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Convergence indépendantiste: Québec solidaire choisit l'isolement

La réalité c'est que jamais Françoise David et ceux qui dirigent Québec solidaire en ce moment n'ont eu l'intention d'explorer réellement la question de la convergence des forces «indépendantistes».
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Il y a quelques jours, j'en appelais à la convergence des forces «nationalistes» et indépendantistes. Pas qu'un appel lancé dans l'espace intersidéral pour la forme. Je suis de ceux qui pensent qu'aujourd'hui, plus que jamais, une question domine toutes les autres quand il est question de la nation québécoise, de sa pérennité:

Indépendance ou assimilation?

Tout de la gouvernance du PLQ de Philippe Couillard pointe vers la «canadianisation» de la nation québécoise; son rapetissement jusqu'à en faire une province comme les autres; bilingue, dépendante du Canada. Chaque jour de plus que le Québec est gouverné par ce premier ministre hyper-fédéraliste nous approche un peu plus de notre assimilation à la «canadian nation».

De ça je suis absolument convaincu. La gouvernance Couillard en est la preuve la plus éclairante, déprimante.

Mais le chemin de la convergence semble de plus en plus compromis. L'adage dit qu'il faut être deux pour danser le tango. En fait, il ne saurait y avoir de convergence des forces indépendantistes sans un minimum de bonne foi. Manifestement, les têtes dirigeantes (m'en câlisse de leur structure, chef, co-chef, etc) de Québec solidaire ont décidé de privilégier l'isolement. Voilà qui ne me surprend qu'à moitié.

Vous savez à quel point tout le monde et son frère qui analyse la politique québécoise implore sans cesse le parti Québécois de «faire peau neuve», de se «remettre en question»... On ne viendra pas me dire que cette gauche-là ne bénéficierait pas aussi d'une sérieuse période de réflexion.

C'est qu'elle aime la marginalité cette gauche-là. Elle aime se faire désirer. Et dieu sait que quand il est question d'attiser la division du vote francophone, elle sait trouver tribune cette gauche-là. Elle carbure à la division qu'elle se sait produire. En ça, que Françoise David, Amir Khadir et les autres annoncent qu'ils poursuivront «seuls le combat de la gauche» n'a rien de surprenant. Mais c'est aussi un raisonnement des plus fallacieux. Car depuis 10 ans, cette gauche, volontairement ou non, a aidé à rendre pérenne le pouvoir libéral de Charest-Couillard.

Et aujourd'hui, le socle social-démocrate, ce filet social bâti au cours des 50 dernières années (et auquel cette gauche-là a toujours trouvé le moyen de s'opposer), la société québécoise s'en voit déposséder par les gouvernements libéraux les plus fédéralistes et à droite de toute son histoire. Pire, dans le cas de Couillard, il procède sans même en avoir le mandat.

Le chef libéral a menti pour s'accaparer du pouvoir et s'est assuré de cacher ses intentions. Résultat? Des bambins qui fréquentent les CPE pourraient bien avoir à apporter chaque jour leur boite à lunch alors que le PLQ démantèle le réseau; des enfants en milieux défavorisés qui dépendaient de l'école primaire pour le seul repas santé de la journée (par un programme comme le «Lait-école» par exemple) se voient désormais privés de ces maigres et essentiels subsides alors que les milliards pleuvent pour les amis du régime libéral; des enfants en difficulté dans nos écoles primaires et secondaires se trouvent privés de l'aide au devoir et des maigres accès à de l'aide en appui à l'enseignement. Car cette droite, dans son entreprise de ratatinement de la société québécoise vise les enfants.

Et que trouve à faire cette gauche-là? S'isoler davantage. «Ça fait dix ans qu'on existe... Allez essayez-nous donc! On est patient! On va y arriver!» plaidait Françoise David hier... C'est à se tordre de rire. Ou de rage. C'est selon. Personnellement, cela conforte mon choix d'avoir quitté cette gauche-là il y a longtemps, plus capable je n'étais de cette ambiguïté nationale et des tergiversations infinies qui ne mènent jamais nulle part...

