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Pourquoi nous avons besoin de solutions et de belles histoires

Plusieurs choses président à une belle histoire. Elle nous fait croire en l'humain, nous fait renouer avec l'humanisme, cette notion placardée partout mais très peu appliquée en réalité.
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Plusieurs choses président à une belle histoire. Elle nous fait croire en l'humain, nous fait renouer avec l'humanisme, cette notion placardée partout, mais très peu appliquée en réalité. Elle nous fait ressentir qu'il existe une solidarité transfrontalière, transculturelle et transgénérationnelle. Un proverbe sénégalais résume très bien cette dimension universelle: «De l'humain, l'humain est le remède».

Une belle histoire est toujours le triomphe de ce qui est beau dans l'humain, contre ce qui est mauvais. C'est un affrontement entre lumière et obscurité, la victoire du meilleur de l'humain, sur le pire, c'est toujours une leçon de courage, de générosité, de gratuité relationnelle.

La belle histoire véhicule l'idée qu'il existe un remède au marasme que nous traversons, elle est porteuse d'avenir, elle réconcilie tout le monde, elle fédère, et porte l'antidote aux temps désastreux et au climat suicidaire.

La belle histoire doit être aux prises avec le quotidien pour augmenter les capacités de son public à s'identifier à elle. Elle rend accessible l'héroïsme à tout le monde. Ce n'est pas le triomphe d'une volonté surhumaine, c'est le triomphe d'un dépassement de l'adversité.

Même si l'histoire se déroule à l'autre bout du monde, elle sera forcément humaine et atteignable. L'histoire est le point commun de toutes les cultures humaines. Les cultures sont en effet des réceptacles à belles histoires: comment l'humain trouve-t-il en lui-même les ressources nécessaires à son triomphe de l'adversité?

Pour Platon, les belles histoires servent les concepts philosophiques. Le mythe illustre la pensée. Ainsi, le mythe de la caverne n'est que l'histoire d'un prisonnier qui sort des ténèbres par la connaissance et doit convaincre ses frères prisonniers que la vérité n'est pas ce qu'ils voient. Quand Platon raconte Socrate, il est dans la narration. Il fait de Socrate un personnage touchant, qui accepte de ne rien savoir. Il est fragile face aux sachants.

De manière plus pragmatique, l'histoire du philosophe Pascal a façonné sa découverte du monde. Enfant, il voyait son père collecteur d'impôts s'arracher les cheveux sur les calculs fastidieux que son métier impliquait. Nourri par ce désarroi, Pascal invente la première calculatrice mécanique. Il l'invente pour son père, pour l'apaiser. Qui a d'ailleurs pu l'utiliser avant de mourir.

Des chansons racontent aussi de belles histoires. Jeff de Jacques Brel, c'est l'histoire d'un homme au bord du gouffre, qui se voit revenir parmi les vivants, grâce à son ami de galère qui lui raconte la vie dans sa platitude quotidienne, pour lui faire voir l'enchantement qu'elle peut procurer, malgré tout.

Les histoires redonnent espoir, car elles offrent des solutions à la compréhension du monde. Si la cause de ma détresse provient de l'humain, alors l'humain est le remède.

Vincent Cespedes, philosophe

»Dernier essai paru : L'Ambition, ou l'épopée de soi, Éd. Fammarion.

»Page Facebook officielle

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