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Donald Trump et (les préjugés sur) les troubles de santé mentale

Cette manière de confondre les grossièretés, le comportement inusité et les envolées populistes de Donald Trump comme étant un trouble de santé mentale pourrait générer un effet pervers complètement inverse.
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La maladie mentale n'est pas un comportement erratique; ce n'est pas non plus un trouble associé à un archétype plus grand que nature comme la personnalité controversée du président des États-Unis.
Joshua Roberts / Reuters
La maladie mentale n'est pas un comportement erratique; ce n'est pas non plus un trouble associé à un archétype plus grand que nature comme la personnalité controversée du président des États-Unis.

La présidence controversée de Donald Trump soulève plusieurs débats, mais le plus récent a de quoi surprendre. En effet, certains commentateurs et journalistes s'interrogent sur la santé mentale du président des États-Unis.

Or, ce questionnement est-il légitime ou est-ce une nouvelle forme de renforcement des préjugés reliés aux troubles de la santé mentale?

Dimanche dernier, la quotidienne Reliable Sources diffusée sur CNN orchestrait un segment consacré à la stabilité du président des États-Unis, incluant la question-choc: Donald Trump souffre-t-il d'une maladie mentale?

Par la suite, Bernstein a précisé que « plusieurs sources remettent en question la stabilité et l'équilibre mental du président. » La nuance est importante.

Dans un article publié pour Psychology Today intitulé « Qu'est-ce que la maladie mentale? Est-ce que Trump en souffre? », Susan Heitler, diplômée de Harvard et de NYU, explique l'écart entre la maladie mentale, les troubles émotifs, les personnalités atypiques et même les propos virulents et controversés.

Il n'y a donc pas une corrélation directe entre un tempérament inapte pour la présidence et un trouble de santé mentale; peu importe l'opinion qu'on peut entretenir envers les dires du président.

Or, ce discours continue de cheminer au sein de différentes factions médiatiques qui vont des plus libérales, comme « Mika et Joe » du réseau MSNBC » qui furent troublés par les attaques personnelles du président à leur égard, ou même chez Ana Navarro qui est membre en règle du parti républicain et qui accuse Trump de souffrir de démence.

Autant du côté des médias américains où les amalgames fusent de toute part entre le concept de « stabilité », « d'équilibre » ou même « d'incongruité de la personnalité » du président et le concept de troubles de la santé mentale; les traductions de la langue anglaise vers le français portent aussi à confusion.

Ainsi, le titre de l'article cité plus haut à propos des journalistes de MSNBC en français stipulait « Deux journalistes insultés par Donald Trump remettent en question sa santé mentale ». Même si ce titre de l'Agence France-Presse récupéré par plusieurs médias québécois est une traduction littérale de la nouvelle telle que diffusée par certains médias américains, « Mika et Joe » faisaient référence à « l'état d'esprit » du président et non sa santé mentale.

Encore une fois, la nuance est mince, mais fondamentale.

Alors que l'Association canadienne pour la santé mentale prévoit que les troubles dépressifs constitueront en 2020 la principale cause d'invalidité reliée à la santé, et que de nombreux acteurs œuvrent pour conscientiser la population sur les préjugés reliés à la santé mentale, cette manière de confondre les grossièretés, le comportement inusité et les envolées populistes de Donald Trump comme étant un trouble de santé mentale pourrait générer un effet pervers complètement inverse.

La maladie mentale n'est pas un comportement erratique; ce n'est pas non plus un trouble associé à un archétype plus grand que nature comme la personnalité controversée du président des États-Unis.

La maladie mentale n'est pas un comportement erratique; ce n'est pas non plus un trouble associé à un archétype plus grand que nature comme la personnalité controversée du président des États-Unis. Les troubles de santé mentale touchent le grand public sous le couvert de plusieurs préjugés, idem chez les enfants qui se dénombrent à près de 250 000 au Québec, qui peuvent trouver les ressources médicales nécessaires sans devoir quitter leur travail ou subir une humiliation médiatique à distance et non diagnostiquée.

Au cours des prochaines semaines, si ce n'est pas des prochains mois ou mêmes années, les journalistes et différents commentateurs qui touchent à la présidence de Donald Trump devront faire preuve de plus de rigueur lorsqu'ils souhaiteront critiquer sa capacité à gouverner les États-Unis sans pour autant émettre une opinion médicale liée aux troubles de la santé mentale.

Sinon, en souhaitant traiter de ce qu'ils considèrent être un service à la société civile, ces derniers ne feront qu'entretenir différents préjugés sur la santé mentale que d'autres tentent ardemment de faire disparaître pour le bien, justement, de cette même société civile.

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