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Cannabis: pour en finir avec la violence sociale

La fin de la répression qui concernait le cannabis doit être saluée. Toutefois, elle ne doit pas être considérée comme une victoire finale.
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L'inefficacité de la prohibition du cannabis ne fait aujourd'hui plus aucun doute. Non seulement la guerre contre cette drogue s'est avérée coûteuse, mais en plus, elle n'a pas réussi à endiguer la consommation puisqu'une très forte proportion de la population consomme ou a déjà consommé du cannabis. À vrai dire, il semble que même dans les rangs de l'opposition officielle le combat soit jugé vain et presque inutile. Pour de plus en plus de gens, la légalisation serait donc une mesure de bon sens.

Or, si ce débat semble clos, il ne faut pas oublier de faire le bilan de cette prohibition. Car si les arguments relatifs au coût et à l'inefficacité de cette mesure ont bel et bien été avancés, très peu d'interventions ont porté sur la violence sociale consubstantielle à l'histoire de la prohibition. Le fait que l'histoire de la prohibition du cannabis et de plusieurs autres drogues soit une histoire politique particulièrement imprégnée de racisme d'autres rapports de pouvoir a pourtant bel et bien été analysé, et ce, depuis longtemps. Entre autres choses, il faut rappeler que la vague de législations interdisant tout ce qui était directement lié avec les différentes drogues a servi de prétexte afin d'instituer plus de contrôle social sur certains groupes. C'est ainsi que le Canada et les États-Unis développèrent des lois interdisant la consommation d'opium puis de cannabis avec des campagnes stigmatisant particulièrement les Afro-Américains ainsi que les personnes provenant de la Chine et du Mexique. Cette vague prohibitionniste finira bel et bien par toucher la drogue des blancs et des blanches: l'alcool. Cependant, les législations tombèrent bien vite contrairement à celles qui touchaient aux autres drogues.

Cette offensive eut des répercussions bien réelles au Canada et montra surtout le vrai visage de la prohibition, à savoir la répression et la violence sociale.

Une autre vague de violence sociale portée par la prohibition des drogues eut lieu quelques décennies après la Seconde Guerre mondiale. Dans le contexte de l'époque, les mouvements de contestation étaient à leur paroxysme un peu partout en occident et la contreculture était à son plus fort. La consommation de narcotiques divers et la mixité culturelle qui symbolisaient cette contestation ont été l'occasion pour le pouvoir américain d'amorcer les premières expériences de sa fameuse guerre contre la drogue qui sera ensuite imposée par les présidents Reagan et Bush. Cette offensive eut des répercussions bien réelles au Canada et montra surtout le vrai visage de la prohibition, à savoir la répression et la violence sociale.

Il est donc heureux que le cannabis soit légalisé, certes, mais ce n'est pas suffisant. C'est un changement complet de paradigme qu'il aurait fallu amorcer puisque la question des narcotiques devrait avant tout être considérée comme une question de l'ordre de la santé publique et non comme une question de criminalité. Consommer ne devrait pas être un acte criminel. La consommation et la dépendance sont des actes qui, à l'instar de la consommation d'alcool et de l'alcoolisme, devraient être traités avec toute l'aide nécessaire et certainement pas avec des agents et des agentes de police, des juges et des prisons. La fin de la répression qui concernait le cannabis doit être saluée. Toutefois, elle ne doit pas être considérée comme une victoire finale. Le processus menant à un renversement de perspective sur la façon de percevoir les drogues ne fait que commencer.

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