La culture du gun... eh oui, la maudite culture du gun... Les États-Unis d'Amérique, lieu de toutes les possibilités, de toutes les convoitises, où le deuxième amendement est maître. Allez, dégaine!
La semaine dernière, c'était l'histoire d'un suprémaciste blanc qui a tué neuf personnes dans une église, tandis que ce week-end c'étaient deux histoires, similaires, mais pour des raisons différentes. La semaine prochaine, ce sera surement un déjanté ou un loup solitaire qui décidera d'ouvrir le feu dans une école, une synagogue, une garderie, une épicerie ou une entreprise de boîtes de carton. Il n'y a aucune certitude quant à l'endroit, mais on sait tous que ça arrivera... Reste plus qu'à attendre la répétition d'un vieux scénario...
Bien que ce genre de gestes existe depuis toujours au sud de la frontière, il semble que, depuis une vingtaine d'années, les fusillades se sont multipliées... Bien sûr, il y a eu celles - comme Luby's, Colombine, Atlanta, Red Lake, Virginia Tech, Covina, Fort Hood, Binghamton, Oikos, Sandy Hook, Denver et bien d'autres - qui ont été extrêmement médiatisées; mais, il y a aussi celles qui ont reçu beaucoup moins d'attention et de couverture média, celles dont on ne parle peu, ou pas. En fait, des fusillades et des meurtres par armes à feu, il y en a plusieurs par jour sur le territoire de l'Oncle Sam. Les statistiques ne trompent pas: ce sont en moyenne 30 000 décès par année qui sont attribuables à des armes à feu. Trente mille! C'est l'équivalent de la population totale des villes de Belœil et de Lachute réunies.
Depuis l'an 2000, on parle de plus d'un demi-million de personnes qui sont décédées des suites d'une arme à feu... Pour un pays se targuant d'être un modèle, il n'y a pas de quoi vouloir le répliquer. Devant de telles statistiques, il paraît clair que les armes constituent un problème majeur. Pourtant, la très arriérée NRA (National Rifle Association) continue de faire valoir que les armes représentent la seule solution valable face à ce fléau. Justement, lors de la fusillade de Charleston, la NRA a émis un communiqué dans lequel était stipulé que si les paroissiens avaient pu être armés pendant le service religieux, un tel drame ne se serait pas produit. Comme disait Johnny Upton dans le film Slap Shot en regardant jouer les frères Hanson: «Câlisse, j'rêve!».
En gros, on rejette la faute sur les pasteurs, les décideurs, ainsi que sur les victimes. C'est pathétique, une vraie honte!
C'est bizarre, mais les gens qui ne possèdent pas d'armes à feu tirent rarement sur le monde... Ainsi, il y a clairement des répercussions négatives derrière l'attitude américaine, voire derrière le principe du «droit aux armes» et ce qu'il engendre; tout comme il y a un impact positif sur le fait de restreindre, limiter l'achat et exercer un contrôle strict sur les fusils et révolvers. Le deuxième amendement est une loi (un droit) archaïque et nocive, dans un contexte où les impératifs et la réalité ont évolué depuis sa promulgation. La rhétorique de la NRA et de ses adeptes - le fameux discours du «More guns, to resolve gun problems» - est fallacieuse et hasardeuse. En fait, c'est tout simplement incohérent et débile. L'image du bon vieux cow-boy qui combat les bandits et les renégats, c'est l'époque du Far West, pas 2015!
À l'heure actuelle - où l'industrie des armes à feu représente près de 200 000 emplois, 2000 usines de fabrication, 7000 points de vente et de distribution, ainsi qu'un chiffre d'affaires environnant les 30 000 millions de dollars annuellement - les États-Unis sont pris au piège... car, pendant que circule sur son territoire le tiers des armes à feu de la planète, la culture du gun gagne de l'ampleur, tout comme les désastres qui viennent avec elle!
VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST
Les grandes dates du débat sur les armes aux USA
