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La lutte sera serrée... si la tendance se maintient!

Je me lance donc dans le jeu des prédictions en estimant que le prochain gouvernement sera minoritaire, dirigé par le Parti québécois, avec la balance du pouvoir à la Coalition avenir Québec.
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C'est la dernière ligne droite... Nous ne sommes plus qu'à quelques jours du scrutin et la tension est définitivement palpable.

Dans les circonscriptions, les bénévoles passent les derniers coups de fil afin de jauger l'appui populaire à leur candidat ; sur le plan national, les chefs sillonnent une ultime fois l'œcoumène du Saint-Laurent à la recherche d'une visibilité à la fois globale et locale - partout et nulle part simultanément disait un certain philosophe. Du côté des médias, on dévoile les derniers sondages, on cherche à analyser l'évolution de cette campagne électorale 2014. Pour certains, c'est le dernier tour de piste, tandis que pour d'autres, c'est le début d'une nouvelle aventure...

Or, à moins d'une semaine du vote, voici les questions qui refont continuellement surface : Quel parti héritera du pouvoir le 7 avril au soir ? Le PQ ? le PLQ ? la CAQ ? À quel chef la population du Québec octroiera-t-elle sa confiance ? Aurons-nous droit à un gouvernement minoritaire ou majoritaire ? Pour répondre à ces interrogations, il importe de discerner les diverses luttes de pouvoir, voire de reconnaître les terrains de bataille prédominants de cette campagne.

Cela va sans dire que la lutte sera extrêmement serrée dans certains comtés, car, si 95 circonscriptions sur 125 sont déjà assurées à l'une ou l'autre des différentes formations politiques, trente d'entre elles sont pratiquement imprévisibles. Parmi cette trentaine de subdivisions électorales, onze plus précisément constituent, à l'heure actuelle, des territoires « de possibilités » à surveiller, des espaces où la guerre de l'opinion publique ne permet aucune confirmation. Pour tout dire, ce sont principalement ces onze luttes qui permettront (ou pas) au PQ ou au PLQ de former un gouvernement « majoritaire » ...

