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On passe en seconde vitesse, mieux encore, Couillard est «audacieux» par ce troisième remaniement en 20 mois. Du pur délire. Ou de la complaisance, c'est selon.
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Quelques mots sur le remaniement ministériel de Philippe Couillard. Je constate, sans en être surpris, que le chef libéral s'en tire très bien en dépit d'un portrait qui est loin d'être reluisant.

Ce n'est pas rien, Philippe Couillard est forcé de rebrasser ses cartes pour la troisième fois en 20 mois. C'est énorme. Sans compter que la grogne au sein de ses troupes lui a coûté jusqu'à présent quatre députés. Vrai que ceux-ci représentaient des comtés sûrs et que des libéraux ont remplacé les démissionnaires. Mais comme bilan de chef, comment peut-on ignorer qu'il y a ici un constat d'échec?

Pourtant, Couillard a pu concocter son nouveau conseil des ministres bien peinard, sans être questionné outre mesure. Les journalistes n'ont pas trop mis de pression sur lui, occupés ils étaient à faire sauter la marmite PKP. Pourtant, il y a dès le remaniement en cours un constat éclatant: Couillard est incapable de former une équipe ministérielle cohérente, compétente. Les échos qui nous viennent de l'ampleur de ce remaniement -Denis Lessard hier matin chez Gesca, toujours bien plogué au PLQ- confirment que ce troisième remaniement en 20 mois est majeur et qu'il pourrait en pousser certains à la démission. Encore.

Et pourtant, tout est dans le vocabulaire. Denis Lessard dresse-t-il un constat d'échec? Loin s'en faut! Son introduction aurait pu être écrite par un rédacteur libéral:

«Désireux de faire passer son gouvernement en deuxième vitesse pour le mener aux élections de l'automne 2018, Philippe Couillard a redistribué les portefeuilles avec une audace qu'on ne lui aurait pas soupçonnée.»

Sébastien Bovet, chroniqueur de l'Assemblée nationale à Radio-Canada au micro de Philippe Marcoux (90,7 Gatineau), parlait «d'effacer l'ardoise» et de «passer de l'austérité à la prospérité». Dans le second cas, c'est tirer des lignes de presses du PLQ, c'est précisément ce que les libéraux espèrent que les journalistes répètent.

On passe en seconde vitesse, mieux encore, Couillard est «audacieux» par ce troisième remaniement en 20 mois. Du pur délire. Ou de la complaisance, c'est selon.

Je vous suggère l'hypothèse suivante: imaginons que le (la) chef du PQ en soit à un 3e remaniement en moins de deux ans, qu'il accumule les démissions, et qu'il fait «table rase» de son plus récent cabinet au sein duquel plusieurs ministres sont encore contestés.

Vous pensez que ceux qui qualifient le remaniement actuel de Couillard de «dynamisme», de «deuxième vitesse», de «insuffler du dynamisme», de «nouvelle parité homme-femme bienvenue»; vous pensez qu'ils feraient économie du «vocabulaire de crise» qu'ils aiment tant coller au PQ?

La réponse à cette question c'est non. Si c'était un chef indépendantiste qui était contraint de rebrousser ses cartes pour une troisième fois en 20 mois, si c'était un chef du PQ qui accumulait les démissions, on sortirait la cavalerie du vocabulaire de crise, mais surtout, on n'hésiterait pas à remettre en question la pertinence du chef.

Même qu'on insisterait là-dessus. Et ce serait logique. Avant tout, le remaniement majeur de Couillard, c'est un constat d'échec. Avez-vous entendu un seul chroniqueur parmi ceux qui, avec acharnement, remettent en question en ce moment même la pertinence du chef du Pierre-Karl Péladeau, en avez-vous entendu un seul de ceux-là simplement murmurer que c'est peut-être les décisions du chef du PLQ qui sont en cause? Nada. Embargo. On ne touche pas au chef du PLQ.

Et en passant, ce gouvernement qui impose des compressions draconiennes et coupe les services à la population en santé, en éducation, qui s'attaque aux plus démunis, aux plus vulnérables au nom du dogme de la réduction de budgets, de l'austérité... Et bien pour minimiser la crise, et tenter de contenter le plus de monde possible, vous savez ce qu'il fait? Il ajoute des limousines. Le cabinet grossit.

Faites pas ce que je fais, faites ce que je vous dis.

Manifestement, il y a un embargo sur le «vocabulaire de crise» quand il est question du Parti libéral du Québec chez beaucoup de journalistes-chroniqueurs politiques. Pas besoin d'être linguiste pour le remarquer.

Tout est dans le vocabulaire. Et la dernière semaine nous a offert un portrait très éclairant de comment on use du vocabulaire pour attaquer les uns et ménager les autres.

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