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Gauchistes et cornichons

Oui, oui... cette grève n'est vieille que d'une semaine, mais nous avons eu le droit à plusieurs situations absurdes et aberrantes. Mais, savez-vous quoi? Ce n'est que le début!
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Le mouvement étudiant n'est vieux que d'une semaine que déjà nous avons eu droit à plusieurs situations absurdes, aberrantes, incroyables. En voici quelques-unes...

D'abord, il y a eu l'intervention de notre ministre de l'Éducation, François Blais, qui a mis en garde les étudiants : « La situation budgétaire de l'État québécois ne permettra pas, comme en 2012, d'assumer la reprise des cours ultérieurement ». D'accord mon Franky, si je comprends bien ton raisonnement, le gouvernement du Québec n'a pas d'argent pour garantir une reprise des cours manqués, mais en aura pour engager un surplus de personnel l'année prochaine lorsque les étudiants, qui auront été touchés par une annulation de leur session, retourneront sur les bancs d'école. C'est ça? Ça me semble être une dialectique tout à fait logique... sic!

Mais passons ; ce n'est pas la déclaration la plus farfelue qu'a tenue notre bon ministre. Lors de ce point de presse, M. Blais a clamé qu'il ne reconnaissait pas le droit de grève des étudiants, pas plus qu'il n'admettait la légitimité des votes effectués lors des assemblées étudiantes. Or, dans la même phrase, il a martelé - sans retenue et sans gêne (et sans qu'aucun journaliste ne lui fasse remarquer cette bêtise) - que pour sortir de cette impasse, il fallait que les étudiants opposés à la grève aillent voter massivement aux assemblées étudiantes. Bonjour la cohérence M. Bolduc... oups, je voulais dire M. Blais!

Par la suite, il y a eu l'affaire Naomie Trudeau-Tremblay. Je ne parlerai pas du manque de jugement du policier, je pense que nous en avons abondamment discuté, mais plutôt des réactions de certains hurluberlus. D'ailleurs, des casques de bain ont mis en ligne une page Facebook, regroupant près de 5000 membres (qui a depuis été retirée), sur laquelle était encouragée la cyberintimidation, ainsi que la publication de photos humiliantes de la victime, dont certaines à caractère sexuel, de messages haineux et de déclarations sexistes. Or, ce qu'il y a de plus scandaleux, au-delà de la page elle-même, ce sont les 5000 colons qui l'ont rejoint et qui ont publié des messages et/ou des photos. Oui, oui... 5000 cornichons à l'aneth!

Dans la même veine, il y a eu la double réaction de notre Régis national où, lors de sa première apparition, il louangeait le travail des policiers, en se demandant «Kessé k'à faisait là elle ?», et, lors de la seconde, il lui souhaitait un prompt rétablissement. Cré Régis, tu devrais, plus souvent qu'autrement, tourner ta langue deux mille trois cent neuf fois avant de parler ; ça t'éviterait d'avoir l'air d'un jambon.

Par ailleurs, après le tir de « lacrymo » en pleine poire, il y a eu l'appel au viol de la porte-parole de l'ASSÉ dans les toilettes de l'Université de Montréal : «J'espère que la petite pute de riche en chef de l'ASSÉ va se faire violer et que ça va lui faire mal... cette vache. Mort à l'ASSÉ. Mort aux enfants de riches de l'ASSÉ». Encore une fois quelques andouilles ont applaudi le geste. Non, mais, dans quelle société vivons-nous? On a beau être pour ou contre la grève, pour ou contre l'austérité, pour ou contre les manifestations, cela ne doit en aucun cas permettre l'apologie de l'intolérance, des discours haineux, violents ou autres. La promotion du viol, à l'université ou à tout autre endroit, est inacceptable. Point! « Oui, mais... elle l'a... » NON!

Il y a également eu, comme lors du printemps 2012, les généralisations grossières. La cassette a été dépoussiérée et s'est remise à jouer en boucle chez ma tante Gaëtane, chez certains chroniqueux, dans les cafés, les restaurants et dans le salon de Marcel : « Les étudiants sont des communistes, des anarchistes, des pitcheux de briques, qui aiment la casse et la confrontation. Les grévistes étudient tous en sciences molles ». Non! Certaines personnes aiment la casse. Certaines personnes aiment garrocher des roches sur les policiers. Certaines personnes sont anarchistes. Certains grévistes viennent des sciences humaines. Mais aussi, certaines personnes aiment poivrer les étudiants. D'autres aiment tirer des lacrymo sur le museau. Bref, le bon vieux « tape » des généralisations refait surface comme les fleurs au printemps... C'est lassant!

Finalement, il y a eu le doigt d'honneur des syndicats. Alors que le mouvement étudiant investit la rue pour dénoncer les mesures du gouvernement libéral, des mesures qui sont défavorables pour la majorité citoyenne, voilà que les syndicats tournent le dos comme si rien ne se passait. Merci... mais non merci! Mais vous servez à quoi au juste? Vous allez respecter les règles de bienséance imposées par le gouvernement que vous souhaitez, au final, dénoncer... n'est-ce pas, un peu, comme fournir le fusil à votre bourreau? Je comprends les impératifs imposés aux grandes centrales syndicales, mais, bordel, vous auriez pu octroyer aux étudiants ne serait-ce qu'une reconnaissance symbolique. Encore une fois, on réalise que les syndicats ne sont là que pour leurs intérêts comme beaucoup d'autres travailleurs et citoyens. En somme, pendant que les étudiants se font gazer, poivrer et intimider, les bons vieux dirigeants syndicaux jappent, mais ne mordent pas fort.

Oui, oui... cette grève n'est vieille que d'une semaine, mais nous avons eu le droit à plusieurs situations absurdes et aberrantes. Mais, savez-vous quoi? Ce n'est que le début!

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