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Une autre semaine est passée et pourtant j'ai l'impression d'avoir vécu, médiatiquement parlant, la même rengaine. Les informations présentées par les médias étaient certes différentes en surface, mais le contenu réel était le même; des mauvaises nouvelles en voulez-vous, en vlà! En scrutant attentivement les téléjournaux et la presse écrite, je me suis aperçu que nous étions de moins en moins informés, c'est-à-dire amenés à penser, à réfléchir et à débattre.
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Une autre semaine est passée et pourtant j'ai l'impression d'avoir vécu, médiatiquement parlant, la même rengaine. Les informations présentées par les médias étaient certes différentes en surface, mais le contenu réel était le même; des mauvaises nouvelles en voulez-vous, en vlà! En scrutant attentivement les téléjournaux et la presse écrite, je me suis aperçu que nous étions de moins en moins informés, c'est-à-dire amenés à penser, à réfléchir et à débattre.

Continuellement, on nous catapulte les derniers crimes violents, les accidents de voiture spectaculaires et les tragédies familiales ou conjugales, mais l'information de qualité, voire éducative semble en effet s'être estompée au profit du spectacle de l'horreur. Vous doutez de cette réalité? Regardez simplement l'influence de certaines nouvelles; par exemple, dans la dernière semaine, nous avons été submergés par les images et les informations de l'attentat de Boston, du complot déjoué chez VIA rail, du témoignage odieux et mensonger de Zampino et de l'agression d'un chauffeur de la STM. Toutes des nouvelles horribles qui se sont retrouvées à la Une des grands journaux.

Vous me ferez sans aucun doute remarquer que la présentation d'une mauvaise nouvelle est souvent un moyen pour dénoncer une situation, un phénomène, etc.; or, malgré cet aspect contestataire, je ne suis guère naïf, car l'exhibition (et oui c'est de l'exhibitionnisme), en boucle, des images d'une catastrophe ou d'un malheur n'est pas un outil de dénonciation, mais davantage une forme de propagande de l'abomination. Vous n'êtes pas convaincu? Regardez LCN, Radio-Canada, TVA, lisez le Journal de Montréal ou La Presse... On nous présente et représente en permanence les mêmes images, les mêmes informations inhumaines, de gens blessés, terrorisés; on cherche à marquer l'imaginaire populaire grâce à la tragédie. Après tout, ce voyeurisme ne date pas d'hier, déjà à l'époque de l'Antiquité les humains affectionnaient la tragédie (grecque), dans laquelle la mort était omniprésente. Disons-le, notre rapport individuel et collectif à l'actualité est malsain.

Les Unes de la presse américaine

Le billet de Yanick Barrette se poursuit après la galerie

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Les unes de la presse américaine après les explosions de Boston

Pourquoi donc cette propension à présenter la mauvaise nouvelle au détriment de la bonne? On nous saucissonne les informations importantes et pertinentes, propices à la réflexion humaine, alors qu'on s'étend de longues minutes, pour ne pas dire des heures, sur les sujets les plus déprimants, les plus pernicieux pour la santé mentale de la population. On donne une visibilité démesurée à des individus pervers et immoraux, au lieu de concentrer notre attention sur des gens qui méritent davantage un regard médiatique. L'exemple du dépeceur (je ne le nommerai certainement pas) et des deux poseurs de bombes sont sans contredit révélateurs du problème. Les médias ont consacré un temps fou sur leur vie, leur passé, leurs actions, etc. Sans blague, je pourrais presque dire la couleur de leur «caleçon». En contrepartie, les médias ont passé complètement sous silence la victoire de Sophia Stewart sur le groupe Warner Brothers. Vous allez me dire qui est Sophia Stewart; voilà mon point... Ça m'horripile!

L'angle médiatique adopté par les divers groupes d'information est désolant. On sème le doute et la peur, on cultive le négativisme et la déprime, bref on marchandise l'horreur à des fins économiques et politiques. Les mots qui résument parfaitement la situation actuelle sont: sensationnalisme, voyeurisme, violence. Devant ce triste spectacle, il est impossible pour l'individu (l'humain) d'apprendre (au sens d'éducation) quelque chose de valable et d'utile pour son développement.

Dans cet ordre d'idées, le lavage de cerveau orchestré par la propagande de l'horreur, avec ses milliers d'images nocives, laisse très peu de place à l'épanouissement individuel et collectif. Il y a donc effectivement une distorsion de la réalité, dans l'optique où le spectacle médiatique qu'on nous offre représente l'exception et non la norme. Pire encore, la couverture des évènements et des situations, locaux comme mondiaux, priorise l'anecdotique dans un monde où la créativité, l'innovation et le travail constituent la vraie réalité quotidienne pour la majorité des gens.

Les Unes de la presse internationale

Le billet de Yanick Barrette se poursuit après la galerie

Les Unes de la presse française et internationale

Heureusement, au niveau des circuits d'information, quelques rares exceptions permettent d'espérer un virage ou une modification de la perspective médiatique. Par exemple, des journaux comme Positive News et What a good week, pour ne nommer que ceux-là, proposent exclusivement des bonnes nouvelles, et ce dans le but de se débarrasser de cette horrible manie de chercher à exposer le négatif, le pernicieux et l'obscène. Le HuffingtonPost.com tente aussi de suivre cette tendance, notamment avec la création de la rubrique «Bonnes nouvelles» (Good News, Inspirational Stories, Positive Views). Sur ce point, pour expliquer son geste, la directrice du HuffPost, Arianna Huffington, avait mentionné l'importance de prendre en compte qu'il y a des gens, des communautés, des groupes qui font des choses incroyables, qui surmontent d'énormes obstacles, qui ont beaucoup de créativité, de détermination ou de dignité, mais que malheureusement ces histoires étaient rarement mises en valeur par nos médias. La question n'est donc pas nécessairement de bannir la mauvaise nouvelle, mais d'assurer un certain équilibre, un aspect qui assurément manque à nos sources d'information. Tristement, cette approche est encore très peu présente ; les médias préférant l'horreur au bonheur.

Alors, pourquoi autant de mauvaises nouvelles, de tragédies de toute sorte? Cherche-t-on à établir un certain climat de peur, de terreur, dans l'optique où le contrôle des esprits est plus facile à opérer lorsque le citoyen est effrayé? N'est-ce pas une façon d'entretenir le rapport de pouvoir envers le citoyen, d'assurer une certaine forme d'asservissement de la pensée et, de surcroît, de l'action? Au-delà du simple fait que les mauvaises nouvelles font vendre, que l'individu est doté d'un voyeurisme malsain, ou du dicton qui dit que lorsque l'on se compare on se console... n'y a-t-il pas une entreprise politique derrière cet abus de diffusion de la laideur humaine?

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