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La mort du hamburger, du jeans et de l'Amérique: possible?

Tout déclin commence par l'interne, soit par des guerres intestines, soit par la mauvaise gouvernance. Et à ce stade, le pays de l'oncle Sam vit les deux.
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Obama peut-il éviter la prophétie du déclin américain?

La volte-face sur la Syrie, le gain de la vision russe axée plutôt sur le dialogue que sur le bombardement. L'humiliation mondiale sur la manière d'espionner, car c'est un secret de polichinelle que les États se surveillent, surtout au niveau industriel. Les Russes espionnent aussi, de manière intelligente. Le rapprochement notable entre le nouveau président iranien et l'Occident, notamment les Américains, poussent les alliés indéfectibles des États-Unis (Arabie saoudite et Israël) à réévaluer leurs relations diplomatiques. Ces derniers perçoivent Obama comme un indécis, un peureux voire même un joueur de double jeu, ce qui est faux. Comme disait le général de Gaulle: "Les États n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts". Le président Barack Obama a été rétrogradé moralement par le magazine Forbes, en le mettant derrière le président Poutine sur la liste des personnes les plus puissantes au monde. Néanmoins, il faut relativiser les positions d'Obama, puisque les sondages internes et la grogne de la population américaine est grandissante face au chômage et la crise économique.

Peut-on miser sur le déclin des États-Unis ?

Militairement, oui, puisque les Américains n'ont plus ce monopole de la force inégalée. D'ailleurs, ils ne possèdent qu'environ 200 bateaux de guerres, comparativement à plus de 500 lors du règne du président Reagan.

L'endettement et les déficits poussent les Américains à penser de diminuer le financement des armées et des services secrets, jusque-là vaches sacrées intouchables. La montée en puissance de la Chine et le retour de la Russie, après une dormance de vingt ans, devraient inquiéter les généraux américains.

Au niveau de l'innovation et du développement, les Américains sont, encore et pour longtemps, les chefs de la planète. D'ici cinq ans, les soldats américains pourront être couverts et protégés par des robots de guerre. Il s'agit d'engins conçus pour diverses fonctions. De la mission de déminage à celle de transport de matériel, ces engins peuvent servir directement sur les terrains de combats. L'armée américaine ne s'investit plus directement dans les guerres, elle va le faire indirectement.

L'administration militaire envisage avoir recours à des formateurs militaires pour renforcer les capacités des alliés, soit en Syrie, en Corée, en Israël, en Afghanistan et ailleurs. Les dépenses militaires représentent 4,7% du PIB américain, un record mondial. En plus, la CIA, la puissante agence américaine de renseignement, a un budget de 14,7 milliards de dollars en 2013 et ses effectifs dépassent les 21 000 personnes. En plein précipice budgétaire, et avec une dette incontrôlable, les Américains ne peuvent plus se permettre de telles dépenses, si importantes soient-elles pour assurer leur suprématie et assurer leur hégémonie mondiale.

Par ailleurs, l'oncle Sam a perdu sa légitimité sur le plan de la justice et de la défense des libertés. Après la 2e guerre en Iraq, Georges Bush fils a pris des décisions impopulaires et surtout de manière unilatérale ("With us or against us"), l'utilisation des drones, etc... Malgré la venue du président Obama, rien n'a changé. L'Amérique utilise de plus en plus de drones au Yémen, au Pakistan et ailleurs; les récentes fuites d'Edward Snowdon montre que les Américains espionnent de manière mal habile, ce qui pousse plusieurs personnes à penser que le mal est érigé en système chez nos voisins du Sud, et que les présidents successifs ne peuvent qu'endosser le rôle d'avocat du diable, puisque l'hégémonie a un prix à payer.

Qu'en est-il de l'économie et des finances?

Ils ont été la clé pour asseoir la suprématie américaine. Le gendarme du monde, malgré sa richesse intérieure, n'a cependant plus les moyens face à la montée de la Chine. La décision du 15 août 1971, date de la rupture du lien de parité fixe or-dollar, a été, pour plusieurs nations, un échec, notamment pour François Mitterrand qui s'est fait débouté lorsqu'il a essayé de récupérer son or des Américains. Si les problèmes financiers sont clairement identifiés comme un handicap pour la continuité de cet empire, il est tout autre pour son économie, encore la plus forte au monde, son système financier, encore plus puissant que jamais, malgré l'endettement des banques américaines. Ces dernières ont reçu des milliards en aide et en recevront certainement dans le futur, y compris par les richissimes chinois, arabes et autres. Pourquoi? Tout simplement, parce que si les banques américaines tombent, le monde financier mondial s'écroulera. D'où le proverbe arabe: "Le noyé s'accroche à un autre noyé".

D'autre part, la Chine, principal prêteur des Américains, ne restera pas sans réclamer son dû à un moment donné. Le Proche-Orient entre en jeu de temps à l'autre, pour faire du chantage à la maison blanche, surtout lorsque la maison blanche tente d'apaiser les tensions vis-à-vis du dossier iranien ou du conflit israélo-palestinien. Sans oublier que les pays arabes du Golfe transforment exponentiellement leurs dollars en euros.

Qu'en est-il de la santé intestine des Américains?

Tout déclin commence par l'interne, soit par des guerres intestines, soit par la mauvaise gouvernance. Et à ce stade, le pays de l'oncle Sam vit les deux.

La faible imposition fiscale des riches et des grandes corporations, qui usent de leurs influences pour niveler les impôts vers le bas, a poussé les secrétaires d'État au Trésor à toujours réduire les aides sociales, ce qui augmente directement la pauvreté, la précarité des familles et la criminalité. Il y a un sentiment d'injustice prégnant chez les Américains face à leur système gouvernemental et économique.

D'autre part, la classe politique ne représente plus les électeurs. Elle représente les lobbies et les intérêts des plus influents. Si le gouvernement américain participe à la guerre en Libye, c'est d'abord pour mieux gruger les réserves pétrolières de ce pays, mais aussi, pour instaurer un nouvel ordre au Moyen-Orient; donc l'Américain moyen ne gagne rien en échange, et il payera sans doute plus d'impôts pour supporter ses troupes. De quoi élargir la fracture sociale et accentuer le cynisme ambiant.

L'empire américain a commencé son déclin, le jour où il a oublié ses principes fondateurs. Abraham Lincoln serait déçu de voir que l'américain, noir et blanc, vit comme esclave sous la domination d'une minorité de charogne. Il serait déçu de voir que les programmes sociaux sont inexistants, face à une élite qui en bénéficie grandement.

Voilà une belle émission qui traite ce sujet (des émissions de ce genre nous manquent au Québec malheureusement...)

En voilà une autre, sur l'Occident en général dans une vision européenne, avec Alain Finkielkraut, Fabienne Brugere, Maboula Soumahoro, Élisabeth Lévy, François Langlet, Abdennour Bidar.

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