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Mommy tell me why, it's too late... Much too late...

Fêter la Saint-Jean-Baptiste est un acte de résistance. Y'a une nation qui vivote, qui tente de naître, qui peine à garder la tête hors de l'eau... Y'a une nation à qui on refuse son histoire, qu'on abâtardit de génération en génération en la privant de ses fondements historiques.
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Quand on ne sait pas d'où on vient, difficile de savoir où l'on va.

Combien de fois lors des cours que j'ai enseignés au niveau post-secondaire ai-je présenté cette lecture passionnante, émouvante de Speak White de Michèle Lalonde...

«Connaissez-vous Michèle Lalonde? Et Gaston Miron? Que savez-vous d'Octobre 1970? De la Loi sur les mesures de guerre, du FLQ? Et du référendum de 1995? Du Refus Global... Qui est Maurice Duplessis? Et la Grande noirceur? Et les Patriotes de 1837-1838... Et les Pères de la Confédération? Et pourquoi on fête la Saint-Jean Baptiste? Pourquoi une autre fête nationale pour le Québec...»

J'ai répété l'exercice presque chaque fois que j'avais un groupe d'étudiants devant moi, peu importe le cours que j'enseignais ou le programme que suivaient les étudiants.

Au niveau collégial, des techniques policières ont été tenus de lire Allo-police de Denis Vanier; des étudiantes en technique de garde ont lu Mommy daddy de Marc Gélinas et Gilles Richer, et l'ont entendu chanter par Pauline Julien ou Fred Pellerin.

«Mommy tell me why... it's too late! Much too late... Please tell me where we used to live in this country...»

Chaque fois, j'étais étonné de voir à quel point trop de ces jeunes (et moins jeunes parfois) étaient ignorants des grands fondements du passé de leur nation. Une aberration, un crime contre la nation. Peut-on imaginer des jeunes Français à qui on refuse l'enseignement et le contexte social et historique de la Révolution de 1789 ou du Régime de Vichy? Ou des jeunes Américains à qui on enseignerait à peine les fondements de la guerre du Viêt Nam?

Et pourtant, au cours des dernières décennies, les jeunes Québécois ont été privés des fondements essentiels de leur histoire nationale, de leurs repères historiques. C'était voulu. Le courant de l'enseignement de «l'histoire citoyenne», une histoire «moins conflictuelle», plus «consensuelle»; bref, la négation des repères qui permettent, partout ailleurs par l'enseignement de l'histoire nationale, de comprendre le monde.

L'historien Éric Bédard explique la chose ainsi:

«L'histoire, ce sont bien sûr des connaissances, une culture. Ces connaissances nous permettent de comprendre le présent. C'est beaucoup, c'est énorme. Ces connaissances éclairent le fonctionnement de nos institutions, les choix de nos prédécesseurs, les luttes des uns et des autres. Grâce à l'histoire, nous comprenons mieux comment notre société en est arrivée là... Elle donne du champ à notre compréhension du monde. Elle relativise aussi les malheurs du présent et à traverser les périodes plus sombres.

Mais l'histoire est aussi liée à l'identité. Grâce à l'histoire, nous savons mieux qui nous sommes. Éduquer à la citoyenneté, c'est présenter le récit des origines. C'est découvrir à quelle aventure collective on participe. Or dans notre cas, cette aventure a été bien incertaine. Ce qui nous distingue des autres, ce n'est pas la modernité que nous partageons avec tous les peuples d'Occident. Ce qui nous distingue, c'est précisément cette histoire unique, cet héritage culturel fragile, conservé puis développé par nos devanciers. La grande majorité des Québécois n'auront que leurs cours du secondaire pour comprendre cela.»

Et c'est un crime de priver depuis trop longtemps tant de jeunes Québécois des fondements de leur histoire nationale. C'est un scandale, mais ce n'est pas fortuit...

Voilà pourquoi fêter la Saint-Jean-Baptiste est un geste si important.

Fêter la Saint-Jean-Baptiste est un acte de résistance. Y'a une nation qui vivote, qui tente de naître, qui peine à garder la tête hors de l'eau... Y'a une nation à qui on refuse son histoire, qu'on abâtardit de génération en génération en la privant de ses fondements historiques.

Le temps que l'assimilation se fasse.

Fêter la Saint-Jean-Baptiste est un rituel essentiel. Tout comme l'est aussi l'enseignement du pourquoi le Québec souligne sa fête nationale le 24 juin. Fêter la Saint-Jean-Baptiste est un acte éminemment politique, quoiqu'en disent les valets de la rectitude, ou pire, ceux qui espèrent chaque fois que ce sera la dernière...

«Mommy tell me why... it's too late! Much too late... Please tell me where we used to live in this country...»

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