On me dira que le PQ prend de l'âge... C'est vrai. Et en vieillissant, il a perdu quelques réflexes. Mais depuis sa fondation, le PQ a conduit deux fois le Québec aux urnes sur la question de son auto-détermination. En 1995, il s'est fait entuber et peine à s'en remettre. C'est vrai. Mais à partir du moment où le chef du PQ et ses militants acceptent que le chemin vers l'indépendance n'est plus l'apanage seul de leur parti, que le PQ ne peut plus revendiquer seul ce combat... Qui est de mauvaise foi?

La réalité c'est que jamais Françoise David et ceux qui dirigent Québec solidaire en ce moment n'ont eu l'intention d'explorer réellement la question de la convergence des forces «indépendantistes». Jamais.

Deux raisons à cela

D'abord, comme QS conditionne son appui à l'indépendance au fait qu'il puisse décider/imposer l'inclinaison politique de gauche tel qu'il la conçoit -ce qui rend cet appui à l'indépendance inopérant par ailleurs- cela rend la discussion assez difficile avec les autres mouvances indépendantistes qui, elles, acceptent que la droite nationaliste doive aussi avoir voix au chapitre.

Dans les heures qui ont suivi l'annonce de la candidature de Pierre-Karl Péladeau en mars 2015, Françoise David s'est assurée du tuer dans l'oeuf une coalition à la «catalane» ou à «l'écossaise»; c'est-à-dire une grande coalition de toutes les inclinaisons politiques dans un seul but: l'indépendance sans imposer une inclinaison au détriment d'une autre. Être indépendantiste, c'est aussi faire confiance à cette nation, à sa sagesse, afin qu'elle se dote de la gouvernance en laquelle elle croit...

De tout temps, de toute façon, et c'est encore plus vrai aujourd'hui, chaque fois que les adversaires des indépendantistes, politiques ou dans les médias, ont lancé des salves concertées contre le PQ ou ses dirigeants, chaque fois Québec solidaire s'est pointé pour en remettre et attaquer aussi le PQ. Dans ces moments, cette gauche-là revêt ses habits «indépendantistes» pour mieux tenter de séduire les péquistes qui, tout à coup, sont moins gênants... Chaque fois.

L'autre raison pour laquelle Québec solidaire ne considérera jamais une alliance assumée (et un appui sans réserve à l'indépendance) est encore plus simple à comprendre... La moitié de son électorat est fédéraliste. L'ambiguïté nationale est le pain et le beurre de Québec solidaire. Toujours jouer sur les deux tableaux. Bien sûr, le parti pond un beau ti document en appui à l'indépendance à condition que celle-ci soit de gauche, etc... Les actions parlent plus que les ti documents. En une décennie, l'action principale de Québec solidaire aura été de pérenniser le pouvoir libéral, volontairement ou pas.

Est-ce à dire qu'il faille rejeter tout Québec solidaire d'un trait? Non. Et j'en tiens pour preuve de nombreux commentaires de gens que je sais à gauche, que je sais sensibles à l'argumentaire solidaire (qui n'est pas lui non plus à rejeter en bloc) notamment en ce qui a trait à l'évasion fiscale ou au changement de mode de scrutin; mais qui sont des indépendantistes convaincus. Ceux-ci sont déçus de voir QS rejeter en bloc toute alliance avec les autres partis indépendantistes. Il y a dans le 50% d'indépendantistes chez QS une force que le mouvement ne doit pas s'aliéner.

En ça, encore une fois, Option nationale brille de cohérence et je les en félicite. L'appel lancé par ON est clair:

«Option nationale se désole de la rupture de dialogue entre le Parti Québécois et Québec solidaire et appelle à la collaboration des indépendantistes en incitant ce dernier à mettre sur la table ses conditions. Il y a une dynamique particulière entre ces deux partis», analyse le chef d'Option nationale, M. Sol Zanetti.

«L'un commence à comprendre qu'il ne prendra plus le pouvoir seul, tandis que l'autre se renferme dans sa zone de confort.» Mais le temps presse, car il reste au mouvement indépendantiste deux ans et demi pour se doter d'une stratégie commune avant les élections de 2018.

Pour cette raison, Option nationale invite Québec solidaire à rendre claires ses conditions à un rapprochement, «plutôt que de se définir par la négative».

Voyons quelle sera la réponse de Québec solidaire... mais en attendant, ce parti, en «se définissant sans cesse par la négative», ne fait pas partie de la solution, il va s'en dire.

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