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Comprendre notre quartier: une expérience vinicole

L'étude d'un quartier, par exemple celui de la Côte-des-neiges (CDN) à Montréal, nous dévoile qu'un espace urbain peut être comparé à une bouteille de vin, qu'elle soit un grand cru, une bouteille ordinaire, une bouteille détériorée ou bouchonnée. L'analogie entre les deux ne s'arrête pas au simple fait que chacun possède une histoire distincte.
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L'étude d'un quartier, par exemple celui de la Côte-des-neiges (CDN) à Montréal, nous dévoile qu'un espace urbain peut être comparé à une bouteille de vin, qu'elle soit un grand cru, une bouteille ordinaire, une bouteille détériorée ou bouchonnée. L'analogie entre les deux ne s'arrête pas au simple fait que chacun possède une histoire distincte.

Effectivement, les deux sont le résultat de caractéristiques spatio-temporelles spécifiques, mais assimilables, tout en étant marqués par une complexité et une concurrence interterritoriale. Bien plus, les deux, autant le quartier que le vin, sont le produit d'un long processus de constitution, se modifiant considérablement avec l'âge et les soins apportés, tout en produisant des résultats indéterminés. Notre perception est souvent influencée par le contenant (esthétique), par notre expérience avec le contenu (sensoriel) et par les représentations d'autrui, que ce soit via une connaissance ou encore la publicité. Malgré leurs différences conceptuelles et opérationnelles, ils sont analogiques. Bien que cette métaphore soit, pour certains, outrancière, elle n'est pas pour autant bancale; elle s'arrête cependant ici, car après tout l'objectif de cet article n'est pas de dresser un panégyrique de l'œnologie. À ce sujet, le quartier, comme tout territoire habité et contrairement au vin, met en scène une panoplie d'individus et d'actions, d'environnements et d'espaces, de relations et de rythmes qui se succèdent, se chevauchent et modifient instantanément nos pratiques réelles et potentielles.

À travers une approche phénoménologique, nous avons constaté que le quartier de la Côte-des-Neiges constitue un véritable «hub». Bien que la question de la mobilité ou encore celle de son histoire y soient pour quelque chose, d'autres éléments participent à la consolidation de ce statut. En fait, le quartier de la CDN s'inscrit parfaitement dans une double logique dite «d'espace des flux» et de «point de rupture». D'un côté, le quartier fait figure d'espace transitoire entre le centre-ville et les quartiers (ou villes) périphériques. Cela dit, la CDN (l'artère principale) peut être appréhendée comme un portail, une porte d'entrée et de sortie pour l'homobiliste. Le quartier est donc utilisé comme un lieu de passage et de transition entre un point A et un point B. De l'autre côté, le quartier doit également être perçu et compris comme un pôle d'échanges et de rapports importants, étant un espace aux visages pluriels avec notamment ses lieux dédiés au savoir, au commerce, à la culture, aux activités sociales, etc. Sur ce point, les nombreuses institutions d'enseignement (entre autres HEC, Poly, UdeM), l'éclectisme commercial (restaurants divers, boutiques spécialisées, grandes surfaces), les sites historiques, culturels et/ou touristiques (Oratoire Saint-Joseph, Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, lac aux Castors, etc.), les nombreux lieux de socialisation (cafés, pubs, bars et autres) et les espaces de divertissements et de loisirs tendent à confirmer ce raisonnement.

Par ailleurs, d'autres éléments viennent renforcer notre perception du quartier CDN en tant qu'espace important «de et pour» Montréal. La pluriethnicité (ayant déjà été à la fin du XXe siècle le quartier le plus multiethnique au Canada), la démographie (plus de 100 000 habitants), ainsi que la présence de jeunes étudiants et professionnels (près d'un tiers des résidents ont moins de 34 ans) en font un environnement complexe et dynamique, voire une zone pivot au nord du mont Royal. Comme une bouteille de vin, le quartier (de la Côte-des-Neiges) nécessite, afin de saisir ses subtilités et pleinement l'apprécier, une approche temporelle spécifique, une finesse, ainsi qu'une ouverture d'esprit. Au même titre que savourer un bon verre de vin exige des pauses fréquentes dans le but de stimuler nos perceptions sensorielles, l'analyse phénoménologique d'un quartier requiert le même genre de processus.

En somme, la technique du flânage s'avère donc tout aussi utile pour une soirée de dégustation de produits vinicoles que pour la compréhension de notre environnement...

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