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Le gouvernement doit cesser de s'acharner sur les femmes

De grands pans des politiques d'austérité libérales sont en train de détourner la vocation de chien de garde de l'égalité entre les femmes et les hommes du ministère de la Condition féminine. Si j'avais une lettre à écrire à la responsable de ce ministère, Stéphanie Vallée, voici ce que je lui dirais.
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De grands pans des politiques d'austérité libérales sont en train de détourner la vocation de chien de garde de l'égalité entre les femmes et les hommes du ministère de la Condition féminine. Si j'avais une lettre à écrire à la ministre responsable de ce ministère, Stéphanie Vallée, voici ce que je lui dirais.

Madame la Ministre,

Depuis l'arrivée au pouvoir de votre gouvernement, on ne compte plus le nombre d'attaques qui sont venues miner les conditions de vie et de travail des femmes. Hausse des tarifs des services de garde, compressions dans la fonction publique qui touchent en grande majorité les femmes, coupes dans le financement des groupes communautaires... Nul besoin ici d'en faire une liste exhaustive; les médias n'ont pas manqué de rapporter en manchettes les faits d'armes de votre parti à ce chapitre.

Les plus démunies écopent encore

En tant que responsable de la Condition féminine de la CSN, je suis en contact avec des femmes et des militantes de partout au Québec qui sont extrêmement inquiètes du régime d'austérité actuel. Madame Vallée, qu'avez-vous accompli jusqu'à maintenant pour permettre aux femmes de se faire entendre au sein de votre gouvernement? Quel a été votre plan de défense contre les mesures rétrogrades qui ont été votées par vos nombreux confrères et rares consoeurs?

On apprenait encore tout récemment que 16 organismes spécialisés en développement de la main-d'œuvre féminine, dont le Centre Étape à Québec (syndiqué à la Fédération des professionnèles de la CSN), se sont vus amputer 60 % d'un financement dévolu aux femmes démunies ou éloignées du marché du travail. L'attitude silencieuse que vous avez maintenue pendant plusieurs semaines sur ces compressions a manqué de transparence. Elle rappelle étrangement le silence de l'ancien ministre de l'Éducation Yves Bolduc concernant le concours Chapeau les filles!. Sous les pressions, il avait bien été obligé d'ouvrir son jeu et de confirmer les compressions à ce concours. Encore d'autres économies de bout de chandelle en douce sur le dos des femmes!

Une question de perception?

À l'occasion de la Journée internationale des femmes 2015, les porte-parole du Collectif

8 mars, qui représentent plusieurs milliers de femmes au Québec, ont dû patienter jusqu'au 13 mars pour décrocher une rencontre avec vous afin de faire valoir leurs préoccupations. Vous ne pouviez ignorer qu'un tel manque d'empressement de votre part traduirait un désintérêt manifeste envers les causes portées par les membres du Collectif au nom des femmes du Québec. À cette rencontre, vous avez laissé entendre qu'elles comprenaient mal les politiques libérales et balayé du revers de la main leurs inquiétudes, que vous avez réduites à « une question de perceptions ». Elles s'attendaient à plus de considération de la part de la ministre de la Condition féminine que vous êtes. Elles se sont senties insultées.

Paroles, paroles

Sans trop vouloir souligner vos incohérences, je vous rappellerai aussi qu'à l'occasion de la journée du 8 mars dernier, vous prétendiez vouloir défendre « l'autonomisation économique des femmes ». Vous avez même jugé bon d'aller à New York pour représenter le Québec à la Commission de la condition de la femme de l'ONU qui portait sur ce thème. Or, les 16 organismes dont vous venez de couper du financement œuvrent précisément pour l'autonomie économique des femmes au Québec! Avec d'autres députées de tous les partis de l'Assemblée nationale, vous avez aussi déposé, le 4 juin dernier, une motion pour commémorer la Marche du pain et des roses. Ce faisant, vous repreniez les revendications portées en 1995 par cet évènement majeur dans l'histoire qui visait à éliminer la pauvreté des femmes. Vous n'êtes pas à un paradoxe près : votre main droite retranche ce que votre main gauche semble donner.

Madame la ministre, le poste que vous occupez nécessite un réel engagement envers les femmes du Québec, et non de simples principes. Si j'avais un message à vous livrer en leur nom, ce serait celui d'exiger de votre gouvernement qu'il cesse de s'acharner sur elles avec des mesures qui nourrissent des objectifs purement politiques et idéologiques. Madame Vallée, depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux, les femmes en ont beaucoup trop encaissé. Soyez plutôt une alliée de leur cause et toutes nous pourrons dire que les gains obtenus au fil des ans, souvent à l'arraché, prouvent que ces luttes n'ont pas été menées en vain.

Ce billet a également été publié sur refusons.org

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