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Où étais-tu lorsque le boycott contre Israël a commencé?

Ayons le courage de nommer les choses telles qu'elles sont. Et puisqu'on ose, citons un autre gros mot, celui qui fait réellement trembler Israël. Disons boycott.
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En 2009, j'ai mis les pieds pour la première fois en Afrique du Sud. Inspirée par la lutte des Sud-Africains contre l'apartheid, je cherchais des réponses à l'injustice, la violence, l'impunité nauséabonde avec laquelle les droits fondamentaux des Palestiniens et la loi internationale continuent à être violés. Je cherchais aussi de l'espoir, un indice que même les pires affronts contre l'humanité peuvent être surmontés, qu'après le combat, la lutte, et la résistance, la vérité et la réconciliation restent possibles, que tant de blessures peuvent être soignées, lentement, oui, mais sans que cela nécessite un règlement de comptes sanglant.

Je cherchais aussi des stratégies pour éveiller la conscience collective du monde, encourager l'engagement et l'action pour mettre fin au nettoyage ethnique qui se perpétue en Palestine sous différentes formes depuis 1948, mettre fin à la colonisation, à l'occupation, à la ségrégation, aux crimes de guerre, au silence honteux de bon nombre de nos intellectuels, intimidés par les injustes accusations d'antisémitisme, à la complicité de nos politiciens quand ils ne font pas carrément l'apologie du terrorisme d'État, dont Israël est devenu un redoutable modèle.

De gros mots? Ayons le courage de nommer les choses telles qu'elles sont. Et puisqu'on ose, citons un autre gros mot, celui qui fait réellement trembler Israël. Disons BOYCOTT.

Si les Sud-Africains doivent leur libération entièrement à leurs propres résistance et actions, le boycott international de l'État apartheid a été celui qui a permis à leur combat de rejoindre le reste du monde et faire sentir au pouvoir en place à l'époque les réelles répercussions de sa politique raciste. Sur un autre continent, le mouvement pour les droits civils des Afro-Américains a aussi pris son envol avec l'appel au boycott de Martin Luther King. Voilà une histoire à laquelle je suis fière d'attacher mon nom. Voilà des figures dans les pas desquels je suis bien heureuse de marcher.

Le boycott fait peur justement parce qu'il fonctionne. Son histoire est celle de la dignité et de la solidarité humaine. C'est une position éthique qui refuse la violence, la haine, la vengeance autant qu'elle refuse la complicité avec les crimes de guerre, le vol de territoires et la discrimination raciale. C'est le refus, au nom des droits humains universels dont nous sommes tous des partisans, au nom de la loi internationale à laquelle tout pays démocratique adhère, de participer directement ou indirectement à la perpétuation des crimes et des violations de ces principes et valeurs universels.

Boycotter Israël en refusant d'y investir son capital, en refusant d'importer des produits cultivés sur des terres volées, de participer à des manifestations politiques, culturelles, économiques et académiques impliquant des institutions qui ne s'opposent pas aux politiques illégales de leur pays. Tant que l'État d'Israël n'a pas respecté les dizaines de résolutions de l'ONU votées contre ses transgressions, qu'il persiste à violer la loi internationale, il faut le boycotter comme on le fait sans hésitation avec tout autre pays qui commet les mêmes aberrations.

Vous ne voulez pas pénaliser les Israëliens qui s'opposent à Israël? Le boycott les renforce, leur donne du soutien moral et international. À tous les collègues universitaires israéliens qui ont le courage de lutter contre les politiques de leur État par leur plume, dont les institutions leur imposent l'autocensure quand ils ne sont pas carrément licenciés, le boycott académique ne les empêche pas de continuer à s'exprimer et à collaborer avec leurs collègues partout dans le monde. Plusieurs se présentent aujourd'hui avec des affiliations alternatives, accordées par les universités et les centres de recherche qui les invitent.

Vous avez peur de vous retrouver en mauvaise compagnie? La liste des institutions, des syndicats, des intellectuels respectés du monde entier qui ont déjà signé leur engagement à boycotter Israël est longue et ne cesse de s'agrandir et de se diversifier. Ou bien sentez-vous libre de boycotter sans l'afficher. Vérifiez les origines de vos fruits et vos légumes méditerranéens pour commencer.

De nos jours, lorsqu'on parle de l'Afrique du Sud, il est difficile de trouver quelqu'un qui s'opposait au boycott international. Et lorsqu'on se fait demander « où étais-tu durant le boycott? L'avais-tu respecté? Étais-tu solidaire avec l'égalité et la démocratie pour tous? », on serait bien embarrassé de répondre « Euh... » à la question. On s'empresse de faire remarquer que le vin sud-africain, c'était fini, que les vacances au Cape Town, impensables, que nous connaissions les chansons de Miriam Makeba par cœur, qu'on signait des pétitions exigeant la libération de Mandela sans arrêt et que notre premier ministre à l'époque avait été l'un des principaux supporteurs de la politique du boycott international.

Un jour, les Palestiniens seront libres, les représentants israéliens qui ont institué et propagé ses politiques discriminatoires et sa violence auront des comptes à rendre à la Cour internationale, les pays qui sont restés silencieux face aux crimes de guerre chercheront à récrire l'histoire. Quelqu'un vous posera alors la question : Où étais-tu lorsque le boycott contre Israël a commencé? L'as-tu respecté? Étais-tu solidaire avec la loi internationale et la déclaration universelle des droits humains?

Et ceux qui n'ont qu'un « Euh... » pour réponse, se retrouveront bien embarrassés.

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