10+1 luttes à surveiller

  1. La première lutte à surveiller est certainement celle de Roberval où se présente Philippe Couillard. Ce choc de titan entre le chef libéral et le péquiste Denis Trottier, réélu avec près de 6000 voix de majorité en 2012, représente une tentative audacieuse pour le chef, voire un couteau à deux tranchants. En effet, un gain porterait un dur coup au Parti québécois, alors qu'une défaite serait perçue clairement comme un désaveu à l'égard de Philippe Couillard. La circonscription de Roberval est donc loin d'être jouée à l'avance!
  2. La seconde bataille est celle opposant l'indépendante et très médiatisée Fatima Houda-Pépin à la très grosse pointure du Parti libéral, le Dr. Gaétan Barrette. La Pinière est une circonscription libérale depuis sa fondation, Fatima y étant la députée depuis 20 ans. Or, le duel est fort intéressant dans cette région de la Montérégie. En effet, les électeurs préfèreront-ils maintenir la tradition libérale où rééliront-ils leur députée sortante, et ce malgré le fait qu'elle ait été chassée du parti par le chef ? Ouf, à suivre...
  3. La grande région de la Capitale-Nationale constitue un territoire fertile pour que nous assistions à des rebondissements politiques spectaculaires. La lutte risque d'être extrêmement serrée dans six circonscriptions : Jean-Lesage (PLQ), Portneuf (CAQ), Vanier-Les-Rivières (CAQ), Montmorency (CAQ), Charlesbourg (CAQ) et Lévis (CAQ). Comme dirait l'autre : « Ça joue du coude dans les coins ». Les libéraux ont hors de tout doute des ambitions importantes pour les circonscriptions caquistes, mais le PQ n'est pas en reste, convoitant également cette région afin d'assurer sa majorité. La CAQ, quant à elle, cherche à solidifier sa position dans la capitale. Une tâche qui s'annonce définitivement complexe avec les deux autres partis qui jouent dans ses platebandes.
  4. À Laval-des-Rapides, Léo Bureau-Blouin serait-il en danger face à la candidature de Saul Polo, président du Parti libéral ? Une chose est certaine : le défi est de taille pour l'ancien président de la FECQ, alors que les Libéraux ont envoyé l'artillerie lourde pour reprendre l'ancienne circonscription d'Alain Paquet. Sur le terrain, mes sources me confirment que la guerre est entamée, chacun multipliant les apparitions publiques et serrant des mains dans ce comté imprévisible.
  5. La cinquième bataille est celle de La Prairie où les trois partis peuvent espérer l'emporter. En effet, lors de l'élection de 2012, la CAQ avait remporté cette circonscription avec 75 voix de majorité devant les péquistes, les libéraux n'étant pas très loin derrière. La Prairie représente le cas typique de la guerre des banlieues que se livrent les trois principales formations politiques. Or, il est clair que la clé de l'élection est le 450!
  6. Mégantic, voilà une circonscription qui a vécu un terrible drame l'été dernier. Actuellement détenue par le PLQ, cette région pourrait certainement basculer au profit du parti de Pauline Marois qui, rappelons-le, a géré efficacement la tragédie, multipliant les apparitions sur le terrain en compagnie de la mairesse Colette Roy-Laroche, un symbole fort de la résilience de la ville et de la région.
  7. L'île de Montréal est rarement le théâtre d'affrontements politiques électoraux, la majorité (pour ne pas dire la totalité) des circonscriptions étant d'ores et déjà acquises à l'un ou l'autre des partis. Or, à quelques jours du scrutin, deux luttes très intéressantes se dessinent dans la métropole : l'une au sud (Verdun) et l'autre au nord (Crémazie). D'abord, le Parti québécois souhaite, grâce à la candidature de prestige de Lorraine Pintal, prendre le château fort libéral de Verdun, laissé vacant par le départ du vétéran Henri-François Gautrin. Ensuite, le Parti libéral espère pouvoir soutirer Crémazie aux péquistes en opposant la présidente du CPN du parti à la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Diane De Courcy. Des luttes serrées et stratégiques pour les deux formations qui prétendent à la majorité.
  8. En Estrie, les circonscriptions voisines de Sherbrooke et Richmond constituent également des espaces conflictuels fort intéressants à surveiller, où à la fois le PQ et le PLQ peuvent aspirer à la victoire. Considérées comme des châteaux forts libéraux, ces circonscriptions ont été chaudement disputées lors de l'élection générale de 2012. D'ailleurs, Sherbrooke, où se présentait le chef libéral Jean Charest, avait basculé dans le camp péquiste avec l'élection de Serge Cardin, tandis que Richmond était demeurée libérale, mais avec une mince majorité de 269 voix. Ces deux régions sont donc des territoires chaudement disputés, elles qui pourraient permettre à l'une ou l'autre des formations de se rapprocher de la majorité tant convoitée.
  9. La neuvième lutte à surveiller est celle de Montarville en Montérégie. De fait, les trois partis ont clairement des prétentions sur cette circonscription caquiste. Nathalie Roy (CAQ) disputera son siège à l'Assemblée nationale à Simon Prévost (PQ), président des Manufacturiers et Exportateurs du Québec, et à Jacques Gendron (PLQ), un pharmacien d'expérience près de la population.
  10. Maskinongé est certainement la circonscription la plus impondérable. L'équilibre proportionnel lors du scrutin de 2012 (PQ = 29,9% ; CAQ = 30,0% ; PLQ = 32,1%) permet à chacun des partis de croire en ses possibilités de victoire. Pourtant de longue tradition conservatrice et libérale, Maskinongé est aujourd'hui marquée d'une incertitude aussi spectaculaire que l'a été l'État de la Floride lors de l'élection présidentielle américaine en 2000. Le résultat de cette lutte âprement rivalisée est pratiquement impossible à prévoir...
  11. Enfin, le portrait ne serait guère complet sans parler de l'Outaouais. Il est évident que la région adjacente à la capitale fédérale possède un long passé libéral. Cependant, le score obtenu, lors de la dernière élection dans Papineau, par Jean-François Primeau du Parti québécois (- 167 voix) permet à Pauline et son équipe d'espérer une première victoire dans cette région libérale depuis 1976. Sur le terrain, les sondages donnent les adversaires libéral et péquiste au coude-à-coude. Une lutte qui sera assurément fascinante jusqu'à la dernière minute.

Il ne faudrait pas oublier...

Par ailleurs, il ne faudrait pas omettre de mentionner certaines circonscriptions pivots. Par exemple, que se passera-t-il avec Blainville ? Réjean Hébert, l'ancien ministre de la Santé est-il en danger dans Saint-François ? L'Assomption pourrait-elle échapper au chef François Legault ? Martine Desjardins pourrait-elle déloger l'ancienne mairesse de Rosemère ? Qu'en est-il d'Arthabaska, des Mille-Îles, de Beauce-Nord... ? Définitivement, cette campagne, malgré que 75% des sièges soient pratiquement déjà garantis à l'un des partis en lice, est imprévisible à plusieurs points de vue. Les luttes dans les 30 circonscriptions restantes et, plus particulièrement, dans les onze présentées précédemment représentent la clé pour la victoire comme pour la défaite. Alea jacta est...

Mes prédictions

Je me lance donc dans le jeu des prédictions en estimant que le prochain gouvernement sera minoritaire, dirigé par le Parti québécois, avec la balance du pouvoir à la Coalition avenir Québec.

(Sur 125 députés)

PQ = 59

PLQ = 57

CAQ = 6

QS = 2

Indp = 1

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