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La conscience tribale de journalistes

La conscience tribale de journalistes
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J'ai présenté mon mémoire à titre personnel, le 14 janvier 2014 (voir la vidéo). Pourquoi j'ai senti le besoin de le faire ? Parce que j'estime que la société de droit est en train de détruire l'essence humaine. C'est la trame de fond qui a guidé mon étude vers l'histoire du droit, de ses origines à aujourd'hui, d'où l'étiquette que je lui ai donnée : la « psychanalyse » du droit. Ma réflexion sur la charte m'a conduite au constat que la société de droit est malade et j'en cherchais la cause. C'est ce que j'ai tenté de faire valoir devant les députés.

J'ai vécu une expérience très agréable à la Commission. Les députés, quoique désarçonnés par un propos qui semble sorti de nulle part, m'ont posé des questions pertinentes. Mais vu l'originalité du contenu, ils n'ont pas su quoi en comprendre. On ne s'attend pas à plus des politiciens : ils n'ont pas de vision, ils sont partisans, donc fermés à d'autres paradigmes pourtant vitaux pour notre société.

La dualité des identités juridiques que j'ai pointée à l'Assemblée nationale n'en demeure pas moins l'enjeu mondial de toutes les souverainetés, mais plus grave encore, de l'identité de la race humaine. Le droit tel que prescrit aujourd'hui, avec son influence probante sur la psyché collective, nous envoie un miroir de l'humain qui l'éloigne de sa nature intrinsèque, de son essence, de son intuition. Voilà en gros ce que j'ai tenté de mettre en lumière dans l'opacité de la Chambre.

Mais je ne m'attendais pas à ce que des journalistes crédibles ridiculisent qui je suis et mon propos. Au lieu d'analyser le contenu de ma thèse, ils sont restés accrochés à la forme : le mot « psychanalyse » les a visiblement amusés. Et pourtant, ils doivent savoir comme moi que notre société est malade, je veux dire mentalement et psychiquement. Mais telle une horde d'hyènes, ils ont tourné au ridicule mon parcours, mes études à propos de l'intuition et de la créativité encore là en s'arrêtant à la forme (le mot « supramental ») plutôt que d'analyser ce que contient cette science humaine. Ce à quoi je les ai invités d'ailleurs.

L'inconnu déconcerte et dérange, j'en conviens. Mais qu'on tourne en ridicule une citoyenne sérieuse qui prend le temps d'étudier un sujet et de mettre en lumière des failles pourtant très apparentes et qui se déplace à ses frais à l'Assemblée nationale pour participer à un exercice démocratique, j'avoue que je m'attendais à plus de hauteur de la part de journalistes que je considérais.

Je dénonce dans mon mémoire le retour à la conscience grégaire par la voie du religieux qu'impose le multiculturalisme. Ensemble, Isabelle Richer, Lise Ravary, Don MacPherson, Antoine Robitaille, Josée Legault, pour ne nommer qu'eux, se sont mis en troupeau pour rire d'une citoyenne sans même avoir creusé ni sur elle ni sur sa pensée : c'est ça une conscience grégaire. C'est ce que mon mémoire dénonce. Il faut du courage pour arriver avec de nouvelles idées et offrir de nouveaux paradigmes devant des gens dépourvus d'écoute car bouchés par le préjugé. Trahissant leur inaptitude à ouvrir leur esprit à l'inconnu, ils préfèrent salir que de s'informer. Cette attitude paralysante du journalisme contribue à rendre la démocratie malade. Mme Ravary se demandait si j'étais une personne normale. Je lui retourne le miroir et j'invite le journalisme à se soigner, à sortir de son vase clos avec les lobbies.

Que n'importe qui juge et me condamne, grand bien lui fasse, mais de la part de journalistes dans cet exercice démocratique, ça nous enlise dans la crasse du cynisme. Si les journalistes et les politiciens ligotés au droit sont déconnectés de ce qu'est un être humain au point de ne plus pouvoir entendre l'essentiel lorsqu'il s'exprime, les gens du peuple eux ne sont pas encore perdus. De nombreuses personnes se sont reconnues dans mes propos. Évidemment cette voix, les journalistes refusent de la faire entendre dans leurs publications pour ne pas déranger le confort de leur patron.

Comme des chacals, ils dévorent la liberté d'être pour ne faire valoir que la liberté d'expression. Ainsi fait le droit anglais mondialement et contre lequel je portais une charge lors de mon audition à l'Assemblée : quand un être humain ne sait plus qui il est en tant qu'être, il n'exprime plus que du vide. C'est pour prévenir que je suis allée à l'Assemblée nationale.

