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PKP: pourquoi les indépendantistes seraient-ils seuls garants de la vertu?

Un suicide politique. Comment voir la chose autrement. Pourtant, Jean-François Lisée mérite mieux; du moins, si on se fie à ses états de service au sein du mouvement indépendantiste.
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Un suicide politique. Comment voir la chose autrement. Pourtant, Jean-François Lisée mérite mieux; du moins, si on se fie à ses états de service au sein du mouvement indépendantiste.

Monsieur 2%. Cela ne lui va pas bien du tout. Une gifle très certainement pour un gars qui se voyait légitimement succéder à Pauline Marois avant...

Avant.

Ça, c'était avant que la toute petite planète politique du Québec ne tremble un jour de mars dernier. Le poing en l'air, caduc, il est vrai, mais le portrait, l'état des prétendants à la succession de la première PM du Québec a vraiment été chambardé ce jour-là.

Tous les prétendants à la direction du PQ le savent très bien. Trop bien. Dans le cas de Lisée, la claque est particulièrement violente, dernier dans la course avec un maigre 2% d'appuis, lui, avalé d'emblée par le maelstrom PKP, lui plus à gauche, débordé par des plus jeunes, par Cloutier, par Ouellet. Assurément, cela doit être difficile à accepter.

Est-ce une raison pour jouer le jeu des adversaires, nombreux, coriaces, impitoyables, du PQ?

Qu'on aime ou pas PKP, si les tactiques à l'interne de ses adversaires au sein du parti réussissaient à le décourager de briguer la succession de Pauline Marois, le PQ en sortirait-il gagnant? Si PKP décidait qu'il ne vaut pas la peine de se dédier au combat pour l'indépendance au sein d'un parti qui préfère les guerres intestines toutes teintées des ego démesurés des uns et des autres, le PQ redorerait-il son image au sein de l'électorat au sens plus large?

Car l'ultimatum lancé par Lisée à son collègue de St-Jérôme est un cadeau inespéré pour les François Legault, Philippe Couillard et tous les autres fédéralistes qui craignent comme la peste l'élection à la direction du PQ de cet adversaire redoutable. Donc la longue tradition du « tirage dans le pied tout péquiste », barrons la voie à cet importun personnage! Ne lui laissons même pas la chance d'être éprouvé au fil d'une longue campagne à la chefferie, « d'un coup que ça marcherait! », d'un coup que ce soit lui le bon candidat cette fois-ci...

À Jean-François Lisée, j'aurais le goût de poser la question suivante : préférons-nous un patron de la presse qui joue, politiquement, visière ouverte ou d'autres qui font, et défont les gouvernements au Québec depuis trop longtemps à partir de l'antichambre du pouvoir?

Si on veut jaser de l'influence des grands industriels ou magnats de la presse sur le milieu politique, voici une petite perle : «l'influence sur le milieu fédéral et provincial de cette société [Power Corporation] est indéniable». David Jacobson, ambassadeur des États-Unis au Canada, 2011.

En effet, un ex-ambassadeur de notre plus important partenaire commercial s'était plaint aux autorités canadiennes de l'influence démesurée des Desmarais sur la gouvernance tant au provincial qu'au fédéral.

"L'ambassadeur Jacobson y fait spécifiquement référence à l'influence de Power Corporation sur les politiques énergétiques des gouvernements. Il s'interroge sur les pressions qu'auraient pu exercer les dirigeants de Power Corporation sur le premier ministre Jean Charest lors de la conférence sur les changements climatiques de Copenhague, en décembre 2009. Le Devoir, 19 mai 2011.

Cet article du Devoir donne le tournis. Nous connaissons l'ascendant qu'a la famille Desmarais sur le PLQ, mais certains détails sont ahurissants. Comment accepter, par exemple, que Jean Charest, PM du Québec en fonction, séjourne à Sagard chez l'un des industriels les plus importants de la province, dont les ramifications touchent beaucoup de secteurs et nombres de contrats avec le gouvernement.

Et si l'on compare l'influence au sein des équipes éditoriales des deux grands groupes de presse ici en cause sur la politique provinciale, le constat est encore plus aberrant. Il est difficile de trouver un biais éditorial résolument favorable au PQ chez Quebecor. De fait, au sein de ce groupe de presse, on privilégie une pluralité d'opinions et on ne trouve pas de position éditoriale assumée en fonction des intérêts du groupe. Quebecor est dirigé, depuis le départ de PKP, par un ancien PM du Canada et fervent fédéraliste, Brian Mulroney. Les pages opinions sont aussi confiées à un fédéraliste déclaré, Jean-Jacques Samson.

À contrario, Gesca défend, dans les pages éditoriales de tous ses quotidiens la seule position des intérêts des proprios. La dernière élection au Québec a permis à ce groupe de presse d'asseoir de façon équivoque le biais des quotidiens régionaux aux intérêts de l'empire. Tous unis contre les indépendantistes, aucune nuance.

C'est dans ce paysage médiatique que Lisée attaque son collègue Péladeau. Pourquoi jouer le jeu des adversaires? Pourquoi imposer, encore une fois, aux seuls indépendantistes le diktat de la vertu? Le Québec est dirigé à l'heure actuelle par un médecin qui a eu recours aux paradis fiscaux et qui impose une austérité idéologique qu'il a cachée en campagne électorale, un type qui menait le ministère de la Santé, contrat du privé en poche pendant plusieurs semaines...

Allo! L'adversaire il est devant, pas à côté. Et si au terme des 5 ou 6 durs mois de campagne à la chefferie du PQ les membres, les militants (j'aurais aimé qu'on courtise aussi les sympathisants indépendantistes non alignés, mais la primaire ouverte a été rejetée) désignaient Péladeau comme successeur, il faudra bien se rallier non?

Pour ma part, j'attends qu'un de candidats se positionne résolument pour l'unification des forces indépendantistes. Si cela doit se faire au PQ, il faudra alors que l'on soit attentif aux doléances de ceux qui ont quitté avec le temps. Le PQ est moins populaire que l'appui à l'indépendance et il doit trouver le moyen de fédérer ce vote, il en va de sa légitimité après tout et comme les fédéralistes évitent le piège de la division du vote, à moins de leur offrir la pérennité du pouvoir, il faudra trouver moyen d'unir les forces des nationalistes de toutes tendances.

Cela sera indéniablement un défi pour le (la?) prochain chef.

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Pierre Karl Péladeau à Saint-Jérôme

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