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Mohamed Morsi Moubarak?

Un an après l'élection du président Mohamed Morsi, arrivé au pouvoir grâce au soulèvement populaire de janvier 2011 qui a renversé l'ex-dictateur Hosni Moubarak, la transition démocratique en Égypte est dans l'impasse. Avec les pénuries d'eau, d'électricité et de carburants, la montée de l'insécurité et la multiplication des incidents confessionnels, l'enthousiasme révolutionnaire des premiers temps a disparu.
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Un an après l'élection du président Mohamed Morsi, arrivé au pouvoir grâce au soulèvement populaire de janvier 2011 qui a renversé l'ex-dictateur Hosni Moubarak, la transition démocratique en Égypte est dans l'impasse.

La politique et la rue

Avec les pénuries d'eau, d'électricité et de carburants, la montée de l'insécurité et la multiplication des incidents confessionnels, l'enthousiasme révolutionnaire des premiers temps a disparu et le pays s'est divisé en deux camps. Les islamistes, d'un côté, défendent la légitimité du «premier président civil démocratiquement élu» du pays et accusent leurs détracteurs - des «hérétiques» - de combattre l'Islam. Face à eux, des libéraux, des gauchistes, des militants révolutionnaires, mais aussi des partisans de l'ancien régime qui dénoncent une instrumentalisation de la religion à des fins politiques et insistent que leurs critiques concernent le bilan désastreux des nouvelles autorités.

Là où les élites politiques n'ont pas réussi à trouver de compromis, la rue a pris les choses en main. Si aux premiers mois de la transition les affrontements opposaient forces de sécurité et manifestants, aujourd'hui ce sont des civils qui se font face. Vendredi, au moins huit sièges des Frères musulmans à travers le pays ont été attaqués par des manifestants. Dans la petite ville de Samanod, à 90 kilomètres au nord de la capitale, des individus non identifiés ont jeté de l'acide et ouvert le feu sur des manifestants anti-Morsi. Bilan de la journée: trois morts, dont un américain, et au moins une centaine de blessés.

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Les manifestants sur la place Tahrir au Caire lundi 1er juillet

Les manifestants place Tahrir au Caire le 1er juillet

Dans ce contexte explosif, les jeunes révolutionnaires ont eu l'idée de lancer Tamarod (rébellion),une campagne qui a récolté plus de 22 millions de signatures pour réclamer le départ du président Mohamed Morsi. C'est ce mouvement qui a appelé à une manifestation du million, à l'occasion du premier anniversaire de l'élection de Mohamed Morsi, le 30 juin. Des manifestations pacifiques, insistent les organisateurs. Difficile d'y croire cependant quand on voit ce qui s'est passé jusqu'ici.

Et c'est sans compter sur les partisans de l'ancien régime, qui ont essayé de profiter de l'initiative de Tamarod pour défendre un retour au pouvoir des militaires. L'armée a par ailleurs averti dimanche dernier qu'elle ne laisserait pas le pays «s'engager dans un tunnel obscur fait de conflits et de luttes internes». De quoi conforter les pessimistes dans leur conviction selon laquelle le pays n'a le choix qu'entre deux pouvoirs autoritaires, l'un militaire et l'autre islamiste.

L'héritage de l'ancien régime

Face à cela on ne peut que répéter ce que l'on se dit depuis plus de deux ans pour garder espoir: la parole s'est libérée. Au café, dans le métro, les Égyptiens parlent librement de politique, souvent d'ailleurs pour critiquer le président et les Frères musulmans.

Mais qu'on ne se leurre pas. Si des élections, parlementaires ou présidentielle, devaient être organisées demain, les Frères ont de fortes chances de les remporter. Toute la bonne volonté du monde ne suffit pas en effet à remplacer 80 années de travail sur le terrain, qui ont permis la construction d'un réseau de partisans que la confrérie est la seule à posséder aujourd'hui en Égypte.

Morsi et les Frères devraient cependant apprendre de leurs erreurs, et savoir que plus que jamais le pays a besoin de consensus et de concession pour aller de l'avant. Ils doivent comprendre que «l'héritage de l'ancien régime» ne suffit pas à justifier leur mauvaise gestion du pouvoir, surtout quand aucun signe annonciateur de véritables réformes n'a été présenté au public. Ils ne devraient pas non plus oublier l'expérience de leurs prédécesseurs, Hosni Moubarak et son parti national démocrate (PND), et savoir que le soutien des Américains et le contrôle des institutions de l'Etat ne suffisent plus à maintenir au pouvoir un président contesté. Sur les bords du Nil, non loin de la place Tahrir, les vestiges calcinés du siège du PND sont là pour nous le rappeler.

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