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L'idéologie du très déshonorable Stephen Harper

Sous le règne du conservatismepromu par Harper et sa bande de créationnistes, la science est devenue un luxe que nous ne pouvons plus nous payer. C'est simple, le désir d'atteindre la vérité a été remplacé par le triomphe de l'idéologie et du dogmatisme.
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Alors que le débat sur «l'ostentation» du religieux et son rapport à l'État fait rage au Québec, que ce soit dans la sphère publique ou la sphère privée, voilà que le gouvernement de ce cher Stephen (prononcé: Steeeefffen) est accusé de toute part par les élites intellectuelles et scientifiques du pays d'affaiblir le statut, le rôle et l'importance de la science comme vecteur de savoir, de développement et d'épanouissement. Lundi dernier, quelques centaines de chercheurs ont convergé vers la colline parlementaire à Ottawa pour dénoncer la position conservatrice. Une accusation disais-je? En bonne et due forme, car Stephen mérite une fois de plus de se retrouver au banc des accusés pour crime de guerre; oui, une guerre silencieuse contre la science.

D'ailleurs, je parierais ma chemise que le bon Stephen et ses ti-namis plaideront que les coupures dans les divers programmes, et plus particulièrement dans les domaines scientifiques (environnement, MPO, subventions universitaires, etc.), ont pour finalité d'assurer ipso facto le retour à l'équilibre budgétaire et au déficit zéro. Devant cet argument béton (sic*), nous pourrions lui demander: «Pourquoi donc accorder d'importantes exemptions d'impôts aux grandes compagnies privées et spécialement aux entreprises polluantes et militaristes si l'objectif est de regarnir les coffres de la nation (prononciation à l'anglaise)?».

Dans cette optique, David Olive, le chroniqueur «affaires» du Toronto Star, mentionnait récemment que ces exonérations fiscales pour ces entreprises représentaient près de 14 milliards de dollars, soit plus de 75% du déficit budgétaire canadien (18,3 milliards CAD) pour l'exercice financier 2012-2013. Pourquoi donc s'en prendre à la Recherche et au Développement (RSDE), un élément qui m'apparaît essentiel dans un monde de plus en plus dominé par l'économie du savoir, plutôt qu'aux grosses compagnies industrielles qui ne vivent que pour le profit, et ce au détriment de l'environnement humain et naturel?

Des images de la manifestation des scientifiques canadiens à Ottawa (en anglais)

Le billet se poursuit après la galerie

'Stand Up For Science' Rallies

C'était pourtant planifié depuis longtemps, mais le gouvernement Harper a néanmoins réussi un tour de force en enfonçant dans la gorge des Canadiens et des Canadiennes un bon gros mammouth, à l'intérieur duquel se retrouvait une série de compressions dans plusieurs champs d'expertise scientifiques, sans la moindre réaction populaire. En effet, les départements - comme Environnement Canada, Pêches et Océans Canada, le Conseil national de recherches du Canada, Statistique Canada, la Bibliothèque et Archives du Canada, ainsi que les très importants organismes du CRSH, du CRSNG et de l'IRSC - furent tous passés aux cisailles pour ne pas dire à la tronçonneuse. Or, notons que ce ne sont pas seulement les montants attribués à ces organismes de première importance qui furent amputés, mais également les emplois en termes de qualité et de quantité. Où était donc la population? Où étaient les chroniqueurs médiatiques? Où était la révolte, la rébellion, la crise face cet affront important? [bruits du criquet...]

Nous avons certes rapidement entendu parler, il y a quelques mois, que l'ami Stephen tentait de museler les chercheurs scientifiques. La célèbre revue Nature avait d'ailleurs demandé au gouvernement de permettre aux scientifiques gouvernementaux de parler librement, sans contrainte, dans le but d'assurer la transmission et la diffusion du savoir scientifique. Mais qui lit religieusement la revue Nature? Les scientifiques, et ils sont largement conscients du problème conservateur à Ottawa. Au Québec, seuls quelques articles de presse ont mentionné le sujet, mais sans plus; sans faire de vague, sans créer de contestation. Pourquoi? Simplement parce que la recherche n'atteint pas (faute de vulgarisation) la population et qu'inversement la population ne se sent pas concernée par la recherche.

