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Des attentes élevées pour Projet Montréal

Les militants, la direction et les élus de Projet Montréal doivent maintenant, quitte à créer quelques remous, oser faire les choses différemment.
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Que Mme Plante soit énergique et authentique est très certainement un atout, mais espérons que l’on ne tentera, pas pour la suite des choses, de remplacer la réalité par sa représentation et que l’on mettra plutôt les ressources et les énergies à faire de la politique montréalaise autre chose qu’un spectacle ou une mise en scène.
THE CANADIAN PRESS
Que Mme Plante soit énergique et authentique est très certainement un atout, mais espérons que l’on ne tentera, pas pour la suite des choses, de remplacer la réalité par sa représentation et que l’on mettra plutôt les ressources et les énergies à faire de la politique montréalaise autre chose qu’un spectacle ou une mise en scène.

À la suite de l'élection de Valérie Plante et d'une majorité de conseillers de Projet Montréal le 5 novembre dernier, nous pouvons mettre en relief les attentes que pourrait susciter la victoire d'un parti de gauche à la tête de la plus grande ville du Québec. Victoire inespérée et inattendue que l'on a déjà qualifiée d'historique.

Projet Montréal se retrouve dans une position extrêmement avantageuse pour proposer de véritables changements dans la culture politique municipale montréalaise. Le parti, grâce à une campagne électorale efficace durant laquelle il a publicisé et explicité un programme axé, entre autres, sur le transport collectif, le logement social, la démocratie participative et la qualité de vie des familles, a obtenu, malgré un taux de participation toujours très bas, un mandat clair et une forte légitimité pour mettre en place ses politiques. Autrement dit, le parti a présenté clairement ses orientations et personne ne pourra feindre la surprise devant les décisions et les gestes qui seront posés dans les prochains mois. Voilà pour le fond. Pour la forme, il faut aussi reconnaître que Valérie Plante a généralement trouvé le ton juste pour présenter son programme. Plutôt rafraîchissant en ces temps où la propagande, la rhétorique populiste et la démagogie semblent tenir lieu de fondement à la discussion.

Dépasser les réformes?

Cela dit, les attentes risquent d'être élevées, car le rejet de l'équipe Coderre doit s'interpréter comme une volonté de changement dans les façons de faire des élus, autant sinon plus, que dans l'évaluation de leurs programmes partisans respectifs. Une nouvelle génération de jeunes citoyens montréalais, maintenant fortement politisés, issus, entre autres, du mouvement du Printemps 2012 ou ayant fait leur classe du côté de Québec Solidaire ou même dans des mouvements sociaux locaux ou internationaux voudront que Projet Montréal, maintenant au pouvoir, propose des façons novatrices d'inverser les rapports citoyens-élus, faisant des premiers les véritables décideurs des modalités concrètes que doivent prendre les projets qu'ils désirent mettre en place dans leurs quartiers (comment et où développer les pistes cyclables?, quels types de développement urbain est souhaité?, comment doit-on dépenser le budget pour la réfection d'un parc?, etc.). Autrement dit, bien qu'il ne s'agisse pas d'une proposition explicite du parti, est-ce que Projet Montréal réussira à profiter du « momentum » de son élection pour proposer une nouvelle cartographie des rapports entre élus et citoyens? Oseront-ils changer les règles du jeu plutôt que de se cantonner à en changer que quelques priorités? Pourront-ils pousser leur promesse de démocratie participative au-delà de la simple consultation épisodique afin de faire du citoyen le véritable décideur des orientations à prendre?

Dans cette nouvelle dynamique qui demanderait de mettre en place des pratiques de la démocratie directe : référendum d'initiative populaire, budget citoyen, délégation des pouvoirs décisionnels à certains groupes, assemblées décisionnelles sur certains enjeux, débat public, formation et éducation populaire, etc. L'élu comme le citoyen perdraient leur statut respectif de gestionnaire et de bénéficiaire au profit de rôles beaucoup plus riches socialement, politiquement et humainement. Ils deviendraient coauteurs de politiques qui font de la cité le véritable lieu d'une démocratie significative et riche. Dans cette façon de concevoir le politique, les différents mouvements sociaux, les citoyens et les élus pourraient collaborer pour créer une véritable plateforme non partisane d'initiative et de projets à réaliser collectivement. Dans cette optique, il y aurait peut-être moins de maires omnipotent et omniprésent, moins de « contribuables » passifs qui se plaignent que leurs taxes ne rapportent rien et moins d'élus carriéristes et déconnectés des besoins des gens.

Place à la parole citoyenne

Pour être efficace et sincère, toute cette démarche devra être accompagnée d'un véritable désir de redonner à la parole sa véritable place dans la cité. Le débat doit objectivement permettre à chacun, selon ses moyens, de témoigner, de partager et d'écouter l'autre. En ce sens, il serait primordial de congédier tous ces conseillers et faiseurs d'image qui ont plus d'intérêt et de talent pour le marketing que pour la chose publique. Dans Le Devoir du 7 novembre dernier, nous apprenions que l'attaché de presse de Mme Plante, M. Marc-André Viau avait, pour sa campagne électorale, créé un véritable « branding » (image de marque) pour elle ; en mettant de l'avant son côté énergique et son authenticité....

Le citoyen, contraint depuis trop longtemps dans le rôle de spectateur, veut maintenant participer activement, et ce, sans faux-fuyant ou trompe-l'œil fabriqués par les spécialistes de l'image.

Que Mme Plante soit énergique et authentique est très certainement un atout, mais espérons que l'on ne tentera, pas pour la suite des choses, de remplacer la réalité par sa représentation et que l'on mettra plutôt les ressources et les énergies à faire de la politique montréalaise autre chose qu'un spectacle ou une mise en scène. Le spectacle, nous l'avons eu lors des quatre dernières années. Le citoyen, contraint depuis trop longtemps dans le rôle de spectateur, veut maintenant participer activement, et ce, sans faux-fuyant ou trompe-l'œil fabriqués par les spécialistes de l'image.

Mais, la confiance en cette équipe est possible. Elle compte plusieurs personnes issues de milieux ou les débats démocratiques sont fortement enracinés. Les militants, la direction et les élus de Projet Montréal doivent maintenant, quitte à créer quelques remous, oser faire les choses différemment, sans trop se soucier des conséquences possibles sur les élections de 2021. Si le courage y est, l'inespérée et inattendue victoire deviendra effectivement historique.

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