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Les RVCQ 2014 doivent-ils vraiment blâmer leur communication?

D'un point de vue critique, tout le monde s'accorde sur la qualité du cinéma provincial. Si l'on exclut le tristement célèbre Mr Guzzo qui semble ne raisonner que du point de vue «rentabilité», l'ensemble des intervenants critiques semblent s'accorder sur le fait qu'il faille «éduquer» le public, l'aider à comprendre pourquoi son cinéma est de valeur.
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Pour faire suite à un billet de Jean-Marie Lanlo, de Cinefilic, publié le 11 février sur le Huffington Post Québec, pointant du doigt les difficultés de communication du RVCQ (représentés par leur porte-parole Antoine Bertrand), il me vient à l'esprit certains éléments que je trouve assez éludés dans son article, ou que je ne ressens que très peu depuis le début des débats sur l'état du cinéma québécois.

D'un point de vue critique, tout le monde s'accorde sur la qualité du cinéma provincial. Si l'on exclut le tristement célèbre Mr Guzzo qui semble ne raisonner que du point de vue «rentabilité», l'ensemble des intervenants critiques semblent s'accorder sur le fait qu'il faille «éduquer» le public, l'aider à comprendre pourquoi son cinéma est de valeur.

Au-delà de ce constat (que je trouve personnellement être un jugement de valeur triste), j'ai du mal à croire cela faisable. Et ce, pour plusieurs raisons: d'abord parce que le monde a évolué et que, malheureusement, je peine à croire qu'on puisse «forcer» un public à s'intéresser à quelque chose qui ne l'intéresse pas. Et ensuite parce qu'il existe à l'heure actuelle une concurrence telle de la télévision qu'il est très facile de ne s'intéresser (de manière active ou passive) qu'à ce qui se passe du côté du petit écran.

Alors, où se situe la solution au Québec ?

Jean-Marie Lanlo semblait critiquer Antoine Bertrand pour son discours reportant la faute sur l'offre alors qu'elle serait, selon lui, à placer plutôt sur la demande.

Faut-il donc voir dans les potentiels spectateurs le problème principal à notre industrie?

Je n'aurais pas la prétention de croire que mes idées sont forcément les meilleures. Mais je sens aisément un manque d'affection du public québécois pour ses «acteurs» (j'entends par là les artisans du secteur). Croire que le public ne s'intéresse pas au cinéma est, selon moi, une idée fausse. Le FNC, Cinemania, Fantasia, les RIDM..., autant de festivals qui chaque année sont de vifs succès en termes d'audience.

Le problème est que, peut-être, il survalorise les artisans étrangers plus que ses propres artisans locaux. Pour exemple, l'annonce de la venue de Gael Garcia Bernal aux RIDM a semé un vent de panique en novembre. Même chose pour le passage de Kechiche et de sa palme d'or. Sans parler de l'adhésion que les communautés ont pour leur propre cinéma identitaire au FFM.

Certes, les Guylaine Gagnon, Claude Legault ou Julie Le Breton sont des petites vedettes sur le petit écran. Mais quel intérêt à aller les voir sur le grand, puisqu'ils sont déjà omniprésents sur le petit? Les succès des séries ou téléfilms québécois sont mérités, mais souvent assez proches des thématiques que présente le cinéma populaire québécois (Amsterdam ou 1er Amour auraient par exemple tout aussi bien pu être des téléfilms à mon sens).

Quel intérêt donc pour nous d'aller payer pour quelque chose qui ne sera pas une expérience plus enrichissante au cinéma? D'aucuns trouvent plus «normal» de se déplacer pour du cinéma «spectacle» qui procure plus de sensations.

Aussi, ma réflexion s'avère-t-elle un jugement sur les films d'auteur qui n'auraient plus leur place dans les cinémas? Doit-on désormais cibler l'offre uniquement sur les effets spéciaux et sur le grand spectacle ?

Rien n'est moins sûr!

Dans un premier temps, je crois qu'il faudrait redorer le blason de tous les artisans du milieu. Oui, le nombre de spectateurs ne constitue pas un marché important comme aux États-Unis ou en France, mais Mme Dorval est une très grande dame du cinéma tout comme Karine Vanasse ou bien d'autres. Il faudrait d'abord leur consacrer une exposition donnant envie au public d'aller les voir sur grand écran (il existe de nombreuses émissions ailleurs qui proposent des invités culturels là où le Québec semble se concentrer sur la télé-réalité et les émissions culinaires). «Le public ne regardera pas ce qu'il n'a pas envie de voir», me direz-vous en lien avec ma réflexion initiale. Sauf si vous acceptez d'adapter certains concepts ludiques avec la société actuelle: des jeux, des débats, des capsules, etc. Autant de pistes de réflexion qui devraient fleurir dans la tête de société de productions, et je suis persuadé que certaines en ont les moyens ou l'envie.

Dans un second temps, et cela me permet de faire un lien avec la récente offre proposée par l'Excentris/ONF, je crois qu'il faut vivre avec son temps. C'est-à-dire réfléchir à d'autres moyens de distribution, et voir un film comme Tom à la ferme ailleurs qu'au cinéma ne serait pas, à mon sens, une mauvaise idée... Regardons le succès l'an dernier d'un Behind the Candelabra financé et diffusé par HBO!

Certains distributeurs croient qu'il faut investir le web via les applications et bonus (Equinox film vient de créer une appli chant du Coq de St-Victor). Pourquoi pas ?

Canal + vient de s'installer au Québec. « Enfin!», pense-t-on dans un élan de joie.

Autant de pistes qui me paraissent toutefois bien plus judicieuses que de dire que le public ne doit pas s'immiscer dans la conception du «produit long métrage». Il y a quelques semaines, lors d'un débat avec l'Association des critiques du Québec, j'entendais son président émettre un jugement sur les jeunes qui, de nos jours, ne s'intéressaient plus au cinéma.

Qu'il se déplace au FNC et il verra qu'ils y sont nombreux.Qu'il aille à Fantasia et il verra que le cinéma de genre a encore un bel avenir.

Je crois que nous sommes arrivés à une époque où il est tellement facile de s'intéresser que les jeunes font au contraire plus rapidement leurs choix (il va sans dire que l'offre est également plus diffuse). Certes, actuellement c'est le cinéma provincial qui en pâtit. Peut-être qu'il est tout simplement en phase transitoire, et qu'il ne lui reste qu'à trouver ses influences, ses solutions pour le replacer au centre des préoccupations. Et l'idée de faire se rencontrer public et artisans (comme l'a peut-être maladroitement avancé les RVCQ) n'était peut-être pas une si mauvaise idée!

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