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Pourquoi le rêve américain est-il la référence des autres pays?
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Sauf qu'avec son industrie culturelle de fantaisie, les États-Unis et son modèle de croissance inégalitaire captent l'imagination des décideurs partout sur la planète
Jonathan Ernst / Reuters
Sauf qu'avec son industrie culturelle de fantaisie, les États-Unis et son modèle de croissance inégalitaire captent l'imagination des décideurs partout sur la planète

Analphabète : le mot appelle une image précise d'un résidant d'un bidonville dans le Sud, d'un conducteur de pousse-pousse ou d'un vendeur ambulant dans un marché. C'est le signe de la pauvreté du tiers monde ou d'une époque révolue.

Pourtant, aux États-Unis, au royaume du pouvoir économique, ces personnes sont, parfois capables de lire, mais incapables de fonctionner au-delà d'un niveau de base dans la langue. Les États-Unis se vantent d'une civilisation supérieure, avec sa « ville construite sur la montagne », le lieu du tout-puissant militaire, l'omniprésente industrie hollywoodienne et le secteur financier de Wall Street.

Certes, c'est un pays riche, mais le sont-ils vraiment? Est-ce que le développement économique pourrait compenser le manque de développement social? Pourquoi le rêve américain est-il la référence des autres pays, le modèle à suivre à imiter... surtout dans le Sud? Est-ce le modèle à imiter au Québec?

D'abord, la croissance économique et le développement économique sont liés, évidemment, mais aux États-Unis, plusieurs indicateurs sociaux sont bien au-deçà des autres pays de l'Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE).

Le brillant scénariste Aaron Sorkin, dans The Newsroom a ouvert l'émission avec une scène d'une université américaine, ou une étudiante demande au personnage principal, un animateur de télévision, pourquoi les États-Unis sont le meilleur pays au monde. Sa réponse est très juste : « Il n'y a absolument aucune preuve à l'appui de la déclaration selon laquelle nous sommes le meilleur pays au monde. Nous nous classons au 7 rang en alphabétisation, le 27 en mathématiques, le 22 en sciences, le 49 en espérance de vie, le 178 en mortalité infantile, 3 dans le revenu des ménages, 4 dans la population active et 4 dans les exportations. Nous ne menons le monde que dans trois catégories : le nombre de citoyens incarcérés par habitant, le nombre d'adultes qui croient que les anges sont réels et les dépenses de défense, où nous dépensons plus que les 26 pays suivants, dont 25 sont des alliés... au moment où vous me demandez pourquoi nous sommes le plus beau pays au monde, je ne sais pas de quoi vous parlez! Capiche?! »

Ensuite, d'autres chiffres à l'appui : les États-Unis dépensent 3,2 milliards de dollars pour la santé, l'équivalent de l'économie de l'Allemagne. Ce chiffre dépasse nettement les autres pays riches de l'OCDE. Cependant, les résultats sont les pires. En effet, l'espérance de vie aux É. U. est légèrement supérieure au Qatar et inférieure à Cuba. Les taux d'obésité et des décès infantiles mettent les États-Unis au palmarès des pays de l'OCDE. En conséquence, plusieurs experts observent le développement social, et non pas le PIB, comme les meilleurs indicateurs du développement d'un pays.

Sauf qu'avec son industrie culturelle de fantaisie, les États-Unis et son modèle de croissance inégalitaire captent l'imagination des décideurs partout sur la planète. Le mantra est: il n'y a aucune option. Nous devrions moins imposer, moins exiger aux corporations. Les secteurs de santé et l'éducation devraient performer avec moins de ressources. Nous devrions réviser à la baisse nos attentes pour les salaires, les vacances et les droits de travail. Enfin, si nous suivons cette recette, fabriquée à Chicago, nous serions concurrents, aujourd'hui synonymes de prospérité.

Actuellement, même le FMI remet en question ce modèle. Il prétend que ces politiques économiques des 20 dernières années ont abouti aux politiques dangereuses à l'échelle planétaire. Mais ici, au Québec, le gouvernement suit les mêmes recettes. Le médecin Phillipe Couillard proscrit un régime minceur pour les services publics et coupe dans l'éducation et dans la santé lors de ce dernier mandat. Il augmente ces budgets à peine un an avant l'élection provinciale de 2018.

Si les É-U sont notre professeur, il est temps de changer de matière!

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