Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Cellulite et vergetures, ces horreurs qui font débander!

Dans sa récente campagne publicitaire, le magazine Summum a réussi un coup de maître en provoquant des dizaines de discussions sur le web alors qu'il déclarait retoucher les photos de leurs modèles... Ah bon ? Tien tiens...Rien de nouveau dans cette histoire, mis à part l'honnêteté de la rédaction.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Ce billet a également été publié sur le blogue de Tina Karr, Une mère en talons aiguilles

Dans sa récente campagne publicitaire, le magazine Summum a réussi un coup de maître en provoquant des dizaines de discussions sur le web alors qu'il déclarait retoucher les photos de leurs modèles... Ah bon? Tiens, tiens... Rien de nouveau dans cette histoire, mis à part l'honnêteté de la rédaction. Pas d'entourloupe. Nous nous retrouvons ici dans une simple dynamique commerciale. L'échange se veut simple et juste. Les lecteurs paient pour des culs lisses, Summum leur en vend.

Les hommes constituent la clientèle cible de ce type de magazine. Et en tant que consommateurs privilégiés d'images sexy, ils refusent obstinément de voir leur matériel de branlette amoché.

Imaginez combien leur plaisir se trouverait compromis si leur œil aiguisé détectait la moindre trace de cellulite ou de vergeture sur les photos de leurs pin-up préférées. Franchement, mettons-nous à leur place. Ils sont là, en pleine action, à tourner les pages d'une main alors qu'ils astiquent leur engin de l'autre... et vlan!

Là, en bordure du petit short de cuirette, sous la fesse gauche de cette blondinette, ils aperçoivent un bout de peau granuleuse. Panique à bord, désorientation totale, perte de contrôle, rien ne va plus! « Allo Houston, nous avons un problème ». Les conséquences s'avèrent tragiques: la fusée pique du nez, c'est le crash et Gaston se retrouve tout ramolli. Peut-on seulement imaginer pire scénario?

Puisque peu de femmes peuvent se vanter d'avoir juste ce qu'il faut de viande, de peau bien tendue et dépourvue de toutes imperfections, nous devons peut-être montrer un peu plus de compassion envers ces hommes qui ont un réel besoin de visionner de superbes créatures pour maintenir leur garde-à-vous! Déjà qu'ils doivent se farcir Bobonne, donnons-leur une chance!

Car il est là le problème, n'est-ce pas? Contrairement aux poulettes épinglées en mini bikini, Bobonne est ordinaire; l'ovale de son visage est imparfait, on y décèle même quelques boutons disgracieux; elle pèse plus de 100 livres et son derrière, qui ne ressemble en rien aux fameux « bubble butts », ne rentrera jamais dans un jeans de taille 0. Quant à ses seins, s'ils ont pu échapper au bistouri, ils ont ni la forme, ni la grosseur d'un ballon de foot. Et si par malheur son ventre avait généreusement hébergé quelques bébés, il y a fort à parier que son six packs s'est transformé depuis, en joyeuses poignées d'amour et que sont estampées ici et là, quelques cicatrices blanchies qui rappellent à tous que Bobonne n'est ni une poupée, ni un fantasme, mais bel et bien une femme réelle et vivante.

Mais ça, ce n'est pas très vendeur. De telles impuretés sapent le moral du mâle. On dit même qu'à la vue de spécimens féminins « normaux », ce dernier court peut-être le risque de sombrer dans un état dépressif. Vraiment? Dans ces conditions, ne devrait-on pas gentiment le laisser à ses photos retouchées?

Cependant, si le soir venu, la mort dans l'âme, Bobonne reculait devant ses avances, il faudra qu'il assume. Car aucune femme n'a envie de se savoir comparée à une mannequin qui pose pour Summum! Craignant de voir son petit bedon rebondir sous les caresses ou ses vergetures freiner l'élan érotique, Bobonne préférera probablement offrir le dernier numéro de Summum à son chum plutôt que de subir la disgrâce.

Messieurs, vous devez réaliser une chose: pour qu'une nouvelle conquête ou une amoureuse de longue date veuille bien se prêter au jeu et incarner les petites cochonnes dont vous rêvez, elle doit se sentir bien dans sa peau. Bien qu'elle ne soit pas dupe, elle se laissera convaincre, ne serait-ce qu'un instant, qu'elle représente pour vous la plus enivrante des amantes. Et sans pouvoir certifier ce qui se passe dans votre tête ou vos culottes, il me semble que la perspective d'être enlacé par les cuisses d'une femme, même parsemées de quelques vergetures, s'annonce bien plus excitante qu'une branlette solo sur papier glacé.

Néanmoins, nous devons quand même nous demander si, dans le contexte de la « littérature cochonne », l'utilisation de Photoshop est plus acceptable que dans les médias traditionnels?

L'érection justifie t-elle l'idéalisation du corps féminin?

Stephanie Seymour

Les mannequins vedettes les plus riches au monde

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.