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PANEL: Le débat entre indépendantistes aura-t-il un impact sérieux sur l'issue du vote?

Bienvenue sur les panels du. Tout au long de la campagne, nous demanderons à nos analystes et blogueurs invités de se pencher sur une question soumise par un de nos lecteurs. Vous pouvez soumettre vos questions parou, ou tout simplement la publier dans la section commentaires ci-bas. Au menu cette semaine, Louis Balthazar, Francine Pelletier, Pierre-Luc Brisson et Annick Vigeant répondent à la question suivante, posée par Jacques Barolet.
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Bienvenue sur les panels du Huffington Post Québec. Tout au long de la campagne, nous demanderons à nos analystes et blogueurs invités de se pencher sur une question soumise par un de nos lecteurs.

Vous pouvez soumettre vos questions par Facebook ou Twitter, ou tout simplement la publier dans la section commentaires ci-bas. Au menu cette semaine, Louis Balthazar, Francine Pelletier, Pierre-Luc Brisson et Annick Vigeant répondent à la question suivante, posée par Jacques Barolet:

La querelle entre indépendantistes aura-t-elle un impact sérieux sur l'issue du vote?

Louis Balthazar, Ph. D. en science politique de l'Université Harvard, coprésident de l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l'Université du Québec à Montréal.

La querelle entre indépendantistes aura sûrement un impact sur l'issue du vote. Sera-t-il sérieux? Ça reste à voir. Ce n'est pas d'aujourd'hui que les indépendantistes se disputent. Depuis la fondation d'un parti voué à réaliser la souveraineté du Québec, ces tensions ont toujours existé. Elles se sont développées surtout dans les moments où l'avènement de l'objectif paraissait plus lointain. Cela demeure un grand paradoxe. Ces nationalistes qui prônent le ralliement d'une majorité de Québécois à un objectif commun en viennent à former des groupuscules de dissidents susceptibles d'entraver le grand ralliement souhaité. En fait, ce sont ceux-là mêmes qui souhaitent le plus ardemment l'indépendance qui contribuent davantage à rendre l'option la moins attrayante auprès des indécis qu'il faudra bien rallier un jour. Il leur faut beaucoup de culot pour parler aujourd'hui de la nécessité d'une alliance en période électorale après avoir quitté le seul parti susceptible de conduire le Québec à la souveraineté. Soi-disant pour préserver la pureté de leur option, ils vont faire perdre des votes aux candidats du PQ et favoriser ainsi la victoire des candidats adverses.

On comprend que Québec solidaire ait pu être formé pour apporter une réelle alternative de gauche en plus de souhaiter l'indépendance de Québec. Mais que vient faire l'Option nationale dans le décor? En quoi ce parti favorise-t-il le mouvement souverainiste? En quoi contribue-t-il à la défaite du PLQ? Impossible de trouver une réponse valable et opérationnelle à ces questions. Ce n'est pas tant la victoire possible d'un candidat comme Jean-Martin Aussant ou même celles des Amir Khadir et Françoise David qui nuiraient. Car ces derniers pourraient bien appuyer le PQ si cela devenait nécessaire pour constituer une majorité. Ce sont plutôt tous ces votes perdus qui favorisent les autres partis. Il est bien malheureux qu'il n'y ait pas de deuxième tour pour effacer ces pertes. On oublie trop facilement que l'élection du 4 septembre est déjà un deuxième tour!

Francine Pelletier:Journaliste, réalisatrice et scénariste de films documentaires

Il est indéniable que la multiplication de partis "souverainiste progressiste" peut diviser le vote, avec le risque qu'on connaisse : la ré-élection de Jean Charest. Déjà, les voix s'élèvent contre cette tendance. Mais c'est une perspective à courte vue, qui ne se préoccupe que du court terme. À plus long terme, il faut se demander si le remède au cynisme ambiant n'est pas, au contraire, de laisser les gens voter selon leur coeur et conscience. Le changement ne peut se faire sans d'abord être vu comme impossible, impraticable et malcommode. De grâce, laissons la place au malcommode.

