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Je suis silencieux donc je n'ai pour mots à la bouche, sur le bord des lèvres que ceux répétés encore et encore à l'unisson par ce gouvernement se figurant que mon silence est un accord de leurs politiques.
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Je suis de cette majorité silencieuse, je suis de ceux qui ne pensent pas ou plus, qui applaudissent plutôt silencieusement parce que... silencieux. D'après le gouvernement.

Je suis silencieux donc je n'ai pour mots à la bouche, sur le bord des lèvres que ceux répétés encore et encore à l'unisson par ce gouvernement se figurant que mon silence est un accord de leurs politiques.

Tacite. Qui ne dit mot consent.

Par principe.

Je suis tout silence.

Je suis sous silence comme le fut cette majorité silencieuse allemande dans les années 1930, puis celle de la Chine (qui l'est toujours), ou de l'ex Union Soviétique, celle du Cambodge, celle encore du Chili.

Je continue? Le Québec n'est pas une dictature, je sais, mais une dictature de l'idée est une dictature de l'esprit. À coup d'injonctions préparées bien avant toute manifestation. Réduire aussi au silence toute opposition.

« Austérité? Mais pas du tout! » a dit à qui veut l'entendre notre Premier lors de sa conférence de presse.

Le silence n'est pas un « Mais oui, d'accord! », elle est le symbole de mon malaise.

Un désaveu, peut-être, aussi et sans doute, plus que probablement.

Je me refuse à ce que mon silence soit pour des raisons de sémantique politique, une appropriation de mon cerveau, de mes pensées. Il est encore moins une signature à l'encre invisible en bas d'une feuille de route douteuse.

Mon silence est celui de la résignation. Celle d'une victime politiquement impuissante. D'une prise en otage des citoyens que nous sommes.

Le silence est un désarroi, Monsieur le Premier Ministre.

Le silence crie, vous devriez l'entendre. La détresse n'est jamais agréable à entendre.

Y compris de ceux, silencieux aussi, qui ont voté pour vous (et qui s'en mordent les doigts, certains me l'ont dit).

Ils me racontent tous ce silence.

J'ai le silence de la terre.

Le silence des redevances minières versées au Québec (28 millions versus les 8 milliards engrangés des compagnies minières)

Je suis le silence de ce milliard nécessaire pour remettre les nombreux sites laissés pour compte. Je suis ce silence dans votre Plan Nord. Celui de l'environnement et de ce qui se trame dans l'air.

J'entends au loin le silence des évasions fiscales, enfermées dans des coffres peu bavards au Luxembourg et d'ailleurs.

Je suis le silence de celui qui plane sur des nuages avec son parachute doré que vous venez de lui octroyer.

Je suis le silence de celle -- sans nom ou presque-, sans domicile fixe, à la rue à qui vos institutions ont réclamé des indument reçus .

J'ai dans l'oreille le silence tout en désarroi de cet enfant autiste et surtout celui de sa mère (celui-là que j'ai posté sur votre page Facebook) qui n'aura plus accès aux services auxquels tout être humain devrait avoir droit. C'est vrai, un autiste, on le sait, c'est silencieux.

Je suis dans le silence d'une de ces classes (prenez-en une au hasard, 3B, 6A ...) qui vous regarde (toujours obéissante) jouer avec leur avenir.

Le silence, on le sait n'a pas d'écho.

Je suis le silence de l'injustice.

Celle qui hurle et que l'on n'entend pas.

Nous sommes trop loin pour que vous et votre gouvernement puissiez nous entendre, alors je ne dis rien. On (pronom personnel indéfini) ne dit rien.

Le On Silencieux.

Cette majorité se tait.

Car le Québécois, on le sait tous, se tait en serrant les dents. C'est dans sa nature.

Le silence contrairement à ce que ce gouvernement nous laisse entendre sur Radio-Canada, n'est pas un oui crié haut et fort.

C'est le silence. Rien de plus, rien de moins.

À comprendre, à entendre.

Mais ne faites pas dire au silence ce qu'il ne veut pas dire.

Une certitude qui est la mienne, dans la vie, quand je ne peux pas dire non, je reste silencieux.

Le silence est d'or et la parole reste d'argent.

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