Je terminerais ce billet par un résumé de ma pensée concernant mon mémoire :

Ce qu'on pense de nous en tant que peuple aujourd'hui est directement influencé par la société de droit, donc par la mouvance juridique. Les verdicts prononcés par les juges sont intériorisés par le peuple. En quoi, les juges dans notre société ont le même impact que la religion, parce qu'ils sont incontestables. Ainsi, l'identité des peuples repose sur le droit.

Avant 2006, tous les Québécois étaient unanimes : interdiction de signes ostentatoires dans les institutions. La Cour Suprême a tranché : contre l'interdiction. Le droit anglais livre une guerre à notre droit romain : c'est la bataille juridique des Plaines d'Abraham. Cette guerre Québec-Canada est basée sur la propagande : l'exercice Bouchard-Taylor pour tenter de convaincre les Québécois de la vision multiculturelle supportée par les médias en faveur du multiculturalisme acheva de trouver preneur de manière assez significative pour provoquer une fausse crise chez nous. Le lobby religieux doté de beaucoup d'argent fait pression sur notre appareil juridique et le droit coutumier est le seul qui peut favoriser l'immigration religieuse afin qu'elle impose sa vision du monde, complètement rétrograde pour la femme.

La division du Québec sur la question des signes ostentatoires relève donc de l'illusion.

Avec une telle unanimité, nous ne pouvons pas avoir changé d'idée tout seuls en 8 ans ! Le consensus québécois face à la question des signes ostentatoires (le voile n'est pas un symbole religieux) est toujours présent. Il suffit d'enlever le brouillage pour le voir. Ce brouillage vient présentement des médias qui ne comprennent pas que, sans le droit romain, l'humanité court à sa perte. Le capharnaüm juridique que cause le droit anglais annonce le retour aux tensions tribales.

Au Québec, notre identité profonde est issue du droit romain et depuis 1982, la Cour Suprême canadienne impose son identité juridique qui heurte constamment le sens commun des Québécois. Pourquoi ? Parce que le droit romain - Québécois - défend l'être en tant que lui-même, et que le droit coutumier - Anglais - défend l'expression d'une communauté. Qui est la minorité ici ? L'être qui s'appartient ou l'être qui est l'otage de sa communauté ? Le multiculturalisme use de ce droit anglais, mondialement à l'avantage évident et pugnace de l'intégrisme religieux (défendre l'expression visible de signes au lieu de défendre l'humain dans son essence universelle).

Dans mon mémoire je tente d'alerter le juridique et le politique qui s'éloignent des principes humains pour embrasser le cas par cas que privilégie le droit coutumier : la multiplicité de cas individuels ne peut plus être la source prédominante du droit, il faut revenir au principe, à l'essence universelle qui nous construit tous. Il nous faut retrouver l'équilibre avant que le dérapage ne soit fatal. Avant que nous n'oublions ce qu'est un être en tant que tel.

Dans notre société consumériste, individualiste, l'identité n'est plus basée sur l'intégrité universelle de l'humain mais sur des signes de surface en raison de l'application d'un droit technocratique qui a évacué la mystique du législateur. Pour défendre l'humain dans sa nature universelle, nous devons éviter que le droit anglais écrase le droit français, c'est ce dernier qui devrait prédominer mondialement.

La hiérarchisation des droits, en premier l'égalité homme-femme, serait la protection minimale de l'universalité humaine. Hommes et femmes doivent marcher main dans la main. Il y a des Juifs qui refusent cette main féminine, il y a des musulmans qui refusent cette femme. C'est honteux pour la race humaine de discréditer la moitié de notre constituante.

La Cour Suprême doit comprendre qu'elle déshumanise la société de par l'influence indéniable que ses verdicts techniques et comptables ont sur la psyché collective (ex. Guy Turcotte) qui évacue l'intention du sujet. Par ailleurs, ne plus pouvoir défendre l'existence même viole l'intégrité humaine et nous dénature. Le droit anglais heurte de plein fouet notre intégrité et nous devons tout faire pour qu'il ne contrôle pas notre existence.

L'identité québécoise repose sur cette intégrité humaniste et nous a construit en relation avec notre nature intrinsèque. C'est ça être un Québécois. C'est ça être un être humain. Et c'est ce que nous attendons que l'immigration devienne avec nous.

Le monde se trouve à un carrefour identitaire global. Les fondements académiques actuels ayant évacué l'intuition (le féminin) comme partie intégrante de notre nature nous éloignent de nous-mêmes. Les peuples expriment le désir conscient de graduer vers d'autres paradigmes qui font nécessairement jaillir la peur de l'inconnu comme réaction première devant les changements obligés qui s'annoncent pour nous. Il nous faudra pourtant faire un premier pas dans le vide pour ne pas nous perdre dans le chaos du connu.

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