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Le hockey de la LNH, un sport de primates, de dinosaures?

Encore! Les mêmes maudites scènes qui se reproduisent, soir après soir. Un joueur qui titube pour rejoindre le banc des joueurs, pire, trop souvent, la civière qui glace le sang, les amateurs, mains jointes qui s'inquiètent, est-ce LA fois? Car ça arrivera un jour dans la Ligue Nationale de Hockey. L'inévitable se produira et un joueur ne se relèvera pas.
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Encore! Les mêmes maudites scènes qui se reproduisent, soir après soir. Un joueur qui titube pour rejoindre le banc des joueurs, pire, trop souvent, la civière qui glace le sang, les amateurs, mains jointes qui s'inquiètent, est-ce LA fois? Car ça arrivera un jour dans la Ligue Nationale de Hockey. L'inévitable se produira et un joueur ne se relèvera pas.

Le plus désolant c'est que les dirigeants de la LNH le savent, ils ne peuvent l'ignorer. Mais ce sport est dopé à l'adrénaline de la violence et les dinosaures qui règnent encore aux quatre coins de la LNH, au sein de certaines équipes, parfois même dans les bureaux de la LNH, bloquent toute velléité de changement. Des bagarres, il y en aura, des mises en échec percutantes, inutiles, aussi. N'en déplaise à certains, Claude Julien, l'entraîneur des Bruins de Boston, avait tout à fait raison de dire mercredi soir, suite au coup salaud de John Scott (dont la biographie la plus complète est ici!) , que certains joueurs (dont Scott) ne sont dans la LNH que pour deux raisons bien précises : blesser et se battre. John Scott s'est défendu ici, mais peu de joueurs regretteront son bannissement...

Il y a quelques semaines, Scott Fujita, ex-ailier défensif des Saints de la Nouvelle-Orléans dans la LNF, a publié une lettre remarquée dans le NY Times où il se posait la question suivante : «Laisserais-je mon fils jouer au football ?». Un texte coup de poing (!) de la part d'un homme qui a connu les aspects les plus durs de ce sport, les contacts violents répétés, les commotions cérébrales, la culture de violence, l'impossibilité pour un joueur de baisser la garde, de n'être pas un dur, un tough. Jujita explique à quel point il a développé une relation amour-haine avec son sport ; il aimait la camaraderie de ses coéquipiers, le chèque de paye bien entendu, il aimait jouer. Mais il haïssait ce que le football causait aux joueurs autour de lui, et aussi les conséquences inévitables de toute cette violence sur lui-même. Comment ne pas y voir un parallèle avec les histoires d'horreur racontées ici par les Enrico Ciccone et Dave Morrissette de la LNH ?

La LNH aurait tout avantage à tirer des leçons de ce qui se passe dans la Ligue nationale de Football (NFL) aux États-Unis. Alors que tout semblait rose pour la NFL, alors que l'argent coule à flots pour les joueurs et les propriétaires, un orage persistait à l'horizon; des avocasseries qui, on le savait pourtant, coûteraient la peau des fesses à tout le monde...

L'association des joueurs retraités de la NFL a intenté une série de poursuites contre la LNF concernant les séquelles qu'ont subies certains joueurs à la suite de coups à la tête et les maladies qui s'en sont suivies. Ces anciens joueurs allèguent que la direction des équipes et les propriétaires n'en ont pas fait assez afin de les prévenir des risques à long terme inhérents à leur participation au jeu, notamment en ce qui concerne les coups répétés à la tête. Certaines poursuites connaissent de très coûteux dénouements comme celle-ci, où l'on parle de 765 millions de dollars pour environ 4500 joueurs dont plusieurs souffrent de la maladie d'Alzheimer, de démence ou différentes formes de dépression, toutes des conditions inhérentes aux coups à la tête.