Pierre Luc Brisson: ancien attaché politique, étudiant au cycle supérieu en Histoire et Études classiques

La « querelle » entre souverainistes, si tant est que l'on puisse parler de querelle, est surtout la conséquence du manque de clarté du PQ quant à son plan de match référendaire et à son positionnement sur l'échelle sociale. En ce sens où à partir du moment où le PQ refuse de s'engager sur un échéancier clair quant à la question nationale, il dédouane de nombreux électeurs plus progressistes (Québec solidaire), ou plus pressés (Option nationale), qui se sentent désormais déliés de leur allégeance péquiste puisque l'horizon fédérateur de la lutte référendaire s'estompe. Les coupures et les politiques du déficit 0 du gouvernement Bouchard ont fait mal au PQ qui a vu de nombreux électeurs, attachés à la social-démocratie et au modèle québécois, se retourner vers QS. Aujourd'hui, la « gouvernance souverainiste » - qui relaie à plus tard la tenue du référendum - a provoqué le départ de nombreux « purs et durs » vers la nouvelle formation d'Aussant.

Enfin, il n'y aurait pas « querelle » si notre mode de scrutin faisait une part belle à la proportionnalité. Le PQ avait promis, depuis 1970, de s'y attaquer. 42 ans plus tard, les réformes se font toujours attendre. Aujourd'hui, notre mode de scrutin uninominal à un tour fait en sorte de favoriser le bipartisme, consacre la domination de deux grosses formations politiques à l'Assemblée nationale. Si au contraire nous avions adopté des réformes introduisant la proportionnalité du vote (x votes = x sièges), les plus petits partis souverainistes ne seraient plus vus comme des « diviseurs » du vote, mais bien comme autant d'alliés potentiels dans une future coalition gouvernementale souverainiste. Le PQ, en 2012, n'a que lui-même à blâmer et il faudra plus que des appels au « vote stratégique » pour faire revenir des militants au bercail, militants pour qui les convictions sont souvent plus fortes que les intérêts partisans immédiats ...

Annick Vigeant:consultante en communications Web au Parti Québécois

Un impact sérieux? Je ne crois pas. Bien sûr, la multiplication des partis indépendantistes et progressistes peut diviser le vote souverainiste, mais si on y regarde de près, il n'y a pas tellement lieu de s'inquiéter. Québec solidaire est une réalité essentiellement montréalaise. Ses appuis sont assez limités à la métropole, voire à l'Est de la ville. Et dans les quelques circonscriptions où les intentions de vote sont significatives, le Parti libéral et la CAQ peinent à recueillir 10% d'appui. Oui, donc, le vote sera divisé entre le PQ et QS dans deux, peut-être trois circonscriptions, mais ce sera une course à deux. Quant à Option nationale, ses appuis sont trop faibles pour apparaître dans les plus récentes prédictions, à l'exception de la circonscription du chef lui-même.

Dès qu'on sort de l'île, le vote indépendantiste devrait revenir au PQ. On l'a vu dans l'élection partielle d'Argenteuil : Québec solidaire et Option nationale sont arrivés derrière le Parti vert, avec respectivement 2,7% et 1,34% des voix. Autant dire rien du tout. La CAQ, qui a fait 21,4% dans Argenteuil, risque de séduire davantage en région, mais c'est l'électorat du PLQ, et non celui du PQ, qu'elle devrait aller gruger. Rappelons-nous que la CAQ veut mettre la souveraineté sur la glace pour 10 ans. Et quand François Legault parle aux anglophones, il dit pour toujours. Pour un indépendantiste, donc, l'option CAQ a de quoi laisser froid. Les déçus du PLQ devraient se retrouver dans la CAQ puisque la formule est sensiblement la même. Mais la division du vote souverainiste ne devrait pas être une préoccupation majeure en dehors de l'Est de Montréal et de la circonscription de Jean-Martin Aussant.

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