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C'est la Saint-Valentin, fête où nous sommes invités à célébrer l'amour. Est-ce avec une boite de chocolat en forme de cœur, de la lingerie affriolante ou un souper aux chandelles un 14 février que nous construirons une réelle relation amoureuse durable? Sans doute pas. Mais l'engouement et la pression commerciale autour de cet événement me donnent l'étrange l'impression que, telles des fillettes, nous sommes toutes prêtes à croire encore aux contes de fées.
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Chaque femme a, dans ses souvenirs de petite fille, l'image de sa mère, père ou tante préférée en train de lui lire un conte tiré d'un de ces grands livres, dont les pages sont jaunies et écornées tant elles ont été lues et relues. Aujourd'hui, bien que la lecture ait cédé la place aux dessins animés, il est surprenant de constater que la fascination pour ces contes persiste auprès des fillettes. Cendrillon, Blanche Neige, La belle au bois dormant, La belle et la bête... pour ne nommer que les plus populaires, sont profondément ancrés dans l'inconscient collectif féminin. Le thème central de ces aventures? L'amour!

Ainsi, toute fillette qui découvre les héroïnes de ces contes farfelus nourrit, dès cet instant, son propre imaginaire de rêves tout aussi abracadabrants. Blondes ou brunes, pauvres ou riches, débrouillardes ou complètement empotées, ces jolies et charmantes demoiselles partagent le même objectif: celui de dénicher le prince charmant. Tour à tour, elles livreront bataille contre des sorcières, vivront dans des conditions pitoyables ou seront bannies de leur royaume. Elles seront séquestrées, empoisonnées ou tout simplement abandonnées. Quelles que soient leurs souffrances ou les épreuves à endurer, elles espéreront patiemment, religieusement et silencieusement l'arrivée de leur héros, leur sauveur.

Le dénouement est prévisible. Infailliblement, le prince fera son apparition sur son cheval blanc pour flanquer une volée au dragon et extirper la princesse de sa tour, afin de l'emporter dans son royaume magique où il l'épousera, promettant de l'aimer jusqu'à la fin des temps. Ainsi se forge le rêve amoureux dans l'esprit de millions de petites filles.

De leur côté, les garçons jouent au Xbox, massacrent des méchants à coup de sabre ou d'explosifs, décapitent des monstres et parcourent des contrées dans le but de sauver l'humanité. Mais, dans leur jeu, point de princesses. Point de dulcinée à aimer et encore moins à épouser.

Ce décalage évident dans la socialisation des filles et des garçons se terminera, plusieurs années plus tard, par un inéluctable malentendu. Car si le conte de fées se termine par «ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants», la suite ne nous dit pas ce qu'il advient du prince et de la princesse. Le deuxième tome nous révélerait sans doute une tout autre réalité. Inutile de se poser la question de savoir pourquoi la suite de l'histoire ne sera jamais écrite.

Les contes sont emplis d'élans romantiques, de jeux passionnels, de désirs absolus, tout comme le sont nos propres histoires d'amour à leur début. Le premier tome de notre histoire est semblable à celui de toutes les princesses. Merveilleuse période où la passion nous aveugle et où le désir nous consume, où la découverte de l'autre nous enivre et nous donne la merveilleuse impression d'être bien vivants. Éros s'est emparé de notre raison et plus rien ne semble pouvoir arrêter ce sentiment exquis d'aimer.

Je t'aime beaucoup, passionnément, à la folie... et puis, pas du tout.

Un jour, nous tournons la dernière page du tome 1 de notre histoire et entrons dans la banalité du quotidien. L'amour s'effrite, souffre, agonise et bien souvent se meurt. Éros a pris la poudre d'escampette, entrainant avec lui la passion, l'excitation des sens et ses soupirs infinis.

Le choc est énorme! C'est alors que les relations se dissolvent, que les couples se séparent et que les promesses s'envolent.

A l'image de ces toxicomanes en état de manque, nous partons à la recherche de ce qui pourrait à nouveau faire exploser en nous ces sensations exaltantes et jouissives. Ce que nous cachent les contes c'est que, dans la réalité, la passion ne dure pas.

Est-ce la faute des frères Grimm ou celle de Disney si les couples éprouvent autant de difficultés à s'aimer?

Au Québec, 51,9 % des couples mariés n'arriveront jamais à transformer l'amour passionnel en amour véritable, et leur union se terminera par un divorce. Les hommes autant que les femmes, tels des amnésiques repentis, partiront à la quête d'un nouveau partenaire dans l'espoir de vivre à nouveau ce qui viendra à mourir encore. Éros n'est pas éternel et vouloir maintenir cet état de grâce nous condamne à un éternel recommencement.

«Il est difficile d'aimer» dit la chanson

Oui, il est bien difficile d'aimer lorsque nous confondons amour et passion, amour et désir.

C'est la Saint-Valentin, fête où nous sommes invités à célébrer l'amour. Est-ce avec une boite de chocolat en forme de cœur, de la lingerie affriolante ou un souper aux chandelles un 14 février que nous construirons une réelle relation amoureuse durable? Sans doute pas. Mais l'engouement et la pression commerciale autour de cet événement me donnent l'étrange l'impression que, telles des fillettes, nous sommes toutes prêtes à croire encore aux contes de fées.

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