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Du racisme inversé, vraiment?

Les personnes qui s'insurgent dans le cas de Katerine Lune Rollet sont bien silencieuses quand des citoyens dénoncent avec raison un racisme systémique au Québec en exigeant une commission sur le sujet qui concerne des milliers de personnes, et non pas une seule.
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Quand un média de masse choisit délibérément comme titre Congédiée parce qu'elle est blanche?, il n'en faut pas plus pour soulever une mini tempête sur les médias sociaux.

Racisme inversé (comme si ça existait!) scandent certains, ou racisme anti-blanc alors que l'ironie c'est que ce sont majoritairement des blancs qui prennent ces décisions. D'autres dénoncent aussi le vol d'une job à une blanche. Je vais vous avouer timidement, que si nous avions toujours ce sentiment d'injustice à l'égard de tout le monde pour une job, peu importe la couleur de peau, l'orientation sexuelle, le genre, la religion, etc. maudit qu'elle serait belle et juste notre société distincte!

Premièrement, ne faudrait-il pas indiquer qu'elle a été congédiée, mais plutôt que son contrat n'a pas été renouvelé. Ceci n'atténue certainement pas le fait de se retrouver sans ce poste, pour Katerine-Lune Rollet, mais il y a certainement un monde de différence au point de vue légal.

Une question fondamentale que nous devons nous poser est pourquoi la direction de MaTV a sciemment décidé de divulguer à l'animatrice que son non-renouvellement était intimement lié au fait de vouloir la remplacer par quelqu'un issu de ce qu'on appelle les «minorités visibles». Nous pouvons tous imaginer cette scène « Ma chère Katerine ce n'est pas que tu n'es pas bonne, mais on n'a pas le choix de faire de la place pour la diversité». Cette discrimination, censée être positive, est tout de suite vécue à tous les différents niveaux comme étant négative, devient un fardeau et non pas une contribution nécessaire à la société québécoise. Il y a pratiquement lieu de se demander si MaTV n'a pas été le catalyseur de cette crise qui n'en n'est pas une.

De plus, n'est-ce pas paradoxal que l'une des rares chaînes de télévision québécoises qui a comme mandat la représentation de la diversité se fasse rabrouer pour sa mission alors qu'il y a des dizaines de chaînes de télévision où la blancheur domine l'écran 24 heures sur 24? Il s'agit de centaines, voire de milliers d'emplois sur ces chaînes, alors qu'ici on parle de quelques-uns sur une chaîne de second plan, un poste communautaire, je vous le rappelle.

Même Katerine-Lune Rollet admet candidement que «notre télévision est beaucoup trop blanche et qu'il faut bouger » tant et aussi longtemps, semble-t-il, que ça ne touche pas à ses propres privilèges. Mais ce qui est le plus blessant dans ses propos et ceux de bien d'autres, c'est de dire qu'elle est remplacée «par quelqu'un de plus basané ou bridé », ce judicieux choix de mots criant de stéréotypes, mais surtout dévalorisant aussitôt les compétences de groupes de personnes racisées, comme si elles étaient choisies uniquement à cause de leur «race» et non de leurs compétences. C'est ce même type de discours que beaucoup d'hommes tiennent encore aujourd'hui à l'égard des femmes.

Ce type de discours, encore trop populaire au sein de notre société, contribue largement au fait que des milliers de gens n'auront pas accès à un emploi ou à une simple entrevue d'embauche à cause de leur nom à consonance autre que canadienne française. Au fait qu'il manque plus de 25 000 employés issus des minorités racisées au sein de la fonction publique au Québec. Qu'année après année, des gens de tout horizon se soulèvent pour dénoncer le manque frappant de diversité au sein de nos médias québécois. Qu'un tel sujet sera débattu entre blancs à des postes de radios dont le 98,5, la radio la plus écoutée à Montréal et que parmi leurs 15 animateurs et 37 chroniqueurs, pas un seul n'est issu des communautés racisées, même si celles-ci composent 33% de l'île de Montréal.

Les personnes qui s'insurgent dans le cas de Katerine Lune Rollet sont bien silencieuses quand des citoyens dénoncent avec raison un racisme systémique au Québec en exigeant une commission sur le sujet qui concerne des milliers de personnes, et non pas une seule, un racisme systémique qui fait perdre littéralement des milliers d'emplois annuellement sur le seul motif de la pigmentation. C'est de cette injustice-là dont il faut parler!

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Mai 2017

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