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Facebook déshabille nos enfants

Tapez les mots «slut» «pute» ou «salope» sur l'onglet de recherche de votre compte Facebook et vous verrez apparaitre des dizaines de pages où sont photographiées une multitude de filles, plus aguichantes les unes que les autres.
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Tapez les mots «slut» «pute» ou «salope» sur l'onglet de recherche de votre compte Facebook et vous verrez apparaitre des dizaines de pages où sont photographiées une multitude de filles, plus aguichantes les unes que les autres. Dissimulant les parties intimes de leur anatomie avec le strict minimum afin de satisfaire les directives de censures des médias sociaux, elles offrent librement, gratuitement et à tout venant, des photos d'elles-mêmes qui laissent bien peu de place à l'imagination.

Culs bien ronds, contournés de fines lanières de strings colorés, collants moulants, seins au galbe généreux débordant le plus souvent de minuscules soutifs et poses suggestives sont ici à l'honneur. Les plus audacieuses vont même jusqu'à poster des vidéos dans lesquelles elles exécutent de belles performances de «twerk», de dance sur poteau ou de striptease, et tout ceci pour le plus grand bonheur de leurs fans.

Nous ne sommes pas ici sur un site spécialisé réservé au plus de 18 ans, mais bel et bien sur Facebook : le plus important des réseaux sociaux de la planète où, en un seul clic de souris, 1,11 milliard de personnes peuvent avoir accès aux 300 millions de nouvelles photos téléchargées tous les jours sur le site.

Malgré les consignes du réseau qui «interdit la publication de contenus pornographiques et de matériaux de nature sexuelle lorsqu'un mineur est impliqué » ou «impose des limites à l'affichage de certaines parties du corps » les utilisateurs, dont l'âge médian est de 22 ans, se connectent pour «aimer» , «commenter ou «partager plus de 100 petaoctects de photos et de vidéos stockées.

Si certains comptes personnels se dotent du privilège de confidentialité, les pages sexys de FB comme «Big boobs & sex», «Big booty» ou «Hotgirls.sex» (et j'en passe et des meilleures) sont ouvertes au grand public permettant à n'importe qui d'y publier et commenter des photos.

Qu'est-ce qui pousse ces jeunes femmes à déballer leur intimité sur le web de la sorte ?

Dans quelle misère émotive vivons-nous pour avoir besoin de ce type de reconnaissance?

Les réponses d'appréciation instantanée que favorise FB maximisent les chances de se voir admirer par des dizaines de milliers de voyeurs. Les plus chanceuses auront le bonheur d'être jugées positivement et feront l'objet de commentaires parfois grivois ou douteux, mais qui serviront à nourrir l'égo de ces nymphes ou à compenser leur pauvre estime d'elles-mêmes. Animées par une obsession presque compulsive de plaire, les jeunes femmes semblent prêtes quasiment à tout. Car si elles ne suscitent pas l'excitation, elles sont ignorées et deviennent donc invisibles et sans l'approbation et la récompense de clics de leurs...pseudo 13,465 «amis » virtuels..., elles ont le sentiment de ne pas exister.

Le compliment maladroit ou le sourire coquin d'un ami ou d'un étranger croisé par hasard dans un café ne suffit donc plus.

Ceci est l'histoire de milliers de jeunes femmes (et parfois moins jeunes) devenues accros à FB et qui participent à ces compétitions féroces de popularité. Sous le couvert d'un jeu anodin, certaines y laissent parfois au passage, une partie de leur âme.

Combien de jeunes ont vu leur réputation passablement entachée ou leur vie complètement chamboulée dès l'instant où elles ont été démasquées par leurs proches?

La valorisation par le biais de la beauté et de l'«objectivation» du corps ne peut qu'ébranler sérieusement ces jeunes femmes. Contrairement à ce qu'elles peuvent croire, le véritable pouvoir féminin et la force de séduction ne se reconnaissent pas tant au nombre de commentaires sur FB mais dans la capacité à se prendre en main et à être en parfait contrôle de son être sexuel. En attendant l'approbation des autres, en espérant accumuler les mentions, elles se positionnent en tant qu'objet de consommation soumis aux jugements d'autrui, fragiles et dépendantes, offertes à la merci des goûts et des humeurs de ceux qui les regardent.

Où se situe donc le pouvoir sexuel d'une femme, si elle accepte d'être tributaire des réactions de fantômes cachés derrière leurs écrans et qui ne connaissent d'elle que son image ? Comment peut-elle apprendre à embrasser sa féminité, à puiser dans la puissance de son être si sa valeur en tant que femme, en tant qu'humain finalement, ne dépend que sa cote sur Facebook?

C'est donc à nous adultes, en qualité de mères, grandes sœurs, tantes ou voisines d'aider nos filles à construire leur être sexué et sexuel, en dehors des regards anonymes et impersonnels des médias sociaux. C'est aux pères et aux hommes qui les entourent de les aider à grandir en tant que femme en valorisant non seulement leur beauté ou leur sex-appeal, mais en encourageant leurs qualités, leurs compétences, leur intelligence, leur créativité et leur combativité.

Guider ces jeunes femmes à comprendre et à maitriser leur sexualité, à aimer leur corps et à respecter la personne qui l'habite, fera d'elles des êtres confiants qui sauront s'assumer et s'épanouir sans avoir à quémander le moindre clic «J'AIME».

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