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Ma génération est en colère

L'environnement se dégrade dans la totale indifférence des élites politiques et économiques, les inégalités se font de plus en plus grandes, l'aliénation au travail s'intensifie, la qualité de nos institutions d'éducation est en chute libre et c'est la même chose pour la santé.
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Ma génération a tué le New Labour britannique, elle a profondément traumatisé l'establishment démocrate, en France elle a laissé crever le PS pour investir les rangs de Mélenchon. Podemos et Die Linke sont désormais des phénomènes incontournables de la vie politique de leur pays respectif. Au Québec, il va sans dire que le PQ ne perd rien pour attendre. Son tour viendra bien vite.

Si pour l'instant ce ne sont pas les grands partis de droite qui y goûtent, c'est seulement parce qu'avant il faut se débarrasser du cran de sécurité que représente le discours d'extrême centre qui, depuis des dizaines d'années, ne fait que consolider la tendance néolibérale. À vrai dire, nous pouvons même nous demander si ces partis ne sont pas pires que ceux qui s'assument à droite et cela à cause de leur malhonnêteté. Se pavaner avec un carré rouge pour ensuite augmenter les frais de scolarité et faire un usage tout aussi répressif de la police que le gouvernement précédent, voilà un tableau assez évident de ce que représente la mascarade centriste.

Ce n'est pas un peu moins de néolibéralisme que nous voulons, c'est sa fin. Impossible? Excessif? C'est ce qui est souvent rétorqué comme argument. Le hic, c'est qu'il y avait un avant le néolibéralisme et qu'il peut facilement y avoir un après. Après tout, un système économique et politique ça reste un choix, une construction sociale qui, dans ce cas, a des conséquences désastreuses. Le mensonge du statu quo qu'il faudrait préserver sous peine de subir les dix plaies de l'Égypte ne marche plus et c'est tant mieux. Ma génération est en colère et celle-ci est tout à fait légitime si l'on se penche sur les conséquences du cul-de-sac qu'est l'alternance entre un néolibéralisme assumé et ravageur et un néolibéralisme qui avance masqué. L'environnement se dégrade dans la totale indifférence des élites politiques et économiques, les inégalités se font de plus en plus grandes, l'aliénation au travail s'intensifie, la qualité de nos institutions d'éducation est en chute libre et c'est la même chose pour la santé.

L'environnement se dégrade dans la totale indifférence des élites politiques et économiques, les inégalités se font de plus en plus grandes, l'aliénation au travail s'intensifie, la qualité de nos institutions d'éducation est en chute libre et c'est la même chose pour la santé.

Qu'ont fait les partis de centre gauche face à cette situation? Les plus courageux ont opté pour un statu quo, ne coupant plus dans rien, mais ne renversant pas la tendance non plus. Mais la forte majorité de ces partis a en réalité poursuivi l'élan néolibéral en l'emballant dans un discours pseudo-progressiste. Les dirigeants de cet ersatz de gauche doivent déjà sentir l'eau commencer à bouillir. Tout comme Égisthe dans la pièce de Sartre, ceux-ci avaient un secret bien gardé : les jeunes sont libres. Ils et elles sont libres parce que le cynisme et l'habitude n'ont pas encore grugé leur fougue et que c'est elle qui alimente la colère festive qui leur donne envie de partir à l'assaut de la machine qui tente de les broyer. « Parbleu, s'ils le savaient, ils mettraient le feu aux quatre coins de mon palais. Voilà quinze ans que je joue la comédie pour leur masquer leur pouvoir », s'écrie le fameux Égisthe dans Les Mouches. Je m'imagine très bien tous les Lisée de ce monde avoir cette réaction en découvrant que malgré tout leur arsenal stratégique, c'en est fini de leurs espoirs de reprendre ou de garder le pouvoir.

Une nouvelle gauche émerge à l'heure actuelle et cela est manifeste à plusieurs endroits sur le globe. Si à bien des endroits le premier round a été gagné en mettant l'ersatz de gauche au tapis, il reste des endroits où cela n'est pas encore arrivé et où cela reste bien évidemment à faire. Mais une fois cette tâche accomplie, la vraie bataille commencera et il y a fort à parier qu'il faudra utiliser nos deux poings. Si le premier est bel et bien la jeunesse, le second consiste à forger une sorte de ligue internationale permettant de mettre K.O. le néolibéralisme mondialisé. Une gauche internationale pour lutter contre un néolibéralisme mondial, voilà ce qui s'en vient, mais avant il faut en finir avec l'ersatz de changement qu'on nous vend depuis des lunes.

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