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Sotchi 2014: entre intolérance, censure et corruption

À moins de trois mois de la cérémonie d'ouverture des XXIIe Jeux olympiques d'hiver, les interrogations et les critiques se multiplient. Alors que l'on apprenait, il y a quelques mois, l'adoption d'une loi contre la propagande homosexuelle devant mineurs, voilà qu'on nous informait pas plus tard qu'hier que les journalistes ne seront pas autorisés à partager sur les réseaux sociaux les photos prises avec leur appareil mobile. Chaque semaine amène définitivement son lot de polémiques.
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À moins de trois mois de la cérémonie d'ouverture des XXIIe Jeux olympiques d'hiver, les interrogations et les critiques se multiplient. Alors que l'on apprenait, il y a quelques mois, l'adoption d'une loi contre la propagande homosexuelle devant mineurs, voilà qu'on nous informait pas plus tard qu'hier que les journalistes ne seront pas autorisés à partager sur les réseaux sociaux les photos prises avec leur appareil mobile. Chaque semaine amène définitivement son lot de polémiques.

Depuis l'attribution des JO d'hiver 2014 à la ville de Sotchi, en Russie, les scandales et les craintes se sont accumulés. Que ce soit la question des droits humains ou les problèmes allégués de corruption et de collusion, les JO de Sotchi sont d'ores et déjà caractérisés par la controverse.

Un an même avant le début des jeux, plusieurs ONG sonnaient l'alarme sur les pratiques russes. D'abord, les environnementalistes avaient interpelé le CIO sur l'importante destruction écologique qu'engendrait la construction des diverses infrastructures sportives et de transports. La dévastation de certains écosystèmes protégés du Caucase du Nord n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Ensuite, les groupes de défenses des droits humains, en tête de liste Human Rights Watch, criaient à l'indignation devant les agissements des entreprises à l'égard des travailleurs. Les pratiques de dézonage, d'expropriations sans indemnisation et de violation des règles du travail pour une partie des 60 000 travailleurs du chantier olympique avaient amené le groupe HRW à se révolter contre ce qu'il qualifiait d'exploitation humaine. Chantage, rémunération incertaine, journée surchargée, demandes abusives et souvent illégales, soumission des travailleurs étrangers... bref, un comportement malhonnête et négligent qui a incité certaines personnes, dont des journalistes, à parler d'esclavagisme moderne.

Par la suite, il y a eu les prises de position du gouvernement Poutine. D'ailleurs, au mois d'août dernier, le président russe avait interdit via un décret toutes formes de manifestation pendant la tenue des Jeux olympiques. N'est-ce pas là une forme de censure ? Difficile de ne pas y voir une tentative de museler les protestations politiques. Alors que les caméras du monde entier seront tournées vers la Russie, le gouvernement Poutine souhaite définitivement contrôler le message et le messager. Bien plus, l'adoption d'une loi contre la propagande homosexuelle constitue une autre forme de bâillonnement de la liberté d'expression. Ne visant pas uniquement les Russes, mais également les étrangers et les athlètes de tous les pays, cette loi rétrograde a des visées sociopolitiques. Cela dit, advenant qu'un individu (disons un athlète canadien) contrevienne à la loi, les sanctions pourraient être lourdes de conséquences, pouvant aller de la simple amende (environ 3000$) à l'expulsion du pays, en passant par la mise en détention (quinze jours de prison).

Pourtant, le chapitre 1er de la Charte olympique ne proscrit-elle pas toutes formes de discrimination ? Dans cette optique, la loi « anti-gai » du gouvernement Poutine ne viole-t-elle pas ce principe sacré de la charte olympique ? Comment le CIO peut-il sanctionner une telle attitude, un tel comportement de la part de la Russie alors que la mission originelle des Jeux olympiques est de promouvoir et de soutenir des droits fondamentaux comme l'égalité, l'équité et la non-discrimination des peuples et des individus ? Où est Thomas Bach ? Allo, il y a quelqu'un ?

Il ne faudrait pas oublier de mentionner l'interdiction pour les athlètes d'afficher des positions politiques pendant cet évènement planétaire. Que faire alors ? Les Allemands auraient-ils trouvé un moyen d'outrepasser les lois russes ? Bien que le principal intéressé (Michael Vesper) n'y voit pas un message politique, les nouvelles tenues allemandes pour les JO de Sotchi paraissent à tous égards défier le dictat russe. En effet, les vêtements aux couleurs arc-en-ciel représentent, à mon humble avis, un symbole sociopolitique d'ouverture, de tolérance et de liberté. Si l'objectif de ces tenues est effectivement de transgresser les règles du gouvernement Poutine et d'afficher un support symbolique à la philosophie de la tolérance, je dis : « Bravo! ». Cela dit, est-ce provocant ? Sûrement... Est-ce un moyen efficace de protester contre les mesures adoptées par Poutine et ses sbires ? Sans aucun doute !

Dans un autre ordre d'idées, le projet des 22e Jeux olympiques d'hiver a aussi été marqué par une série de scandales de corruption et de collusion. À ce sujet, selon un rapport obtenu par le journal Le Monde, les préparatifs pour les JO de Sotchi auraient permis à Vladimir Poutine, ainsi qu'à une brochette d'hommes d'affaires russes de s'enrichir d'environ 30 milliards de dollars. L'explosion des coûts reliés aux infrastructures (atteignant maintenant plus de 50 milliards de dollars) serait, selon le rapport, une arnaque. Sur ce point, près de la moitié de cette somme, qui notons en font les Jeux olympiques les plus chers de tous les temps (c'est en fait quinze fois plus que le coût total des JO de Vancouver), aurait disparu dans des fonds associés à la présidence et ses intérêts privés, notamment GazProm et Transstroï.

Dans cette veine, selon plusieurs sources médiatiques, le gouvernement aurait offert de généreux pots-de-vin à divers investisseurs internes à des fins électoralistes et autres. D'ailleurs, Boris Nemtsov, leader de l'opposition libérale et ancien vice-premier ministre sous Boris Elstine a affirmé en entrevue que « Les JO 2014 constituent la plus énorme affaire de corruption de l'histoire ». Alors que l'on se plaint, avec raison, des scandales qui secouent le Québec et plus particulièrement la métropole, notre belle province fait sans contredit figure d'amateur à côté de Poutine et de la Russie. Quand on se compare, on se console ! Eux, ils ont Poutine, nous on a Coderre...

En somme, les JO de Sotchi, avant même l'ouverture officielle, sont marqués par la corruption, l'intolérance et la dictature médiatique. À la lumière de ces détails entourant le projet de Sotchi 2014, il semble évident que la vocation olympique, celle de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine, a été mise au rencart. L'important pour Vlad et ses chums ? L'argent et les faveurs qu'ils vont retirer de cette aventure. Après ça, on dit que le Québec est une république de bananes... Une petite république quand même !

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