Bien plus, dans la belle province, nos intellectuels et nos scientifiques n'ont pas la cote, faisant souvent l'objet de critiques et de dénigrements. Par exemple, lorsque des chercheurs se positionnent (des écologistes sur le climat, des philosophes et des sociologues sur la société, des historiens sur notre passé, etc.), leur opinion - je parle au sein de la population en général - est fréquemment tournée au ridicule, ramenant souvent le sujet à la pertinence de subventionner ces gens des sciences humaines avec l'argent des impôts et des taxes. Des «BS» éduqués! Pourtant, ces individus possèdent une série de diplômes (maîtrise, doctorat, post-doctorat), une expérience pertinente et riche dans des domaines complexes, des atouts scientifiques, bref un impressionnant curriculum.

Mais non, Ti-Gilles de Saint-Clin-Clin, qui n'a pas fini son secondaire 2, trouve que le chercheur est un navet, un pelleteux de nuages qui ne connaît rien; une réflexion qui est trop souvent suivie d'une phrase de type: «J'te dis que moé j'règlerais ça vite faite c'te problème là». Oui Ti-Gilles, ouiiii! Mais, d'où vient cette attitude populaire antipathique à l'égard de nos scientifiques? Jalousie, incompréhension ou autre? Voilà, un sujet qui pourrait être intéressant pour une autre chronique. Revenons toutefois à nos moutons, mais notons, dans cette optique, qu'il n'est pas surprenant que la population et les médias québécois ne se soient pas encore révoltés face aux pratiques conservatrices en matière de science. Le sujet était en quelque sorte mort avant même sa sortie. Triste.

Alors, d'où provient l'aversion des conservateurs canadiens pour la chose scientifique? D'accord, j'avoue qu'il n'est pas étonnant de voir la bande à Stephen dilapider les fonds consacrés à l'environnement et l'écologie, surtout lorsque l'on connaît leur positionnement politique sur des sujets comme le réchauffement climatique et le protocole de Kyoto. Quoiqu'il n'est pas plus effarant de les voir couper dans les subventions aux chercheurs universitaires, surtout lorsque l'on connaît leur degré de tolérance face à la critique et au questionnement. Faut dire que la liberté de pensée et la liberté de parole ne sont pas leurs deux plus grandes vertus! Pour tout dire, je réalise que rien de tout ça n'est vraiment renversant. Leur système de croyances, leurs visions et représentations du monde, ainsi que leur mentalité archaïque pour ne pas dire arriérée auraient du nous mettre la puce à l'oreille: les conservateurs sont réactionnaires.

Cela étant dit, ce gouvernement, par l'entremise d'un conservatisme social et d'un discours axé sur l'obscurantisme religieux, mène actuellement une croisade contre la science et ses constituantes. Comme société et comme individu, nous sommes confrontés à des élus (majoritaires politiquement parlant) qui rejettent des principes élémentaires et fondamentaux, notamment par le biais d'une attitude et d'un comportement qui pratique la négation du Progrès et de la Raison. Pourtant, au niveau historique, la science a fait ses preuves; elle est reconnue comme un vecteur d'avancement et d'innovation, en plus d'être une voie libératrice (libre pensée) et une source d'épanouissement individuel et collectif.

Pour résumer avec peu de mots, sous le règne du conservatisme all canadian promu par Harper et sa bande de créationnistes, la science est devenue un luxe que nous ne pouvons plus nous payer. C'est simple, le désir d'atteindre la vérité a été remplacé par le triomphe de l'idéologie et du dogmatisme. Enfin, une question me vient en tête: « Peut-on blâmer la proximité - pour ne pas dire la promiscuité - entre le religieux et le politique dans ce dossier?». Moi qui voulais à tout prix éviter de parler du fameux débat québécois; voilà que ce problème nous retourne indirectement à cette foutue Charte!

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