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Qu'on l'aime ou pas, force est d'admettre que Gabriel est un homme intègre, un homme de convictions et de principes. Que nous soyons d'accord ou pas avec ses prises de position est sans importance, dans la mesure où la réflexion doit impérativement dépasser le cadre partisan.
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Depuis le dévoilement de la nouvelle, plusieurs indépendantistes sont montés aux barricades pour dénoncer Gabriel Nadeau-Dubois, pour lui reprocher d'avoir accepté le Prix littéraire du Gouverneur général, ce puissant symbole de notre asservissement à la monarchie britannique et à une autre nation: le Canada. Même après son passage à TLMEP, où il a explicité ses motivations et présenté la cause qu'il entend défendre et appuyer avec la bourse de 25 000$, j'ai été témoin de plusieurs affirmations, autant réellement que virtuellement, qui vilipendaient la décision de GND ; on lui reproche évidemment l'acceptation du prix comme tel, mais également de chercher à se faire du capital politique via sa récupération à des fins personnelles. J'ai aussi lu des critiques de toutes sortes, des jugements qui le qualifiaient de faux Robins des bois, de Kid Kodak en manque d'attention et bien d'autres absurdités sans argument valable.

Certes, en tant qu'indépendantiste, j'aurais été le premier à critiquer mon ami Gabriel s'il avait accepté purement et simplement le prix. Cependant, toute action mérite proportionnellement une réflexion nuancée. Donc, il a accepté le prix, mais pour en faire quoi ? Quelles étaient ses intentions initiales ? A-t-il besoin de ce prix pour se faire connaître ou pour vendre davantage de bouquins ? Est-il à la recherche d'une reconnaissance symbolique ? J'en doute fortement. Or, la question la plus pertinente est certainement : qu'a-t-il fait ou que compte-t-il faire avec le pognon ?

On lui reproche d'avoir récupéré la situation. D'accord! Mais en quoi est-ce délétère? Comment peut-on lui accoler une mauvaise intention lorsque cette récupération politique ne le sert pas personnellement, mais plutôt l'ensemble de la collectivité ? Je vous le demande quoiqu'un peu naïvement : combien d'entre vous se seraient prostitués intellectuellement pour un chèque de vingt-cinq mille piastres ? Tic-Toc-Tic-Toc... Après tout, n'y en a-t-il pas qui le font pour le centième de cette somme.

Qu'on l'aime ou pas, force est d'admettre que Gabriel est un homme intègre, un homme de convictions et de principes. Que nous soyons d'accord ou pas avec ses prises de position est sans importance, dans la mesure où la réflexion doit impérativement dépasser le cadre partisan. En somme, n'est-il pas important de respecter et d'écouter les gens qui font passer l'intérêt collectif avant leur profitabilité individuelle ? Ne trouvez-vous pas ça rafraîchissant à côté de la politique partisane quotidienne ? Je n'ai pas peur de le dire, les gens qui se battent pour leurs valeurs, qui y croient et qui les défendent au prix de leur propre personne méritent cette attention!

Avouons-le, en ce moment même, nous sommes collectivement en train de s'en faire passer une vite par TransCanada, et ce pendant que nos politiciens cautionnent ce sacrilège ou encore regardent tout simplement ailleurs. Le pipeline « Énergie Est » est à tous les points de vue une hérésie, rien de moins. Malgré les cris d'alarme des scientifiques et des environnementalistes, malgré les dangers que représente le projet de port pétrolier à Cacouna, malgré les nombreuses menaces associées aux pipelines, malgré le Non retentissant de nos voisins du Sud - pourtant les king du pétrole - pour la construction de Keystone XL et, enfin, malgré la fuite dans les journaux de la stratégie de TransCanada pour désinformer le public et le soumettre à son projet perfide et démoniaque, la population n'avait pas bougé, se contentant à l'occasion d'un petit ronchonnement inoffensif. Il a donc fallu la récupération politique d'une situation pour finalement faire avancer les choses. En se servant de sa tribune à TLMEP et de sa bourse, Gabriel a contrebalancé l'astroturfing de TransCanada, en plus d'insuffler un mouvement qui prend de l'ampleur à chaque heure. Le grognement inoffensif semble muter rapidement vers une contestation plus globale. Enfin!

Ainsi, n'eut été, d'une part, du Prix littéraire remis par le représentant de Sa Majesté et, d'autre part, de l'acceptation dudit prix par GND où en serait cette fameuse contestation ? Il n'y aurait certainement pas de site « Doublons la mise », pas plus qu'il n'y aurait près de 200 000 dollars d'amassés pour combattre le projet machiavélique de TransCanada. Ce serait donc encore David contre Goliath pendant que la majorité assisterait de manière désintéressée à ce triste spectacle de saccage de notre environnement et de notre identité territoriale.

Autrement dit, la décision de Gabriel a donc permis de coaliser les gens, de leur faire prendre conscience que même un jeune étudiant peut faire une différence si la volonté et les convictions se mettent de la partie. Le choix de GND a permis de massifier et médiatiser un groupe d'intérêt collectif, un mouvement d'entraide, de soutien et de financement pour combattre L'Hydre pétro-fédéraliste et parallèlement protéger le joyau québécois qu'est le fleuve Saint-Laurent.

Somme toute, avant de vous permettre d'aller appuyer le mouvement et de faire votre don sur le site doublonslamise.com, je veux remercier GND pour son courage et ses convictions, tout comme je veux remercier tous les gens qui se battent contre la dépossession et l'exploitation, qui revendiquent un Québec meilleur, plus transparent et plus égalitaire. Sur ce, je vous laisse sur une citation qui résume bien la situation...

«Le Québec est actuellement à la croisée des chemins. Le gouvernement conservateur, appuyé par les deux autres partis fédéralistes, soutient les compagnies pétrolières canadiennes qui désirent transformer le pays en autoroute pour le pétrole sale de l'Alberta. Ces projets d'oléoducs, en premier lieu le controversé Energy East, font peser sur notre environnement des risques démesurés au regard des avantages économiques dérisoires qu'on en retirera. Ce qui est aujourd'hui menacé c'est l'intégrité de toute la vallée du Saint-Laurent, le cœur de notre pays réel» - GND.

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