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Je suis féministe et j'ai un pénis

Je pense qu'une majorité d'hommes appuie les principes d'égalité salariale, de parité, d'équivalence et j'en fais partie. Mais si la frange radicale, qui est toujours sur le sentier de la guerre, ne nous consent pas le droit de participer aux discussions, juste pour dialoguer, pour mieux se comprendre, ça sert à quoi ?
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Mardi soir 17 janvier, une foisonnante discussion a accaparé le mur Facebook de Renart Pascal Léveillé : sans surprise, son énoncé sur la difficulté d'aborder la question du féminisme a engendré un (autre) dialogue de sourds.

On y lisait des gars évoquant le fait que de discuter féminisme, c'est s'aventurer dans un champ de mines ; des femmes indiquant se reconnaître bien peu dans la dérive du féminisme pur et dur qui tient le pavé. Et des féministes radicales dans leurs chars d'assaut.

Surtout, un autre cas frappant d'outrecuidance : une éditrice féministe radicale, flanquée de quelques laudatrices béates l'applaudissant, qui rabâche à chacun le même argument d'exclusion («vous parlez de sujets que des femmes étudient depuis des décennies et connaissent infiniment mieux») et qui rajoute, lorsqu'on évoque un fait, un sentiment, une opinion, des perles de condescendance comme: «attendez-vous encore qu'on vous prenne par la main, qu'on ménage votre ego, qu'on fasse semblant d'être d'accord ?»

De fait, on ne peut jamais rien dire : il y a une armée de Judith Lussier qui est toujours là pour trouver la bête noire, l'angle tordu, le raccourci malhonnête, l'interprétation détournée de ce qu'on peut dire ou écrire. On ne veut pas entendre ce qu'on peut avoir à dire, on nous rabroue sans aménité dès qu'on ouvre la bouche.

Et ça demande aux hommes d'appuyer inconditionnellement la cause. À condition de ne pas dire un mot, juste brandir des pancartes en signe d'appui. Très peu de chroniqueurs ou de commentateurs publics en parlent : ils ne veulent pas s'aliéner une partie de leur lectorat. Car si tu hésites une fraction de seconde avant d'affirmer que tu es féministe, tu es suspect. Si tu remets en cause le moindre petit travers, tu es un traître (ou un con, un épais, un masculiniste, l'épithète varie d'un fil à l'autre). Si tu évoques la nouvelle que des folles enragées ont traité de nazis ceux qui faisaient la file pour voir le documentaire « The Red Pill » à Ottawa le mois dernier, là c'est le déni - ça n'a pas rapport, tu es contre la cause, fin de la discussion. Also Sprach Frauen.

Paradoxalement, ce sont des femmes (Lise Ravary, Sophie Durocher, Lysiane Gagnon parfois) qui soulignent les fulminants excès du dogmatisme. Évidemment, la petite gauche branchée préfère déféquer sur ces journalistes professionnelles en ricanant. C'est tellement de bon ton que de les ridiculiser - sans même lire leurs papiers.

Je pense qu'une majorité d'hommes appuie les principes d'égalité salariale, de parité, d'équivalence et j'en fais partie. Mais si la frange radicale, qui est toujours sur le sentier de la guerre, ne nous consent pas le droit de participer aux discussions, juste pour dialoguer, pour mieux se comprendre, ça sert à quoi ?

Pour paraphraser Safia Nolin, j'ai envie de dire que moi aussi j'ai le droit de m'exprimer parce que j'ai un pénis. On va me crucifier, bien sûr : les féministes radicales n'ont aucun sens de l'humour, un symptôme bien connu de l'endoctrinement. Elles balaient aussi sous le tapis toute statistique, événement ou fait avéré qui pourrait nuire à la cause.

On m'a vilipendé lorsque j'ai cité Marguerite Yourcenar qui déplorait une tendance à se dresser contre l'homme en tant que femme, en disant «je voudrais voir les femmes penser à une espèce de fraternité au lieu de s'opposer d'un groupe à un autre».

Car pendant ce temps, nous, les hommes, nous taisons nos maux, nos problématiques masculines ; c'est tabou, c'est sale, c'est peut-être tout ce qu'on mérite. Les radicales ne vont quand même pas nous offrir une miette de compassion puisqu'on doit encore payer pour les millénaires d'oppression dont les femmes ont été victimes, nous laisse-t-on entendre régulièrement.

Elles ne vont aussi surtout pas accepter qu'on discute de l'omniprésence actuelle de l'homme-objet, ou du fait que la représentation des hommes à la télé, au cinéma et dans les pubs, les confine dans le rôle du tata, du lâche, du sans-dessein. De mémoire, seul Luc Picard avait déploré cette tendance... il y a 20 ans. Aucune amélioration de l'image masculine depuis. Si les hommes vont mal, ce n'est pas le problème des femmes, m'a répondu une amie féministe.

Au final, quel est le but avoué des radicales ? Museler les hommes ? Se réjouir de notre déconfiture collective, de notre taux de suicide parmi les plus élevés en Occident, du décrochage des garçons, tout en trippant sur les calendriers de pompiers ?

C'est quoi le projet ? Bâtir une république de femmes avec une clôture autour ?

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