Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les Iraniens et les cowboys de la vertu

Les Iraniens et les cowboys de la vertu
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

La signature d'un accord préliminaire, sur le programme nucléaire iranien, a été reçue positivement par la plupart des pays. Fait inusité, les pires ennemis du Moyen-Orient (Israël et l'Arabie Saoudite) et ont dénoncé froidement cet accord. Il s'agirait d'un "mauvais accord" selon Netanyahu, qui a accueilli en héros François Hollande, lors de sa visite en Israël, après que la France ait mis fin aux dernières discussions entre les pays concernés et l'Iran. Alors que les Saoudiens n'ont point cessé de faire pression sur Obama, afin qu'il ne signe pas cet accord.

  • En réalité, cet accord est une victoire éclatante et ostentatoire pour le nouveau président Hassan Rohani qui a réussi, en l'espace de 100 jours après son élection, à démontrer son sérieux et sa capacité à ouvrir l'Iran sur le monde. Et ainsi, le président Rohani envoie un vif signal démontrant l'envie de la république iranienne de retrouver sa place de leader, en particulier parmi les nations musulmanes.

L'accord sur le nucléaire iranien gène Israël et les pays du Golfe pour une raison simple, celle que les Iraniens seront les maîtres du Moyen-Orient au cas où ils détiendraient la bombe nucléaire. Cette bombe leur permettra de se défendre contre toute attaque venant d'un pays tiers. Il faut avouer que depuis la Révolution islamique, l'Iran fait peur aux Saoudiens, spécifiquement car ces derniers n'aiment pas voir le changement des régimes politiques des pays voisins. Ils l'ont si bien prouvé lors des soulèvements qu'ont connus les pays arabes (Tunisie, Égypte, Yémen, Libye ...). La diplomatie saoudienne est restée discrète publiquement, avec un langage diplomatique insignifiant, mais tellement active et agressive des les coulisses, afin de faire avorter toutes tentatives de faire appliquer un minimum de lois démocratiques.

Les Iraniens ne peuvent pas endurer un président-dictateur pendant 30 ans, car le système électoral est plus fiable que chez les pays voisins. Alors, le roulement présidentiel est appliqué et chaque président apporte un plus, et le président Hassan Rohani semble bien parti. Par ailleurs, les Saoudiens manifestent ouvertement leur peur de l'expansion du chiisme, autant à l'interne que dans les pays musulmans.

Quelques questions m'interpellent à chaque reprise: pourquoi avoir une peur bleue du chiisme? Les chiites ne sont-ils pas aussi des musulmans? N'ont-ils pas une grande similitude avec les sunnites? Alors, pourquoi les combattre au point de s'allier avec les ennemis du monde arabe et musulman? Je note une contradiction. La réponse me parait simple. Il s'agit tout simplement du wahhabisme, une vision rigoriste d'un islam tellement conservateur et autoritaire qu'il ne ressemble point à l'islam original, celui de la compassion, du vivre et laisser vivre, de la non contrainte et de la paix.

Cet accord permettra aux Iraniens de développer un uranium à hauteur de 5%, juste assez pour développer une industrie nucléaire, dite pacifique, qui ne servira qu'à produire de l'électricité pour alimenter la population et les industries. En contrepartie, l'Iran pourra récupérer progressivement près de 100 milliards de dollars gelés ... Selon des estimations de sources américaines, l'Iran perd 5 milliards de dollars chaque mois et aurait déjà perdu quelque 120 milliards de dollars. Au même temps, du fait du maintien des sanctions bancaires et pétrolières l'Iran perdrait quelque 30 milliards.

Maintenant que l'Iran a démontré sa bonne foi d'ouvrir un nouveau chapitre dans ses relations internationales, que les États-Unis semblent vouloir passer à une étape constructive et que la communauté internationale semble être essoufflée par les nombreux conflits touchants les pays du Moyen-Orient, il est impératif que l'ONU prenne le dessus, via le Conseil de sécurité, pour naturaliser les rapports et s'attaquer aux vrais problèmes, c'est-à-dire la guerre civile internationalisée en Syrie et le dossier israélo-palestinien.

Avec cet esprit tendu au Moyen-Orient, certains pays ont assez fait perdre d'argent et d'énergie à l'Iran. Car contrairement aux pays du Golfe, par exemple, l'Iran a une vraie population à nourrir, à développer et à soutenir, le pays a aussi de vrais défis à entretenir et il n'en a relevé plusieurs depuis 30 ans.

Tout le monde est gagnant lorsque les négociations se font d'une manière transparente et le peuple comprend lorsqu'elles se font en secret, pour éviter, tout simplement, que les agents indirects des conflits ne parviennent pas à faire échouer les plans... Par contre, la France tombe de son piédestal quand elle a torpillé un accord, si prêt à être signé, afin de sauver la visite du président Hollande en Israël et lui éviter les doléances de Netanyahu.

Une question ressort: la France négocie-t-elle pour la non-prolifération des armes nucléaires ou négocie-t-elle par procuration pour le compte d'autres acteurs?

En passant, qu'en est-il du nucléaire réel israélien? Fait-il peur aux Saoudiens comme le programme iranien?

Rohani, Yes he Can

Personnellement, le jour où ces mêmes gouvernements négocieront de bonne foi pour éradiquer le paludisme, le sida ou le cancer, je boirai un coup à la santé du monde. En attendant, ces gouvernements ratent encore la cible et aucun d'eux ne traite vraiment les affaires qui importent les populations.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

2003

Crise sur le nucléaire iranien : les grandes dates

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.