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L'erreur stratégique de Tsipras

Appelés à renforcer leur position en votant «non», les Grecs, qui ont fait un référendum contre l'austérité, reçoivent finalement des mesures encore plus austéres
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Après un détour référendaire, les représentants de la Grèce et les prêteurs européens ont annoncé un accord qui fait de la place pour un autre programme d'aide au pays. Confronté à de dures réalités, le premier ministre grec et chef de la coalition de la gauche radicale, Alexis Tsipras, a cédé aux exigences des prêteurs en acceptant de nouvelles propositions imaginées par l'Eurogroupe: pratiquement les mêmes qu'il avait rejetés lors du référendum de juillet.

Les préteurs ont montré une volonté d'offrir un troisième paquet de sauvetage à la Grèce pour couvrir les besoins du pays: elle pourrait obtenir plus de 80 milliards d'euros. Les deux premiers plans de sauvetage de 2010 et 2012 avaient pris fin alors que le pays ne pouvait pas rembourser ses créanciers - la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne - voire même sa propre administration.

Au total, l'Union européenne et le Fonds monétaire international, par l'entremise du Mécanisme européen de stabilité (MES), ont prêté 254 milliards d'euros à la Grèce. Qu'en sera-t-il maintenant pour cette troisième phase d'aide? Les banques grecques, sur le bord de l'abîme, recevront également un soutien allant jusqu'à 25 milliards d'euros pour une recapitalisation, dont 10 milliards seront alloués immédiatement. La moitié des créances des banques ont été effacées en 2011 et 2012.

Rien n'est gratuit dans toute négociation. Pour être admissible à l'argent, le gouvernement grec fera face à des compressions budgétaires, augmentera les impôts et mènera à bien ses privatisations en cours. La Grèce devra se soumettre à l'austérité sévère, qui comprend l'augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée et la mise en œuvre des réformes dans son système de retraite, l'un des plus hauts points de résistance du gouvernement grec. L'Eurogroupe exige d'Athènes des abandons de souveraineté aux dates des périodes de soldes, la surveillance des institutions internationales, l'imposition d'un droit de regard sur les institutions et les projets normatifs grecs.

Il sera également question d'appliquer un mécanisme quasi automatique pour les réductions de dépenses si Athènes écarte des objectifs d'excédent primaire dans le processus d'assainissement de ses banques. Il est prévu que les titulaires de comptes grecs aient des pertes sur les montants déposés au-dessus d'un certain niveau, comme ce fut le cas lors de la crise financière chypriote de 2012-2013. Ces mesures doivent être mises en œuvre pour que l'accord soit complètement validé. Les économies totales estimées pour la Grèce sont de 12 milliards d'euros sur deux ans.

Erreur stratégique

Le résultat des négociations tendues qui sont passées de la nuit du dimanche à lundi 13 juillet 2015 montre que la réalisation du référendum grec était une erreur stratégique de Tsipras. Appelés à renforcer leur position dans les négociations avec les prêteurs juste après le résultat du «non», les Grecs, qui ont fait un référendum contre l'austérité, reçoivent finalement des mesures encore plus austères après deux nuits incroyablement mouvementées. Alexis Tsipras a reconnu lui-même avoir signé un texte auquel «il ne croit pas», mais qu'il a quand même signé.

«J'assume mes responsabilités pour toute erreur que j'ai pu commettre, j'assume la responsabilité pour un texte auquel je ne crois pas mais je le signe pour éviter tout désastre au pays.»

D'une part, Tsipras a frustré l'attente des Grecs qui ont voté «non» et les membres de son parti Syriza, premier parti au Parlement grec, qui rassemble des groupes plus radicaux de gauche et d'extrême gauche. D'autre part, il a été désavoué par son ministre des Finances Yanis Varoufakis, qui démissionne de son poste au lendemain du référendum, ce qui a éveillé les soupçons sur l'engagement de Tsipras à la mise en œuvre des mesures convenues.

Si les Grecs qui ont voté «non» voient le règlement comme une trahison des pays comme le Portugal et l'Espagne, qui ont été contraints d'adopter des mesures d'ajustement budgétaire strictes par une aide beaucoup plus faible, ils ne sont pas très joyeux devant le volume des ressources allouées à la Grèce au détriment des contribuables européens. Ces membres de la zone euro sont insatisfaits que les Grecs, en dépit de ce qu'ils disent, n'aient pas encore fait les réformes nécessaires pour assainir leur économie.

Les coûts des pensions et retraites, par exemple, restent à des niveaux non durables (18% du PIB, un taux élevé au profil démographique du pays). Mais l'accord est une étape importante pour maintenir la Grèce au sein de la zone euro, comme le veut le premier ministre Tsipras, afin d'éviter davantage de risques économiques et géopolitiques à Athènes.

Propositions de l'Eurogroupe du 11 juillet 2015:

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