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L'antilogie capitaliste, critique et alternatives (II)

Pour briser l'aliénation politique de l'électeur se retrouvant face à un pouvoir constitué par son consentement arraché, il est nécessaire de changer de paradigme démocratique.
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La critique esquissée dans le billet précédent a démontré qu'une faille majeure du capitalisme résidait dans sa finalité d'accroissement du principe de rendement aux dépens du principe de plaisir ou de vie. En conséquence, les alternatives devront remettre la satisfaction des besoins humains en leur centre et limiter au minimum l'effort de productivité aliénant. Ainsi, nous devons reprendre le principe «de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins» afin de guider les alternatives postcapitalistes.

Bien entendu, ce billet de quelques centaines de mots ne suffira pas pour expliquer et justifier un quelconque modèle et il s'agira simplement d'effleurer le sujet afin de brosser le portrait d'une possibilité postcapitaliste. Plusieurs alternatives économiques et politiques se concurrencent tout en respectant l'impératif empêchant l'aliénation, et l'auteur du présent texte ne prétend aucunement avoir une opinion infaillible. C'est à l'aide de trois théories différentes (anarchosyndicalisme, municipalisme libertaire et économie participaliste) qu'il tente de former sa propre ébauche de société postcapitaliste.

D'emblée, il s'agit de rompre avec la propriété privée ou étatique des moyens de production. Les entreprises ne seraient pas nationalisées, mais bien socialisées ou collectivisées. Cela signifie, entre autres, qu'elles se retrouvent entre les mains de comités de contrôle autogestionnaires élus en assemblée générale par les membres de la firme. Les postes sont évidemment révocables à tout moment si la majorité le désire et le mandat habituel est généralement prévu pour une durée de deux ans, avec la moitié des postes en élection chaque année. Cette autogestion du milieu de travail a pour but de donner un réel contrôle aux travailleurs et travailleuses sur leur vie et leur emploi du temps quotidien.

Évidemment, l'autogestion ne peut fonctionner entreprise par entreprise sans une certaine coordination globale. Or, un conseil général de l'industrie devrait nécessairement assurer une telle tâche. Encore une fois, cette instance serait composée de membres élus démocratiquement par des délégués provenant des diverses firmes à sa base.

En ce qui concerne les tâches du conseil général industriel, elles consistent essentiellement à coordonner la gestion de la production et des besoins de chacune des entreprises autogérées. Le but est d'éliminer le principe de compétition pour l'octroi des ressources. Ainsi, chaque lieu de travail devrait avoir accès au nécessaire pour produire selon un plan établi à l'aide des statistiques et des recensements réunis par une autre instance : le conseil de consommation.

Tout comme les instances autogestionnaires de production, les conseils de consommation sont constitués de membres élus en assemblée générale. Leur fonction technique de formulation d'impératifs de consommation à partir de recensements et de statistiques obligerait, malgré la démocratie, des qualifications particulières permettant de resserrer un peu le nombre de candidats et de candidates. Par ailleurs, cette instance joue un rôle clé dans une économie postcapitaliste, puisque le renversement recherché est d'indexer la production sur les besoins au lieu d'indexer les besoins sur la production, comme c'est actuellement le cas.

En ce qui concerne les questions politiques, il semble évident que pour briser l'aliénation politique de l'électeur se retrouvant face à un pouvoir constitué par son consentement arraché, il est nécessaire de changer de paradigme démocratique. Ainsi, il est possible d'imaginer une structure plutôt au ras du peuple qui se situerait au niveau municipal. C'est ici qu'il faut puiser des éléments chez Bookchin, qui explique parfaitement que la démocratie pourrait se bonifier grandement si elle devenait plus locale que nationale.

En réalité, les concepts de «nation», de «pays» et d'«État» n'auraient rien à voir avec la structure politique postcapitaliste consistant plutôt en une fédération de municipalités autogérées. Cette même fédération s'établirait une fois de plus sur des institutions avec des postes élus par les délégués des différentes municipalités autogérées, et comporterait notamment le fameux conseil général industriel mentionné plus haut.

«L'individu, et avec lui les droits et libertés de l'individu, est quelque chose qui reste à créer, et qui ne peut être créé que par l'intermédiaire du développement de relations et d'institutions sociales qualitativement différentes.» Voilà un projet des plus intéressants exprimé par Marcuse dans la préface d'Éros et Civilisation. Travailler au dépassement d'une réalité oppressive est certes une tâche intéressante et importante. C'est également une tâche qui doit être appropriée par tous et par toutes. C'est dans cette optique qu'a été conçue l'esquisse présentée ci-contre.

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