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As-tu oublié ce que tu m'as promis? Avec le temps, tu es devenu autocratique et hautain. Insensible, même. Ça t'aura fait oublier que tu n'existerais pas sans les citoyens du pays. Au détour, tu as oublié que la poste n'est pas une, mais plutôt un service communautaire
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Quand je suis née, mes parents te faisaient déjà confiance pour acheminer leur courrier et leurs paquets au bon endroit. Comme leurs parents et leurs grands-parents avant eux d'ailleurs. J'ai grandi et j'ai appris à faire de même. À te faire confiance. En 61 ans, mon existence entière, tu m'as aidé à communiquer des millions de fois avec ma famille, mes amis et mes contacts à travers le monde. Je t'en suis reconnaissante. Ton facteur, qu'il soit femme ou homme, noir ou blanc, âgé ou très jeune, a toujours reçu un sourire engageant de ma part.

Bien sûr, depuis une quinzaine d'années, ta place dans ma vie quotidienne se réduit. Je m'adapte à l'univers numérique. Rapidité et facilité me séduisent. Sauver le coût des timbres aussi. Quand tu as parlé d'installer des boîtes postales communautaires dans mon quartier, j'ai d'abord réagi vivement. Pourquoi me faire ça ?

Puis, tu as doublé le prix des timbres... ou presque. En répartie, j'ai augmenté l'utilisation du web. Notre relation s'effrite peu à peu, mais elle tient bon. J'ai fini par accepter tes choix. Je te fais toujours confiance pour acheminer à bon port mes lettres importantes et mes précieux paquets. Tu occupes encore une place importante dans ma vie et je t'ai toujours respecté.

Alors, pourquoi agis-tu de façon aussi cavalière avec moi ? Tu m'as promis plusieurs fois par écrit, pour m'endormir probablement, que tu mettrais ma boîte postale à ma portée, dans un endroit sécuritaire... c'est-à-dire que ma vie ne serait jamais mise en danger en allant chercher mon courrier.

Tu m'as menti ! Voilà ce que tu as fait ! La semaine dernière, tu as installé les blocs de ciment qui soutiendront les boîtes au bord de la rue Berne, à Kirkland, une rue passante. Pour prendre mon courrier, j'aurai les pieds sur l'asphalte ! Mes mollets resteront à la proximité du parechoc des voitures qui passent régulièrement à côté de ce champ vague. Les chauffeurs, fatigués d'une longue journée de travail et pressés de rentrer chez eux, prendront-ils les précautions nécessaires pour éviter de me blesser, pires, de me tuer ? Me verront-ils seulement à travers le foin qui pousse en friche dans ce champ ?

Pourtant tu sais comment faire. Regarde les boîtes postales communautaires que tu as installées pour mes voisins, il y a de cela 20 ans. Juste en face de la mienne. Ils marchent sur un trottoir pour s'y rendre et placent leurs pieds sur une dalle de béton pour prendre le courrier. Les alentours sont dégagés, le pourtour herbeux bien tondu. Sécurité, mon ami.

As-tu oublié ce que tu m'as promis ? Pourquoi me traites-tu de cette façon ?

Avec le temps, tu es devenu autocratique et hautain. Insensible, même. Ça t'aura fait oublier que tu n'existerais pas sans les citoyens du pays. Au détour, tu as oublié que la poste n'est pas une business, mais plutôt un service communautaire.

Tu es à mon service, non pas l'inverse ! Au moins, respecte-moi !

Je t'ai suivi dans tes choix sans faire de vagues, sans sortir dans la rue. Tu réponds par cette insulte en menaçant ma sécurité.

Tu m'as déçu terriblement !

J'ai cru, vraiment cru, que tu n'avais tout simplement pas terminé d'installer les boîtes... on allait revenir, déplacer ces trois blocs, poser une plaque de ciment plus sécuritaire, installer un petit trottoir pour que je puisse y placer mes pieds... Ce qui me reste encore de cette belle naïveté naturelle m'a simplement fait voir la vie en couleur et m'a embrouillé le cerveau...

Quand nous avons déposé une plainte (vendredi dernier), tu as simplement dit que tu allais t'en occuper... Ben sûr !

Hier matin, les boîtes sont apparues. Pas de plaque de ciment. Pas de trottoir. Juste les blocs de ciment installés sur la vase, un peu trop proche de l'asphalte. Je m'imagine debout devant ce monstre sur pattes d'acier à ramasser notre courrier tout en surveillant les voitures qui passent toujours trop rapidement sur Berne (Kirkland, dans l'Ouest-De-L'Île).

Il y a un comble à cette insulte. Même en me tenant sur le bout des orteils, j'arrive difficilement à atteindre la boîte postale, encore moins y voir à l'intérieur.

Il y a deux jours, j'étais déçue. Aujourd'hui, je ressens vivement l'insulte qui me frappe de plein visage. Je suis en colère.

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