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Chaque fois que Couillard s'approche d'un micro pour parler de la rentrée parlementaire, on le questionne sur l'austérité à venir. Cependant, ce qu'on refuse apparemment de faire, c'est de le cuisiner pour la peine sur le bilan de Charest, son prédécesseur.
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Ce n'est pas assez que le nouveau premier ministre du Québec, Philippe Couillard, clame sur tous les toits la nécessaire austérité, et ce, sans jamais en avoir parlé lors de la dernière campagne électorale. Or, il s'agit d'une fausse représentation en quelque sorte, car on sait maintenant que l'austérité tenait une place prépondérante dans son plan de gouvernance. Voilà toutefois que le chef libéral implore qu'on cesse d'user de ce terme, Couillard préfèrant vérité et réalité.

Ah, ce n'est pas assez de sortir l'austérité de son chapeau comme un mauvais mal de tête un lendemain de brosse au vin de dépanneur, il faudrait la taire en plus pour ne pas indisposer Môssieu. L'encre n'était pas encore sèche sur la formation de son premier cabinet que le chef libéral sortait une « étude » de collaborateurs libéraux du passé afin d'annoncer clairement l'austérité à venir, mais svp, assez de ces termes péjoratifs qui ternissent la blancheur de notre nouveau gouvernement.

Tout cela venant d'un chef de parti qui recourait au vocabulaire de la détestation pour parler des souverainistes et nationalistes. Tout cela venant d'un chef de parti qui intimidait à mots à peine couverts les journalistes qui pourraient oser scruter son passé éthique lors de la dernière campagne électorale. What goes around comes around...

Cet éléphant dans la pièce

Chaque fois que Couillard s'approche d'un micro pour parler de la rentrée parlementaire, on le questionne sur l'austérité à venir. Cependant, ce qu'on refuse apparemment de faire, c'est de le cuisiner pour la peine sur le bilan de Charest, son prédécesseur. Doit-on rappeler que l'ère Charest s'inscrira funestement comme la pire de toute l'histoire du Québec du point de vue de l'endettement! (Pas que ce soit une grande réussite du point de vue de la gouvernance non plus.)

Pire encore, toutefois, quand on entend Couillard tout faire pour justifier l'austérité, c'est ce goût amer qui nous rappelle son propre recours aux paradis fiscaux. Car s'il est une chose que l'expérience de l'austérité a montrée ailleurs, c'est que cette mesure ne profite toujours qu'aux plus riches, à ceux justement qui réussissent à se soustraire au fisc tout en imposant à ceux qui en sont incapables le fardeau de pallier leur incurie.

Il y a quelques jours, Louise Chabot précisait avec justesse sur son blogue au Huffington Post:

« Mine de rien, en 2013, Statistique Canada estimait prudemment à 170 milliards de dollars les fonds placés par les multinationales dans différents paradis fiscaux. Si l'on compare avec les 11 milliards qui s'y trouvaient en 1990, cela représente une augmentation de 1 300 %! »

Comme le souligne Mme Chabot, les solutions à l'évasion fiscale sont connues. Mais comment s'attendre de ceux qui votent les lois qu'ils s'attaquent à ce fléau quand ils en sont eux-mêmes responsables? (voir le site de l'Ordre des comptables agréés du Canada pour la distinction entre évitement fiscal et évasion fiscale) Doit-on rappeler le cas de la Canada Steamship Line de Paul Martin?

Les coûts de la corruption et de la collusion

Aux indécents coûts sociétaux de l'évasion fiscale s'ajoutent ceux de la corruption et de la collusion. En cette semaine où un premier ex-ministre libéral vient de se reconnaître coupable de fraude et d'abus de confiance contre le gouvernement, en cette rentrée parlementaire où une députée libérale qui vient de comparaître à la commission Charbonneau brille par son absence (l'ego de Julie Boulet doit en avoir pris un sacré coup, d'abord boudée par son PM, son témoignage a de quoi surprendre surtout sur la question du 100 000 $).

Le PM Couillard devrait peut-être réfléchir aux effets dévastateurs de la corruption sur les finances publiques avant d'envisager ne serait-ce qu'un millimètre d'imposition de l'austérité qui vise toujours les moins nantis. S'il est une chose que la commission Charbonneau a su montrer lors de ses travaux, c'est l'indécent gaspillage de fonds publics engendré par la corruption.

(Source tableau et hyperliens: gouvernanceincorruptible.blogspot.ca)

Nouvellement élue en 2012, la PM Marois promettait de faire le grand ménage afin d'enrayer la corruption au Québec, comme on peut le lire dans Le Monde:

«Nous allons faire un grand ménage, en instaurant, par exemple, un financement public des partis et des dons plafonnés à 100 dollars. L'état de nos finances publiques n'est pas non plus reluisant ! Pour les investissements en infrastructures, c'est une catastrophe. Ils ont perdu le contrôle, avec des dépassements de coûts de 50 % à 70 %!»

Le purgatoire des libéraux n'aura pas duré très longtemps et leur petite majorité de sept sièges semble bien se traduire par un retour aux « vieilles habitudes libérales ». Sam Hamad est toujours ministre, Jean D'Amours est délégué aux Transports en dépit du fait qu'il s'est reconnu coupable d'entrave à la loi sur le lobbyisme quand il était à l'emploi de la firme BPR. D'ailleurs, on parle justement de relancer le Plan Nord si cher à Jean Charest...

Pourquoi changer quoi que ce soit! La population du Québec a parlé.

Better Crooks than Separatists!

Austérité, mon œil.

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