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Le juge Delisle perd dans sa propre cour...

Il est incroyable d'apprendre qu'un juge de la Cour d'appel tenait dans le tiroir de son bureau une arme illégale, un pistolet qui n'a jamais été enregistré. Comme est-ce que cela est possible? Comment peut-on se croire au-dessus de toutes les lois et les règlements et penser que cela est un banal oubli, une boîte oubliée dans le fond de son tiroir... Avoir cette attitude, alors que cet homme a décidé pendant des années de la vie des autres du haut de son banc, en dit long sur le genre de personne qu'est Jacques Delisle.
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Dans un jugement bien étoffé, clair et lisible pour le public en général, la Cour d'appel du Québec a maintenu le verdict rendu par le jury qui a trouvé l'ex-juge Jacques Delisle coupable du meurtre de sa femme.

Par ce jugement, la Cour d'appel reconnaît le travail difficile, pénible et colossal fait par un jury qui n'avait pas peur de regarder les faits, la preuve complexe et d'ignorer le statut de l'accusé.

Heureusement, ce même tribunal où a siégé Jacques Delisle n'a pas été influencé par le fait qu'un des leurs aurait pu commettre un crime si horrible. Alors que notre société vit une remise en question concernant toutes les figures d'autorité, alors que nous écoutons avec dégoût et révolte, jour après jour, le témoignage des criminels, des bandits qui nous ont volés pendant des décennies, il est un peu réconfortant de savoir que justice peut, comme cela se doit, être vraiment aveugle et que notre système judiciaire, boiteux comme il peut l'être parfois peut aussi tourner rondement.

Jacques Delisle a été victime de son attitude hautaine pour laquelle il était bien connu. Deux choses m'ont surprise cependant dans toute cette histoire. D'abord, la question du pistolet. Et ensuite le fait que les médias n'ont pas traité cette cause comme un cas de violence conjugale.

Il est incroyable d'apprendre qu'un juge de la Cour d'appel tenait dans le tiroir de son bureau une arme illégale, un pistolet qui n'a jamais été enregistré. Comme est-ce que cela est possible? Comment peut-on se croire au-dessus de toutes les lois et les règlements et penser que cela est un banal oubli, une boîte oubliée dans le fond de son tiroir... Avoir cette attitude, alors que cet homme a décidé pendant des années de la vie des autres du haut de son banc, en dit long sur le genre de personne qu'est Jacques Delisle.

En tant qu'avocate, j'étais assommée par cela. Moi qui plaide devant ce tribunal qui est exigeant envers les plaideurs pour les moindres détails, que cela soit la façon de présenter un mémoire (je me suis déjà fait dire qu'il y avait une faute d'orthographe dans ma requête...) ou la manière de présenter des arguments (j'ai été victime de leur ire lorsque j'osais dire que mon client croyait que le juge de première instance était impartial...), j'apprends qu'un de leurs membres gardait dans leur tiroir une arme non enregistrée, comme on peut garder une vieille boîte de bonbons donnés par une tante éloignée... Incroyable.

Et la deuxième question: Delisle a tué sa femme. On dirait qu'à cause du fait que le crime a été commis dans un condo luxueux, avec une seule balle, sans trop de dégâts et non à coups de couteau en se barricadant, les médias refusent d'appeler cela un 'drame familial'. Il semble qu'on ne considère pas ce crime-ci comme étant de la violence conjugale. Et pourtant, tuer sa femme est l'ultime geste de violence conjugale. Le fait qu'à notre connaissance Delisle n'a jamais battu sa femme (combien de femmes battues garde ce fait secret jusqu'à leur mort?) ne signifie pas que le crime qu'il a commis n'en était pas une de violence conjugale. En aucun moment lors de la couverture médiatique est-ce que je n'ai lu un seul titre disant qu'encore une fois, une femme a succombé aux mains de son époux violent. Et pourtant...

Conclusion de cette triste histoire: Heureusement, Justice a été rendue. Le travail de 12 hommes et femmes a été épaulé par la Cour d'appel, ancien tribunal du tueur. Sur le front de la violence conjugale, nous avons encore du travail à faire...

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