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Ce qu'il arrive quand on déconnecte vraiment

Je me suis réveillé un matin il y a environ un mois et je me suis soudainement rendu compte que j'étais au bout du rouleau. D'habitude, j'ai hâte de me rendre au travail, mais ce jour-là j'ai dû lutter pour sortir de chez moi.
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Je me suis réveillé un matin il y a environ un mois et je me suis soudainement rendu compte que j'étais au bout du rouleau. D'habitude, j'ai hâte de me rendre au travail, mais ce jour-là j'ai dû lutter pour sortir de chez moi.

Les trois premiers mois de l'année avaient demandé beaucoup de travail: le recrutement d'une série de nouveaux employés pour une entreprise à la croissance rapide, la collaboration avec mes collègues pour développer plusieurs nouveaux produits, les voyages répétés et la rédaction de plusieurs documents.

L'un des principes de base du travail que nous enseignons dans notre société, The Energy Project, est que plus la tâche à effectuer est importante, plus le temps nécessaire pour récupérer sera long. Il me fallait des vacances, mais ce dont j'avais réellement besoin c'était de me déconnecter totalement de tout ce qui est digital. Mon cerveau était surchargé et il me fallait du temps pour le reposer.

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Les meilleurs moyens de déconnecter

Ma femme et moi avons réservé dans notre hôtel favori pour neuf jours, mais je savais que m'éloigner de mon bureau ne serait pas suffisant si je restais accroché à ma vie en ligne et à mon travail. J'ai donc décidé de ne pas emmener mon ordinateur portable, ni mon iPad, ni mon téléphone. J'ai laissé un message pour dire que je ne regarderais pas mes courriels pendant mon absence.

J'étais bien déterminé à éliminer au maximum les tentations. Je savais pertinemment à quel point je pouvais succomber rapidement, pour peu que l'occasion se présente.

Comme l'écrit Daniel Goleman dans Focus: The Hidden Driver of Excellence ("la concentration: le moteur caché de l'excellence", en français), un livre fascinant qui sera publié cet automne: " Saturer notre attention réduit le contrôle de notre mental. Une vie immergée dans les distractions digitales entraine une surcharge cognitive quasi constante. Une surcharge qui épuise notre maître de soi".

Au moment même où je suis monté dans l'avion pour notre voyage, j'ai ressenti un changement. D'ordinaire, j'aurais feuilleté le journal, regardé des magazines, répondu à des courriels et surfé sur internet (quand cela aurait été possible). Cette fois, j'ai amené une pile de livres, des romans pour la plupart, sans aucun rapport avec le travail. J'ai commencé la lecture du premier et j'ai très rapidement été absorbé: rien n'était là pour me distraire.

La première fois où j'ai failli succomber, c'était quand j'ai eu envie de chercher un mot que je venais de lire sur Google. C'était comme une force irrésistible qui a fini par passer. Une situation qui s'est peut-être reproduite une demi-douzaine de fois les jours qui ont suivi. Mais de façon systématique j'ai simplement observé cette sensation sans y répondre. À la moitié de la semaine, ces impulsions avaient disparu et je me suis rendu compte à quel point une expérience était plus enrichissante et satisfaisante si elle n'était pas interrompue -- même si l'interruption venait de moi.

Il s'est trouvé aussi qu'il n'y avait pas de journaux dans notre hôtel. Au départ, j'ai paniqué -- je lis le New York Times quotidiennement depuis que je suis adolescent --, mais je me suis rapidement rendu compte que je n'avais pas besoin d'avoir autant d'informations en permanence.

À la place, j'ai compris que le régime de consommation d'informations sans fin que j'observe habituellement me laisse avec la même sensation que lorsque je mange une pizza, un hot-dog ou des frites: mal nourri et toujours affamé.

Ma capacité à me concentrer, elle, grandissait de jour en jour. Cela faisait des mois que je voulais lire Far From the Tree, le livre d'Andrew Salomon sur les défis auxquels sont confrontés les parents d'enfants handicapés. Le problème c'est qu'il fait 1000 pages. Qui a le temps, ou le courage, de lire tout ça? Avec un esprit débarrassé de toute distraction, je n'ai pas eu de mal à m'y plonger et à en lire une bonne partie en quelques jours. Le livre était fascinant.

J'ai vécu une expérience similaire sur un court de tennis. Je prends des cours et travaille mon jeu depuis que je suis adulte, mais pendant mes vacances la semaine dernière j'ai pu décomposer et analyser mes mouvements avec patience et intérêt. C'est le type d'apprentissage que l'on ne peut simplement pas expérimenter quand on pense à 10 choses en même temps.

À la fin des neuf jours, je me sentais enrichi et fort. Grâce à mon cerveau plus calme, j'étais capable de contrôler à nouveau mon attention. Ce qui m'a d'ailleurs permis de redécouvrir une partie plus profonde de moi-même.

S'il y avait eu une urgence pendant mon absence, on aurait pu me joindre. La vérité est toute simple: rien ne requérait mon attention. La plupart des choses peuvent attendre.

Je me sentais enfin prêt à retrouver mon quotidien -- même enthousiaste à l'idée de regarder mes courriels et d'aller sur mes sites internet préférés. J'éprouvais aussi une urgence moindre à m'occuper de ce qui semble habituellement si pressé.

Cette pause m'a permis de mieux me rendre compte des bienfaits qu'il y a à s'éloigner de temps en temps du monde digital. Professionnellement comme personnellement. Dans cet esprit, j'observe maintenant deux rituels. Le premier: deux fois dans la semaine, je passe les premières heures de la journée à la maison pour travailler sur des projets qui réclament toute mon attention, sans courriels et sans internet. Le second: à la fin de chaque journée de travail, je passe au moins une demi-heure à lire -- et apprécier -- un livre. Voilà la clé pour se concentrer au maximum, se déconnecter souvent et complètement.

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