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Notre pilote automatique n'est pas mortel, sauf exception

En 2003, à Montréal, un papa a changé sa routine matinale... Ce jour-là, son épouse était en retard. Il l'a déposée d'abord au métro, pensant amener sa petite fille à la garderie par la suite. Malheureusement, le pilote automatique a pris le dessus. Après le métro, il s'est rendu directement au travail comme il le faisait chaque jour. Le soir, lorsqu'il a retrouvé sa fille, c'était trop tard...
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Habituellement, le pilote automatique n'est pas mortel, sauf exception.

Vous arrive-t-il de vous retrouver dans votre cuisine sans aucune idée de ce que vous étiez venu y chercher? De prendre le chemin du travail alors que vous deviez être chez le dentiste ce matin-là? Oui? Ne vous inquiétez pas: c'est votre bon vieux pilote automatique qui prend le dessus sur votre comportement.

La plupart du temps, ce pilote automatique nous rend un grand service. En automatisant les comportements, tel que de marcher ou parler, il nous libère l'esprit pour qu'on puisse se concentrer sur autre chose. Sans lui, à chaque pas, il faudrait penser à toutes les étapes : lever la jambe gauche, avancer, déposer le pied par terre, etc... On peut mesurer l'importance d'un tel pilote automatique en observant les difficultés des patients atteints de la maladie de Parkinson. D'un point de vue cérébral, leur pilotage automatique est défectueux, voire absent.

Grâce à ce système du cerveau très puissant, nous automatisons ainsi un très grand nombre de comportements au quotidien. L'automatisation de nos mouvements dans l'espace est un bon exemple. Lorsqu'on se déplace pour aller au travail chaque matin, en utilisant le même chemin, le processus devient tellement automatique que, souvent, on ne se souvient pas de ce qu'on a vu en chemin. Une fois, au retour du travail avec mon fils, je pensais au reste de la routine, le souper. etc. Puis soudain, j'entends: «maman, maman, tu as vu le monsieur avec le grand chapeau mauve?» Je n'avais rien vu ! C'était le pilote automatique qui avait pris le dessus sur mon comportement lors de ce retour à la maison. Dans la plupart des cas, le pilote automatique n'est pas mortel, sauf exception.

En 2003, à Montréal, un papa a changé sa routine matinale. Avant de partir au travail, il avait l'habitude de déposer sa petite fille d'environ un an à la garderie, puis de laisser son épouse au métro. C'était une journée d'été assez chaude. Ce jour-là, son épouse était en retard. Il l'a déposée d'abord au métro, pensant amener sa petite fille à la garderie par la suite. Malheureusement, le pilote automatique a pris le dessus. Après le métro, il s'est rendu directement au travail comme il le faisait chaque jour. Dans le siège arrière de l'auto, il a oublié sa fille petite qui dormait paisiblement. Le soir, lorsqu'il a retrouvé sa fille, c'était trop tard... Un autre cas mortel est survenu à Saint-Jérôme, il y a à peine 2 semaines lorsqu'un papa a oublié son enfant dans la banquette arrière de l'auto.

Derrière la formation des habitudes et ce pilotage automatique, il y a un système cérébral très puissant. En navigation, ce sont les noyaux caudés- partie intégrante des ganglions de la base- qui sont impliqués dans le développement des habitudes. L'apprentissage ou la prise d'habitude dans ce cas-ci se fait par le biais d'une stratégie que l'on nomme « réponse par stimuli ». Lorsqu'on se déplace, un point de repère dans l'environnement agit comme un « stimulus » qui déclenche une « réponse ». Par exemple, tourner à gauche au coin lorsqu'on voit le grand immeuble blanc. Les noyaux caudés font compétition à l'hippocampe, une partie du cerveau très importante pour la mémoire épisodique, c'est-à-dire la mémoire des évènements personnels de notre vie.

Ces mémoires épisodiques sont spécifiques aux détails dans un espace-temps. Par exemple, où étions-nous le 31 décembre dernier? Qui était présent? Quels étaient les sujets de discussion? Qu'est-ce qu'on a mangé? Nos recherches ont montré que lorsqu'on se déplace dans notre environnement, nous utilisons soit les noyaux caudés par le biais de la stratégie de mémoire réponse par stimuli, soit l'hippocampe par le biais de la stratégie de mémoire spatiale. Nous n'utilisons jamais les deux en même temps.

Lorsque la stratégie de mémoire réponse par stimuli domine comme mode principal de navigation, il peut se créer un déséquilibre dans le cerveau. Nos études démontrent une diminution significative de l'activité cérébrale à l'hippocampe, une diminution de la matière grise à l'hippocampe, une perte de mémoire et une diminution de la santé cognitive. De nombreuses études ont montré que les personnes ayant une diminution de la matière grise à l'hippocampe sont plus à risque de développer la maladie d'Alzheimer quelques années plus tard.

Grâce à des fonds de transfert de connaissances octroyés à mon laboratoire, nous avons développé un cours de 6 semaines, VeboCognition (disponible sur Eventbrite.ca) pour rééquilibrer le cerveau en faveur de l'hippocampe et de ce fait, diminuer la contribution du pilote automatique. Stimuler son hippocampe favorise aussi un vieillissement sain et diminue les risques de maladies d'Alzheimer.

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