Il y a un an et demi, alors que ce débat faisait rage dans la LNF, le réputé journaliste du New-Yorker Adam Gopnik dressait un parallèle entre la situation dans la NFL concernant les coups à la tête (le commissaire Roger Goodell s'attaque sans réserve à cet enjeu) et ce que fait (ou ne fait pas) la LNH pour endiguer ce problème qui pourrait mettre en péril la pérennité même du sport. Le constat est frappant (!), la LNH, dans sa mouture actuelle, est accro, dépendante de la violence dans son sport. À la vue de ce qui se passe en ce début de saison dans le circuit Bettman, rien n'est près de changer.

L'analyse de Gopnik concernant la « culture de violence dans le sport est cinglante :

«The N.H.L. faces its own, even worse, plague of concussions. It affects its best players even as they are playing, as well as long after. Yet Gary Bettman, the N.H.L.'s commissioner, refuses to take the natural and necessary we-can't-have-this step for his sport: banning fighting. Fighting is not the only source of brain damage in the game--but it is an inevitable one. The deeper problem is that having a culture of violence installed in the hard drive of the game ruins the machine. As long as the fans in the Northeastern United States, in particular, believe that fighting is a proper part of the game, it will be one.»

La LNH fait face à sa propre pandémie de commotions cérébrales. Elle affecte ses meilleurs joueurs qu'ils soient actifs, ainsi que longtemps après. Pourtant, Gary Bettman, commissaire de la LNH, refuse de prendre le taureau par les cornes et y aller de la première étape en ce sens: l'interdiction de combats. Ceux-ci ne sont pas les seules sources de lésions cérébrales dans le jeu, mais une des principales conséquences. Le problème le plus grave demeure que la culture de violence est tenace chez les amateurs du Nord-Est des États-Unis, un marché capital de la LNH et tant que ces fans croiront que les bagarres font partie du jeu, elles feront partie du jeu.

Ainsi, l'étape inévitable qui peut assurer que l'on combatte véritablement le fléau des coups à la tête commence par le bannissement des combats dans la LNH. Une telle prise de position de la ligue enverrait le message équivoque que la tête ne doit jamais être visée dans le cours normal du jeu. Mais bien qu'une situation comme celle que nous avons vue à Montréal cette saison suite à la blessure grave de George Parros lors de son 2e combat contre Colton Orr des Maple Leafs de Toronto ravive la discussion sur les bagarres dans la LNH, rien n'indique quelconque volonté de la LNH d'interdire les bagarres.

Pour expliquer le refus du commissaire Gary Bettman de s'attaquer à la culture de la violence dans le sport, Gopnik avance ses liens incestueux avec Jeremy Jacobs des Bruins de Boston :

«Instead of acting with all force to alter the game, Bettman has effectively endorsed violence--perhaps under the influence of Jeremy Jacobs, the Bruins owner, and Chairman of the Board of Governors, and, on violence, a real tail thrashing dinosaur.»

Plutôt que d'agir avec toute la force nécessaire afin d'apporter les correctifs nécessaires à la LNH, Bettman a plutôt cautionné la violence- peut-être à cause de l'influence de gens comme Jeremy Jacobs, propriétaire des Bruins de Boston et président du Conseils des Gouverneurs de la LNH, qui, sur le dossier de la violence, est un réel dinosaure.

Que dire de plus? Qu'on ne s'étonne pas ensuite que les terrains de soccer soient bondés de jeunes alors que les arénas de la province peinent à faire le plein de joueurs. Combien de spectateurs du match Canadiens-Leafs sont sortis emballés de devoir expliquer à un enfant ce qui venait de se passer? Un triste spectacle qui ternit ce que ce sport à de plus beau, la vitesse, la finesse, la créativité. Sur les petites patinoires de la LNH, il est possible de bâtir un club en fonction de l'arbitrage leste qui permet encore trop souvent l'accrochage et l'intimidation. Une fraude. Pourtant, alors que cet hiver les meilleurs joueurs de hockey au monde croiseront le fer au tournoi olympique à Sotchi sur une patinoire olympique, il n'y aura pas de place pour les parasites que sont les matamores comme John Scott. Sur ces patinoires plus grandes, la vitesse sera à l'honneur et ce sera là l'occasion idéale de faire connaître ce merveilleux sport pour ce qu'il est : «The fastest game on ice!»

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