supprimées, il en restera seulement pour environ 71 millions de dollars à partir de 2016, donc 20 fois moins. Entre-temps, l'industrie qui exploite les ressources pétrolières et gazières verse environ 18 milliards de dollars par an en impôts et redevances aux divers gouvernements à travers le Canada, soit énormément plus.

La production d'énergie renouvelable, par contre, est hautement subventionnée, et ne pourrait survivre sans aide gouvernementale. Augmenter ces subventions, ça signifie des impôts et des prix d'énergie plus élevés pour les Canadiens. La transition vers les énergies renouvelables devrait se faire sur la base d'une productivité et d'une compétitivité accrues de ces types d'énergie, et non en les soutenant artificiellement avec des milliards de dollars de subventions, une approche remise en question un peu partout dans le monde.

La réalité, c'est que nous allons continuer d'avoir besoin de pétrole pour un avenir prévisible, même si les gouvernements vont de l'avant avec des investissements coûteux dans les énergies renouvelables et le transport électrifié. Le débat sur les oléoducs doit tenir compte du fait que la solution de rechange aux oléoducs n'est pas l'absence de transport d'importants volumes de pétrole de l'ouest vers l'est mais plutôt d'autres moyens de transport moins sécuritaires, moins fiables et moins rentables comme le train. La question est donc essentiellement de savoir de quelle manière le pétrole sera transporté.

Après le déraillement à Lac-Mégantic l'été dernier, est-ce qu'on souhaite vraiment donner plus d'importance au transport ferroviaire, avec tous les dangers que cela implique? Ou davantage de navires pétroliers provenant d'outre-Atlantique? Des oléoducs nous fourniraient une source d'approvisionnement en pétrole sécuritaire et fiable. De plus, les projets proposés nécessitent un minimum de construction d'installations supplémentaires et de bouleversement pour les communautés qu'ils traversent, puisqu'une bonne partie des infrastructures sont déjà en place. Ils sont le choix le plus approprié à court et à moyen terme.

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