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La guerre préventive en Irak et en Afghanistan, comme dans le cas du Vietnam trente ans plus tôt, était de retour avec les mêmes motifs, le même discours, la même vision, la même philosophie et le même résultat: l'échec américain et des conséquences immenses pour tout le monde.
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Il y a 40 ans, le 30 avril 1975, prenait officiellement fin la Guerre du Vietnam. Cette guerre sale et immonde aura été le premier conflit militaire télévisé et médiatisé presque en temps réel, ce qui a permis de marquer l'imaginaire populaire. Grâce à la télévision, aux reporters et aux photojournalistes, la population a été conscientisée aux grands concepts que sont le nationalisme, le colonialisme et le communisme; l'information et les communications ont donc permis une meilleure compréhension des grandes luttes d'influence mondiales entre les États-Unis et l'Union soviétique. Mais la Guerre du Vietnam aura surtout permis de constater l'inhumanité de la guerre par le biais des atrocités commises pour de fausses raisons.

Effectivement, la Théorie des dominos, selon laquelle un pays qui se tournerait vers le communisme risquerait d'entraîner ses voisins dans le même sillage, fut abondamment mentionnée comme motif pour entrer en guerre. Il fallait à tout prix endiguer le communisme afin d'assurer la démocratie occidentale. Cet objectif de sécurité n'est pas sans rappeler le discours américain pour l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et bien d'autres. Mais, au-delà du discours, il y a la réalité, celle du pouvoir, de la démonstration du pouvoir. En pleine Guerre froide, les États-Unis ont voulu démontrer au monde entier - mais surtout à leurs ennemis soviétiques, chinois et cubains - leur puissance militaire. C'est ce qu'ils ont fait... Pourtant, cette démonstration de force ne leur a pas empêché de subir un échec retentissant, qui est le résultat de plusieurs facteurs, dont la méconnaissance de la réalité vietnamienne et de sa culture, ainsi que d'une incompréhension totale de la géopolitique et du terrain.

Par conséquent, l'échec fut symbolique (perte de crédibilité intérieure et extérieure), économique (111 milliards $ - en valeur actuelle : plus de 700 milliards), politique, militaire, psychologique, et surtout humain - avec plus de 58 000 soldats américains tués et 150 000 blessés. Devant ce cuisant revers et ses conséquences désastreuses, on aurait pu penser que les États-Unis auraient appris de leurs erreurs... mais non!

Depuis les 15 dernières années, la situation au Moyen-Orient est un déjà-vu. L'administration Bush, en inversant la Théorie des dominos, croyait (ou plutôt voulait faire croire) qu'en démocratisant l'Afghanistan et l'Irak, la région complète suivrait... Oui, oui, un effet boule de neige vers la périphérie. L'Opération liberté irakienne avait donc un mandat strictement humanitaire et démocratique aux dires de l'oncle George... quoiqu'il y avait aussi les armes de destruction massive (WMD)... bref, il fallait retrouver et assassiner Ben Laden, pendre Saddam, détruire les WMD, mettre en place une guerre civile, piller les puits de pétrole, (sur)financer le complexe militaro-industriel pour... instaurer la démocratie. Une logique sans faille!

La guerre préventive, comme dans le cas du Vietnam trente ans plus tôt, était de retour avec les mêmes motifs, le même discours, la même vision, la même philosophie et le même résultat : l'échec américain et des conséquences immenses pour tout le monde. Bien sûr, du côté américain, il y a les pertes humaines (des milliers de chaque côté), les répercussions symboliques, psychologiques et politiques de cette intervention. Il y a le coût économique. À cet égard, le Time Magazine estime le coût (actuel et futur) de la Guerre d'Irak à 4000 milliards de dollars... c'est plus de douze fois le PIB du Québec!

Avec l'actuelle guerre contre le terrorisme et l'extrémisme religieux, ainsi que celle contre l'État islamique, les États-Unis, malgré plusieurs différences avec les autres conflits armés, sont en train de commettre, à nouveau, les erreurs du passé.

Nous comprenons tous que l'hégémonie américaine s'est effritée, que le monde est sur le point de changer, que les dangers sont nombreux, que la démocratie est mise à mal par plusieurs dont nos politiciens; mais, trop souvent, les intérêts de la population ne représentent que des éléments de discours et non une priorité empirique... Trop souvent, l'argent, le pouvoir et la force sont les réelles préoccupations de ces dirigeants guerriers, des lobbys et des entreprises militaires. Alors que nous soulignons les 40 ans de la Guerre du Vietnam, alors que nous revivons l'histoire et l'actualité en simultané, comme un film d'horreur qui s'étire lamentablement, il serait peut être temps que nous comprenions que toutes les guerres sont sales!

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