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L'Hypocrisie avec un grand «H»

Vous avez surement entendu parler, au cours des derniers jours, qu'un grand féministe - le roi Abdallah - nous avait quittés.
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«On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.»

Il semblerait que parler des deux côtés de la bouche soit devenu le sport favori des politiciens. Richard Hétu soulignait justement cette absurdité sur son blogue « Hommages à un dictateur », mais permettez-moi de pousser la réflexion un peu plus loin.

Cette hypocrisie politicienne a atteint un nouveau sommet la semaine dernière lorsque nous avons pu constater clairement que l'idée de liberté, promeut par plusieurs politiciens, varie selon leurs affinités et leurs intérêts. Vous avez surement entendu parler, au cours des derniers jours, qu'un grand féministe nous a quittés ; oui, un grand défenseur de la femme qui a pourtant permis, et ce pendant des années, un apartheid dégueulasse (oui, oui : dé-gueu-la-sse) à l'endroit des femmes de son pays. La présidente du FMI Christine Lagarde, qui a tenu ces propos invraisemblables à l'égard de l'ancien roi Abdallah de l'Arabie saoudite, a manqué une très belle occasion de se fermer le clapet et, parallèlement, de ne pas faire une folle d'elle ; quoique cette pauvre Christine aura au moins démontré, à ceux qui auraient encore besoin de lunettes, que l'indécence est devenue la norme chez nos hommes et nos femmes politiques. Elle n'est cependant pas la seule dans ce bateau...

En effet, sans aucun sous-entendu, voire sans même s'en cacher, la classe politique internationale - la même qui, quelques jours auparavant, était allée marcher devant les caméras du monde entier pour Charlie Hebdo et la liberté d'expression - s'est mise en ligne pour souligner la grandeur et la noblesse d'un homme pourtant sans morale, d'un despote impétueux, inique, arriéré et barbare. Comment, après tout ce cirque artificiel, ne pas avoir la certitude que nous nous faisons « beep » quotidiennement par les gens que nous avons élus ? Honnêtement, comment ne pas être convaincu de l'Hypocrisie de ces scélérats sans scrupule ?

Pour pousser l'absurdité à la limite, je dois dire que je suis surpris que personne n'ait accolé l'étiquette de grand défenseur des droits humains à ce très honorable Abdallah! (sic). Sans rire, un homme qui a dirigé un pays qui finance le terrorisme - et qui maintient sa population dans une vision obscurantiste et rétrograde où l'islam est utilisé à des fins politiques de contrôle absolu sur la masse - ne devrait pas recevoir d'éloge. Point à la ligne! Il n'y a pas de « si », ni de « mais ». Bref, un homme qui préconise la flagellation et la décapitation devrait être jugé, même a posteriori, comme un criminel sanguinaire.

Ce n'est pas tout... Après les politiciens, ce fut au tour des médias, en particulier ceux appartenant à News Corp et autres conglomérats conservateurs, de saluer le travail du défunt dictateur, le décrivant comme un réformateur et un allié d'importance pour les États-Unis. Encore une fois, est-ce étonnant d'entendre ce genre de discours factices lorsque l'on sait que l'Arabie saoudite, en plus d'être le troisième pays exportateur de pétrole sur le territoire étasunien, possède plus de 5% de la dette extérieure de l'Oncle Sam ? Il ne faudrait surtout pas froisser le royaume de la famille Saoud au cas où celui-ci déciderait de renverser le flux pétrolier vers la Chine plutôt que vers le pays d'Obama. Que dis-je, je divague (sic).

En somme, est-ce donc ça la politique contemporaine, celle d'avoir toujours le cul assis entre deux chaises ? Une chose est toutefois sûre, l'argent, la sécurité et les intérêts géopolitiques passeront continuellement avant l'éthique, la morale et la défense des droits humains, et ce même si on vous assure, la main sur la bible, du contraire, car parler des deux côtés de la bouche est devenu le sport par excellence de nos dirigeants. Au royaume du cash et des alliances stratégiques, c'est business a usual... Le roi est mort, vive le roi!

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