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Pour Noël, j'aimerais manger trois fois par jour...

CONTE DE NOËL: Serrant son petit sac brun garnit d'un sandwich au paris pâté et d'une canette de liqueur, il demande à celui censé réaliser tous les souhaits la chose suivante: «pour Noël, j'aimerais que nous puissions manger trois fois par jour...»
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Des contes de Noël pleins de joie, d'amour, d'espoir, de peur, de colère, de fantasmes... C'est le calendrier de l'Avent du Huffington Post Québec. Retrouvez chaque jour un conte de Noël en attendant le passage du père Noël.

C'est l'histoire de Jimmy. L'histoire d'un enfant aux parents démunis. C'est un récit comme il en existe tant d'autres. C'est le quotidien d'une famille dépouillée et écorchée.

Jimmy se rend à l'école tous les matins avec ses bottes non adaptées à l'hiver québécois et avec son manteau de seconde main trop grand pour lui. Il porte le même survêtement chaque jour; celui en polar que sa grand-mère lui a donné l'an dernier. Les flocons de neige tombent sur ses cheveux ébouriffés et le froid s'incruste par ses lèvres gercées.

En route vers l'institution, il s'attarde aux lumières et aux guirlandes qu'il croise sur sa route. Ses mains dessinent de petits cercles imaginaires pour balayer la neige qui tombe devant ses yeux illuminés par tant de magie. Parfois, il aperçoit un sapin bien garni et décoré au pied duquel trône une montagne de cadeaux.

Cependant, ce n'est pas ce qui retient son attention. Ce qui le captive, c'est l'odeur émanant des foyers. L'odeur des tourtières et de la dinde en train de cuire. L'odeur du feu qui sort de la cheminée. L'odeur des rires qu'il perçoit à travers les fenêtres givrées. Il n'a jamais eu la chance de partager un vrai repas de Noël. Ses parents doivent même se priver pour qu'il puisse engloutir une tranche de pain chaque matin... Les banques alimentaires, bientôt aussi vides que son réfrigérateur, crient famine elles-aussi.

Lorsqu'il voit ses camarades jeter certains aliments aux ordures, l'envie lui prend de tendre la main pour les récupérer, mais de quoi aurait-il l'air? Il ne veut pas avoir l'air de «ça».

Jimmy ne veut pas avoir le dernier jouet à la mode. La seule chose qu'il aimerait, c'est voir ses parents sourire. Pouvoir retirer les cernes de la misère et de la fatigue accrochés à leurs visages. Il aimerait ne plus rencontrer la gravité avec laquelle son père ouvre les factures qui s'empilent et même s'il ne sait pas ce que veut dire «être à bout», Jimmy entend sa mère répéter ces mots assez souvent pour savoir qu'ils n'ont rien de joyeux.

Jimmy est jeune; il a huit ans à peine. Mais il comprend. Même s'il sait que le père Noël n'existe pas, il prend tout de même place sur ses genoux à l'heure du dîner à la cafétéria. Serrant son petit sac brun garnit d'un sandwich au paris pâté et d'une canette de liqueur, il demande à celui censé réaliser tous les souhaits la chose suivante: «pour Noël, j'aimerais que nous puissions manger trois fois par jour...» Jimmy n'entend pas la gorge du père Noël se nouer.

S'il sait que le père Noël n'existe pas, il ne sait pas qui se cache derrière le costume. Celui qui se trouve derrière la barbe blanche, c'est le directeur de l'établissement.

Quelques jours plus tard, le téléphone sonne chez Jimmy. C'est le directeur. Il veut rencontrer ses parents. Celui-ci ne comprend pas. Il n'a rien fait de mal. Ses parents, inquiets, se présentent au rendez-vous. Tout au long du trajet, ils se demandent ce que leur fils a fait. C'est l'école la plus proche dans le quartier. Ils ne pourraient se permettre de l'envoyer plus loin et de devoir payer un service d'autobus.

C'est alors qu'ils sont reçus dans une cafétéria illuminée par les plus belles décorations de Noël. Le personnel s'est mobilisé afin d'offrir à cette famille, comme à d'autres, la soirée de fête à laquelle elle a droit. Des cartes-cadeaux provenant de diverses épiceries du coin sont distribuées. Les employés de la cafétéria ont accepté de travailler un soir de plus afin d'offrir à ces familles un moment de répit. L'odeur de la dinde se fait sentir. Les portions sont distribuées à volonté.

Jimmy voit ses parents pleurer, mais il sait que cette fois, ce sont des larmes de joie.

Plus de 100 000 nouvelles demandes d'aide alimentaire d'urgence ont été placées lors de la dernière année, pour un total de 1,7 millions par mois. Plus du tiers de ces demandes seraient pour les enfants. Les banques alimentaires ne fournissent plus. 49,1 % des organismes ont été contraints de réduire leur aide et plus de 13% ont dû fermer leurs portes. Selon le directeur des Banques alimentaires du Québec, Zakary O. Rhissa, un don de 1$ permet de fournir trois repas. Pouvoir se nourrir adéquatement ne devrait pas être un luxe, mais un droit.

Les contes de Noël de notre calendrier de l'Avent:

1er décembre:Un joli compte de Noël - Réjean Bergeron

2 décembre: Le père Noël n'existe pas - Bianca Longpré

3 décembre:Le dernier cadeau - Yannick Marcoux

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